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Chapitre 3 : Le Grand sage

Chapitre 3 : Le Grand sage

Published May 11, 2024 Updated May 11, 2024 Fantasy
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Chapitre 3 : Le Grand sage

Alnor n’arrivait pas à dormir, il se tournait dans son lit, dans un sens, puis dans l’autre. Merinedred lui dormait paisiblement, son visage rond cachait par ses longs cheveux noirs de jais, légèrement bouclé.

Alnor jeta le drap de satin qui lui donnait trop chaud, il n’avait toujours pas l’habitude de dormir dans un lit si grand tout seul, ni de la douceur des draps. Il se leva et traversa la chambre en prenant garde de ne pas réveiller son ami. Il ouvrit et referma la porte tout doucement, traversa le couloir, passa par la cuisine pour prendre un morceau de Pintu (sorte de pain moelleux) et sorti dans le jardin. La lueur de la lune le rassurait, cela lui rappelait les deux ans passés sur la route seule, même s’il avait vécu des choses dures, il avait eu aussi de bons moments de rires et de rencontres, vues des choses magnifiques.

La lune était particulièrement belle ce soir, ses fragments tournoyant joyeusement autour d’elle.

 

            Alnor resta un long moment, allongé dans l’herbe à contempler la lune, il leva la main et dessina à l’aide de ses doigts un cercle blanc lumineux, alors que le cercle était suspendu dans les airs, il posa les doigts à la surface de celui-ci et les tourna dans un sens puis dans l’autre. Au contact de ses doigts un deuxième plus petit s’était créé et tournait dans le même sens que les rotations effectuées par sa main. Cela donnait l’impression qu’Alnor cherchait à régler quelque chose.

De petits filaments lumineux laissaient des traces quand sa main changeait de sens, deux cercles lumineux de tailles différentes, apparurent également autour de chacun des yeux d’Alnor, entres les deux cercles se trouvaient les différentes phases de la lune (croissant de lune, pleine lune etc.), chacun des cercles tournaient dans un sens différent.

  • Alors, toi non plus tu n’arrives pas à dormir mon grand ? Demanda Ustard en venant s’asseoir à côté de lui.

Alnor fut tellement surprit que les cercles s’évanouirent tous en même temps mais il était sûr qu’Ustard avait eu le temps de voir ce qu’il faisait. D’ailleurs depuis quand était-il là ? Depuis le début peut-être.

Mal à l’aise et rougissant Alnor se releva pour se mettre en position assise.

  • …non pas vraiment, j’ai trop de chose en tête pour arriver à dormir.
  • La magie hein ? C’est vraiment ce qui ne te passionne pas vrai ?
  • Euh... balbutia Alnor.

Cela ne faisait plus aucun doute il avait dû voir ce qu’il était en train de faire quelques minutes auparavant. Il se demandait si Ustard si connaissait en magie ? Mais si c’était le cas, il se sentait déjà ridicule car son sort, il le savait, ne valait rien.

  • Tu pratiques en cachettes, lança Ustard en lui plaquant le poing sur l’épaule. Je ne suis pas un grand sage mais pour ton âge, ce que j’ai vu tout à l’heure c’est vraiment pas mal du tout tu sais !

Alnor en resta bouche bée, pour lui la magie avait toujours été la chose qu’il maitrisait extrêmement mal, certes la magie était peu pratiquée en général mais il ne devait lui même pas avoir un très bon niveau. Ustard avait un coté blagueur peut-être avait-il voulu détendre l’atmosphère face à la médiocrité de son sort... Il n’était peut-être même pas digne de rencontrer le grand sage finalement ?! 

  • Je n’avais jamais vu quelqu’un capable d’utiliser la magie spatiale, surtout pour quelqu’un d’aussi jeune.
  • Pardon ? Alnor regardait Ustard les yeux exorbités. Vous êtes sur ?
  • Bien sûr, que j’en suis sûr, ce que tu faisais avec ta main et les cercles, c’est de la magie spatiale, c’est une magie très rare, extrêmement même. Je comprends pourquoi tu veux rencontrer un Grand Sage mais je me demande si ce ne serait pas gâcher ton talent, il t’aiderait dans les rudiments de la magie bien sûr mais...

