CHAPITRE III
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CHAPITRE III
CHAPITRE
III
La porte de la maison des Sœurs de Néadon se referma derrière elles avec un grondement sourd, et pour la première fois, Soralie et Laurine se retrouvèrent seules dans le vaste monde extérieur. Une brume épaisse s'étendait autour d'elles, comme si le monde réel cherchait à masquer ce qu'il avait à offrir. Lentement, leurs yeux s'adaptent à la lumière tamisée, et un paysage inattendu se révèle sous leurs yeux. Elles étaient dans une vaste plaine, une étendue silencieuse de prairies vertes et dorées, où l'herbe haute ondulait sous la brise. L'air était frais et portait une odeur de terre et de liberté, une senteur si différente de celle de la maison des Sœurs. Pour la première fois, Soralie sentit une paix étrange en elle, mêlée d'une angoisse douce, mais étrangement palpitante.
« C'est donc cela… le monde extérieur ? » murmura Laurine, les yeux écarquillés.
Elles avancèrent prudemment, leurs pas marquant l'herbe qui ne semblait avoir jamais été foulée. Très vite, elles arrivèrent à la lisière d'une forêt dense, les arbres majestueux formant un mur végétal protecteur. Elles échangèrent un regard : fallait-il avancer ?
Poussées par la curiosité et l'absence d'autres choix, elles s'enfoncèrent dans les bois, où chaque
craquement de branche sous leurs pieds paraissait éveiller les échos de la forêt. Leurs sens en éveil, elles sentaient la présence de la vie tout autour : des oiseaux chantaient au-dessus d'elles, des petits animaux couraient entre les buissons, et des feuilles bruissaient sous l'effet du vent. Après plusieurs heures de marche, elles débouchèrent sur une clairière où une vision inattendue les prises de court. Un groupe d'hommes et de femmes était rassemblé autour d'un feu de camp, parlant et riant, des enfants jouant autour d'eux. Ces gens n'avaient ni les vêtements sobres des Sœurs, ni l'air strict et contrôlés de ceux de la maison des Sœurs de Néadon. Ils paraissaient libres, heureux… vivants ?
Soralie et Laurine hésitèrent. Était-ce permis de les approcher ? Qui étaient-ils ? Mais à ce moment, un homme au visage chaleureux les aperçut et leur fit signe de venir
« Bonjour ! Vous êtesnouvelles ici, n'est-ce pas ? Venez, ne restez pas là, rejoignez-nous !
Les deux femmes échangèrent un regard, hésitantes, mais curieuses. Finalement, elles s'approchèrent, et l'homme leur offrit de quoi s'asseoir près du feu. La chaleur douce du feu et les
regards bienveillants des inconnus apaisèrent rapidement leurs craintes. L'homme, qui se présente sous le nom de Tarek, leur pose des questions sur leur voyage. Soralie et Laurine, encore sous le choc, expliquèrent leur expulsion de la maison des Sœurs de Néadon et parlèrent avec prudence de leur mission sacrée, de Néadon, et du rôle que les Sœurs remplissaient dans la société. À leur grande surprise, les gens du groupe se mirent à rire doucement, mais sans méchanceté. Tarek leur explique alors, d'une voix calme :
– « Ce que vous appelez Néadon est en fait une ancienne croyance que nos ancêtres ont peut-être suivie, mais pour nous, il s'agit d'une histoire, d'une fable. Ici, nous n'avons ni messie ni commandements imposés. Nous vivons en harmonie avec la nature, et nous avons appris que chacun doit trouver sa propre voie, sa propre spiritualité. »Laurine et Soralie écoutaient, fascinées et très choquées, vraiment abasourdies. Jamais elles n'auraient pu imaginer un monde où les enseignements de Néadon ne seraient pas absolus, où les gens apprenaient sans commandements stricts, où la liberté prônait l’extérieur.Soralie fini par demander,
hésitante :
– « Mais… comment savez-vous ce qui est juste et ce qui est mal ? Qui vous guide ?
Tarek sourit avec douceur et dit :
– C'est la vie elle-même qui nous apprend, dit Tarek. Nous apprenons de nos erreurs, nous écoutons nos cœurs et la sagesse des anciens. Nous croyons que chacun porte en soi une étincelle de vérité, quelque chose qui lui montre le chemin. Nous ne dépendons pas de règles rigides, mais de notre propre conscience et de l'amour que nous portons aux autres. »
Ces paroles résonnèrent profondément en Soralie. Une étincelle d'éveil, une lumière douce, commençait à prendre vie en elle. Elle comprenait enfin que la spiritualité pouvait être plus vaste et plus profonde que tout ce qu'on lui avait enseigné. Elle n'avait pas besoin de règles figées ni de murs de pierre pour trouver la foi, elle avait juste besoin de se connecter à elle-même, à la nature et aux autres.
Laurine, qui observait le feu, et murmura :
– « Alors, peut-être que Néadon est partout, dans chaque être vivant, dans chaque souffle de vent… et pas seulement dans les commandements écrits par Nora... un pincement dans son cœur surgit »
Un vieil homme du groupe,
assis non loin d'elles, hocha la tête avec un sourire serein.
-« Exactement, jeune fille. La vie, avec toutes ses joies et ses peines, est une prière en elle-même. Chaque moment vécu est une offrande de néadon ».
Cette nuit-là, Soralie et Laurine décidèrent de rester auprès du groupe pour en apprendre davantage sur cette façon de vivre. Elles comprenaient maintenant que la foi n'était pas une cage, mais une libération, et que la spiritualité pouvait être aussi vaste et illimitée que l'univers lui-même.
Elles passèrent plusieurs semaines avec ces nouveaux compagnons, découvrant peu à peu des émotions et des pensées qu'elles n'avaient jamais osé explorer. Elles apprennent la liberté, l'amour véritable, le respect sans conditions. Peu à peu, elles trouvèrent en elles-mêmes la force de définir leur propre chemin, libres de l'ombre de la maison des Sœurs de Néadon. Et au fond de leurs cœurs,
elles ressentaient pour la première fois ce que cela signifiait vraiment d'être vivantes, non comme des Sœurs serviles, mais comme des âmes pleinement éveillées, porteuses d'une lumière qui appartenait à chacune d'elles.