Alnor n’entendit pas la suite, il avait toujours eu l’impression que la magie était la chose qu’il savait le moins bien faire et cela l’avait toujours frustré au plus haut point. Son rêve était d’intégrer l’école d’Ylv’erness mais il n’était même pas sûr d’arriver à intégrer l’école, avoir la somme était une chose mais il fallait également réussir l’examen d’entrer, sans parler du fait qu’il était un paysan et que théoriquement, il ne pouvait même pas rentrer dans la capitale... Alnor avait du mal à réfléchir les pensées se bousculaient dans son cerveau,

  • Magie spatiale ? Extrêmement rare ? Non je dois rêver. Dit-il à voix haute sans s’en rendre compte.

La douleur qui s’en suivi et qui parcourra son épaule fut sans équivoque, non il ne rêvait pas.

  • Ça fait mal, dit-il en regardant Ustard les poings levés et les yeux flamboyants.
  • Ahah désolé mon grand mais comme ça t’es sûr que tu ne rêves pas. Ustard riait aux éclats. Puis il reprit plus sérieusement. Tu as des connaissances déjà hors norme pour un jeune de ton âge, on sent que tu as passé ton enfance douloureuse à combler la tristesse tapis dans ton cœur par le savoir mais même la tête plongée dans les bouquins, sans une grande intelligence, on ne peut pas emmagasiner autant en si peu de temps...

Alnor pleurait, il ne s’en rendit même pas compte mais il pleurait à chaude larme. Ustard le regardait derrière son look de viking, il avait un sourire bien veillant.

  • Je ne voulais pas te faire pleurer, dit-il en le prenant dans ses bras. Mais je pense que tu en as besoin dans un sens. Vide ton sac mon grand, ne te gêne pas.

Alnor serra Ustard dans ses bras et pleura en silence pendant plusieurs minutes. Après un long moment, Alnor relâcha son étreinte, il avait les yeux rouge et bouffi mais il se sentait tellement léger, Ustard avait raison cela faisait longtemps qu’il avait besoin de pleurer et d’enfin poser le fardeau de son passé. Ustard écouta Alnor vider son sac pendant plusieurs heures, puis ils parlèrent de tout et de rien quand le soleil commença à caresser leurs visages.

  • Déjà ? Lança Ustard, on doit avoir une sacrée tête toi et moi... Au-faite j’y pense, tu ne sais pas ce qu’est la magie spatiale si je comprends bien vu ta réaction ?
  • Non, je ne l’ai jamais vu mentionnée dans aucuns des livres que j’ai pu lire au sujet de la magie.
  • Cela ne m’étonne guère c’est une magie vraiment très rare et pour être honnête ceux qui on n’ont connaissances la craignent.
  • Pourquoi ? s’étonna Alnor.
  • On raconte que la magie spatiale contrôlée à la perfection permettrait d’influer sur l’espace et le temps. D’où son nom d’ailleurs.
  • C’est à dire ?
  • Je n’en sais pas plus, pour le reste le Grand sage t’aidera mieux que moi.
  • Maintenant que j’y pense, vous disiez tout à l’heure que d’apprendre au près d’un grand sage, serait gâcher mon talent. Pourquoi ?
  • Le père de Justinia saura t’aider pour les lacunes que tu n’as pas pu apprendre dans les livres mais même si tu n’en as pas conscience, le sort que tu lançais cette nuit et déjà d’un niveau supérieur à ceux des grands sages, enfin on verra bien de toute façon, ta puissance magique sera évaluée par le grand sage.

Ils furent interrompus par Justinia qui arrivait en courant vers eux, elle s’arrêta près d’eux et reprît sa respiration, elle regardait Alnor et son mari l’air affolée.

  • Quand j’ai vu qu’aucun de vous deux n’était dans la maison, je me suis inquiétée, tout va bien ?
  • Oui ma chérie, Ustard se leva et prit la main de sa femme, j’ai pris une décision et il est temps que l’on en parle.

Justinia ne semblait pas plus comprendre la situation qu’Alnor qui les regardait tous deux s’éloigner main dans la main en direction de la maison.

Il tourna la tête vers le ciel illuminé par le soleil et se senti heureux et soulager pour la première fois depuis longtemps. Il se leva, tapota ses vêtements pleins d’herbe et prit à son tour la direction de la maison.

 

            Alnor regardait Justinia et Ustard en rigolant. Ils se trouvaient sur une grande plaine surplombant le village, la vue était sublime et il y régnait une atmosphère des plus paisible. En revanche, il ne comprenait pas pourquoi ils s’étaient arrêtés ici, alors qu’ils allaient en direction de la maison du Grand Sage. Une fois arrivés sur la plaine Justinia lui avait demandé de rester ici, tandis qu’Ustard et elles s’avancèrent avec précaution en faisant de drôle de mouvement. Bien que drôle à voir cela était un peu perturbant, on aurait dit deux fous qui essayaient d’éviter des pièges, enfin ils s’arrêtèrent et appelèrent le père de Justinia.

Alnor s’apprêtait à les rejoindre mais Ustard qui le regarda au même moment lui fit signe de ne pas bouger.

  • Je ne comprends pas pourquoi, je dois rester là ? Ni pourquoi vous vous êtes là d’ailleurs.
  • Mon père aime son intimité, vivre en dehors du village n’étant pas suffisant, il a jeté un sort occultant sa demeure.
  • Vous plaisantez là ? Dit-il amusé en s’avançant de nouveau vers eux.
  • NON s’écrièrent Justinia et Ustard d’une même voix. N’avance pas tu pourrais te prendre les pieds dans quelque chose, surenchérit Justinia.

Alnor se demandait qui d’eux ou lui était le plus fou, son regard fut attiré en hauteur et il sourit. Il s’avança de nouveau, ignorant les réprimandes remplie d’inquiétudes et arriva à leurs côtés.

  • Comment tu as fait ? Demanda Ustard.
  • Tu es inconscient, siffla Justinia.

Il commençait à trop bien les connaitre pour savoir qu’ils ne plaisantaient pas, ils pensaient vraiment que la maison était invisible, enfin, pour eux tout du moins car pour lui elle était bien visible. Un sort de confusion peut-être ? Et ne faisant pas parti du village, il n’y était pas sujet. Un sort d’invisibilité serait possible et plus logique mais il fonctionnerait également sur les étrangers.

  • La porte n’est pas ici, dit-il en faisant quelque pas.

Justinia parut étonné, Ustard lui était plutôt admiratif.

  • .. Tu vois la porte ? S’étrangla-t-elle.
  • La porte, la maison et aussi un vieil homme qui nous regarde depuis la fenêtre centrale du premier étage en rigolant.
  • J’aurais dû m’en doutait, s’écria Ustard.

Justinia elle ne partageai pas l’excitation de son mari et était déconcerté.

  • Tu vois vraiment tout ?
  • Votre père a dû lancer un sort de confusion sur les villageois. Les étrangers n’auraient aucune raison de passer par ici donc ils ne sont pas un danger. Et un sort d’invisibilité demande plus de puissance. Étant un étranger, je peux donc la voir alors qu’avec un sort d’invisibilité, je ne pourrais rien voir non plus, tout comme vous.
  • Ton raisonnement se tient, cependant, je t’assure que c’est un sort d’invisibilité que mon père a lancé.
  • Oui beaucoup trop parano pour un simple sort de confusion, fit remarquer Ustard.
  • .. Alnor n’y comprenait plus rien. Je la vois pourtant !
  • Étrange en effet, s’étonna Justinia.

Alnor approcha la porte et posa la main sur celle-ci, grâce à sa discussion avec Ustard, Alnor ne craignait plus de paraître ridicule en pratiquant sa magie, bien qu’il l’estimât encore trop faible à son goût.

Il ferma les yeux et senti comme une douce brise le caresser, un petit mur extrêmement fin se trouvait entre sa main et la porte.

Sous les yeux stupéfiés de Justinia et d’Ustard un cercle argenté et doré apparut sous sa main, Alnor percevait la structure même de la maison, il comprit alors qu’elle était bel et bien invisible aux yeux de tous sauf pour lui. Pourquoi ? se demanda t’il, Ustard aurait-il vu juste, il utiliserait la magie spatiale ? Sa magie lui avait parût tellement faible jusqu’à maintenant, pourtant, là, il ressentait le pouvoir dans chaque fibre de son corps. Il pinça le mur invisible et tira, le cercle se distordait et s’étirait, puis, comme un drap qui s’envole le cercle dessina les contours de la maison la rendant visible aux yeux de tous.

Ils se retourna pour regarder Justinia, qui était abasourdi et Ustard qui semblait fier comme jamais.

 

            Les contours de la maison se parèrent d’abord des couleurs argentées et dorées créée par le cercle d’Alnor puis se mélangèrent à la pierre de la bâtisse, les couleurs du cercle continuaient de dessiner le reste de la maison, puis le chemin et le jardin, une fontaine était au milieu du jardin, fut un temps, elle devait être magnifique mais n’étant manifestement pas entretenu, la pierre était craquelée, la statue qui était dessus était en train de tomber en morceau, elle était recouverte de mauvaise herbe et de mousse et ne crachait plus d’eau, les couleurs du cercle se mélangeaient au vert de la vase qui devait être la stagnante depuis plusieurs décennies, si l’on se penchait au-dessus de la fontaine on pouvait même y voir tout un écosystème...

Le jardin n’était pas en reste, moisissure sur les murs, arbres mort, plante flétrît, le paysage devenait de plus en plus morne au fur et à mesures que les couleurs du cercle d’Alnor disparaissaient. Ne laissant plus qu’une grande maison à la forme biscornue délabrée et un jardin aux allures de forêt maudite. La pleine qui paraissait si paisible était pourtant terriblement sinistre.

 

La porte s’ouvrit à la volé est un vieil homme aux cheveux et à la barbe blanche sorti en trombe, il se jeta sur Alnor et l’inspecta sous tous les angles, après de longues minutes, qui ressemblèrent à des heures pour Alnor, à se faire manipuler dans tous les sens encore et encore, le vieil homme se tourna vers sa fille et son mari.

  • Salut Papa.
  • Bonjour grand sage.

 

Il toisa Ustard et dit d’un ton bourru,

  • Oui, oui bonjour, bonjour, qui est ce garçon ? À qui est-il ? Ce n’est pas l’un des votre je ne l’avais jamais vu.
  • Tu dis ça comme si on avait une dizaine d’enfants.
  • Et ? Ce n’est pas le cas ?
  • Non ! On en a toujours que deux, pour le moment...

Il fit un signe de la main pour balayer les paroles de sa fille.

  • Comment le saurais-je, je ne les vois jamais...
  • Et comment le pourraient-ils avec ta vieille bicoque invisible ? S’impatienta Justinia.

Alnor s’approcha et demanda au grand sage.

  • Vous m’avez souri quand je vous ai vu là à cette fenêtre ? Il montra la fenêtre centrale qui se trouvait au premier étage.
  • Je ne t’ai pas souri à toi en particulier mon garçon, je riais plus tôt de la bêtise de ceux-là, dit-il, tout en désignant sa fille et son gendre d’un air dédaigneux.

Si Justinia paru outrée, Ustard ne sembla point y faire attention, surement habitué depuis longtemps au caractère irascible de son beau-père. Alnor comprenait mieux pourquoi Merinedred se moquait de son grand père mais peu lui chaux, si ce grand sage, aussi aigri soit-il, pouvait lui donner des cours, il ne ferait pas cas de son mauvais caractère. Celui-ci se retourna et regarda Alnor « pour vu qu’il ne recommence pas à m’inspecter dans tous les sens » pensa-t-il, les yeux du vieux sage se mirent à briller.

  • Tu as cru que je te souriais, donc tu me voyais ?
  • Oui, je voyais tout depuis le début, j’ai même cru que Justinia et Ustard me faisaient une farce.
  • Et mon sort comment l’as-tu brisé ? Personne ne peut briser un sort si puissant, surtout pour un jeunot comme toi.
  • Je ne sais pas vraiment, j’ai posé ma main sur la porte et j’ai senti le sort, je l’ai agrippé comme un drap, j’ai tiré et le sort s’est dissipé. Je ne savais pas si cela marcherait, j’ai toujours considéré avoir une magie très faible alors que je l’étudie depuis tout petit.
  • FAIBLE AHAHAHA FAIBLE, ELLE EST BIEN BONNE.

Le crie fit sursauter tout le monde.

  • Écoute mon garçon, en te regardant, je vois bien que tu as dû passer de sacrées épreuves pour un si petit jeunot, vu ton teint et ta posture, je suis sûr que tu viens d’un village de pêcheur et si je devais parier, je dirais que tu viens de Malv’nora !
  • .. oui mais... Alnor était sonné, il n’avait pas l’habitude d’être en présence de personnes aussi intelligentes que lui.
  • L’expérience, coupa le vieux sage, l’expérience. Tout ça pour dire que ta magie n’est pas « FAIBLE » cria-t-il, faisant de nouveau sursauter tout le monde.

Il caressa sa longue barbe et tourna lentement autour d’Alnor.

  • Ta magie est indisciplinée, brut mais surtout elle est « PUISSANTE ».
  • PAPA arrête de crier comme ça...
  • Oui, oui désolé, enfin non je ne le suis pas mais je vais essayer de me contenir... Bref j’en été ou déjà ? Ah oui ta magie et PUI... euh puissante. Justinia lui sourit. Une magie comme ça à ton âge, serais-tu ? Non, non impossible... Le vieux sage faisait les cent pas en marmonnant dans sa barbe, après plusieurs minutes il s’arrêta et regarda Alnor, celui-ci se senti transpercé par le regard du Sage. Et pourtant, fini-t-il par dire, et pourtant pourquoi pas après tout ?!
  • Tu es sûr que ça va papa ? Ce que tu dis n’a aucun sens.
  • Pas plus que d’habitude, murmura Ustard. Justinia lui lança un regard noir.
  • Quelque chose ne va pas avec Alnor ?
  • Qui ? demanda le vieux sage.
  • .. Le jeunot comme tu dis, il a un prénom tu sais... Tu devines de quel village il vient mais ne connaît pas son prénom, ne serait-ce que par élimination...
  • Certes, dit-il agacé, certes, bon trêve de babillage, jeunot montre-moi ta magie.
  • Euh d’accord, Alnor était déconcerté, mais comment ? Que dois-je faire ?
  • Tout, n’importe quoi, ce que tu veux, il faut que je détermine ton type de magie. Allé bouge-toi le jeunot.
  • Ustard m’avait dit que vous évalueriez ma magie.
  • Ah pour une fois qu’il dit des choses sensés lui. Eh bien... oui... je vais t’évaluer, là maintenant, vas-y, j’attends, je n’ai pas toute la nuit.

Alnor réfléchit, c’était le moment tant attendu, d’après Ustard sa magie était « spatial », si le Grand sage pouvait l’entrainer, il ne serait peut-être pas obligé d’aller à l’académie, même si une partie de lui le souhaitait encore, il voulait aussi rester auprès de Justinia et Ustard, de plus s’il devient le disciple du Grand sage, il n’aurait pas besoin de trouver comment entrer en douce dans la capitale ni comment se creuser la tête pour intégrer l’académie, se doutant que d’avoir l’argent n’était pas un argument à lui seul.

            Pour une fois dans sa vie il était bien, entouré de personne qu’il aimait sincèrement et qui lui rendaient, Alnor fit alors un choix, il resterait ici auprès de cette famille et deviendrait le meilleur disciple du Grand sage, il apprendrait à utiliser sa magie et deviendrait la crème de la crème, le plus grand sage de tous les temps !

  • Bon jeunot tu te bouges oui ? Alnor fut tiré brutalement de sa rêverie.

Il ne savait pas comment montrer sa magie, il avait toujours cru être nul dans cette discipline, mais à en croire Ustard et le Grand sage ses croyances étaient fausses. Comment pouvait-il en mettre plein la vue avec une magie qu’il ne maitrisait pas, aussi puissante fut-elle ? Il tourna sur lui-même et regarda la fontaine décrépie perdu au milieu de ce jardin putride. Pour le mur d’invisibilité il n’avait pas vraiment réfléchi, cela c’était fait naturellement, il décida donc de se laisser guider par son instinct et celui-ci le menait vers la fontaine. Suivit par Ustard, Justinia ainsi que de son père, il s’approcha puis toucha la fontaine, il regarda la vase, puis la mousse. Il s’attarda sur la statue cassée, par où l’eau jaillissait quand elle était fonctionnelle ? De la statue surement pensa-t-il. Il lui restait une main seulement, elle semblait tenir ce qui pourrait ressembler à un récipient, surement celui par lequel s’écoulait l’eau avant. Et s’il faisait jaillir de l’eau de nouveau, malgré qu’elle soit cassée cela devrait être possible non ? Oui je peux le faire, se rassura-t-il. Bien qu’intimidé par le regard des trois personnes présente dans son dos et surtout, bien que silencieuse, l’impatience du Grand sage. Il ferma les yeux, respira un grand coup et toucha le rebord de la fontaine.

            Il pensait à l’eau, d’où pouvait-elle provenir, par où s’écoulait-elle, comment était la fontaine, comment prônait-elle au milieu de ce jardin avant d’être laissé à l’abandon engloutie par la nature ? Il posa sa deuxième main sur la fontaine, puis les leva devant lui, les cercles de lumières jaillirent de ses mains, trop nombreux pour être comptés. Chaque cercle étaient doubles avec des runes entre eux, Alnor bougeait les mains et les cercles tournaient tel des engrenages. La mousse et les mauvaises herbes disparurent, la vase redevint de l’eau clair et limpide, les pierres craquelées se reformaient, l’eau montée vers la statue qui se reconstituait. Elle retrouva de longues jambes gravées de runes anciennes, le buste se reforma également, ainsi que les bras et la main manquante, entre ses mains la statue tenait une amphore dont l’eau s’écoulait. « Elle s’écoule donc de là », pensa Alnor de façon fugace, puis imperceptible face aux exclamations, il continua les yeux toujours fermés.

Le visage de la statue se reconstitua également, une couronne de fleur fleurit au sommet de son crâne et sa longue chevelure s’enroula jusqu'à la base de la fontaine.

Admirative Justinia et son mari contemplait la fontaine redevenue neuve, le grand sage continuait d’observer Alnor avec attention, qui n’avait manifestement pas fini.

Alnor se mit à léviter et les mêmes cercles qu’il avait aux mains, apparurent également à ses pieds, de tous les cercles partaient des filaments lumineux qui embrasèrent la forêt.

Si voir Alnor léviter, entouré de cercles magiques en mouvements perpétuels était déjà un spectacle en soit, voir les jets de lumière dansaient autours d’eux étaient sublimes.

Les fleurs s’épanouissaient, les arbres revenaient à la vie, sous la moisissure se découvrait de magnifiques pas en pierres gravés qui créaient un chemin entre la fontaine et la maison, de petits poissons lumineux ondulaient joyeusement dans l’eau, des oiseaux voletaient gaiement entre les arbres et la maison biscornue se para d’un magnifique jaune orangé dans une explosion de lumière.

Alnor ouvrit les yeux et retomba devant la fontaine, il regarda autour de lui à la foi fière et incrédule. Les trois personnes présente se mirent à applaudir de joies et d’émerveillement.

Le vieux sage s’approcha d’Alnor, les larmes aux yeux.

  • Merci pour ce spectacle, dit-il d’un ton bien plus doux qu’à l’accoutumé, ta magie est indescriptible.
  • Merci, répondit timidement Alnor, mais je comprends pourquoi vous disiez que ma magie est indisciplinée.
  • Comment-ça, s’enquit Ustard, tu as vu ce que tu as fait ?
  • Oui et j’en suis très fier, mais à l’origine je voulais juste que l’eau coule de nouveau de la fontaine, après... après, je me suis laissé emporter par l’euphorie du moment.
  • C’est tout à fait normal Jeunot, le vieux sage s’approcha d’Alnor. N’ai crainte, c’est décidé, je t’apprendrai les bases, cela t’aidera à mieux appréhender et comprendre ton pouvoir et à l’apprivoiser, pour le moment il déborde car tu ne sais pas l’utiliser mais bientôt tu seras bien plus puissant que moi... et même plus puissant que... Le vieux sage se tint soudain la poitrine et tomba au sol.
  • PAPA, cria Justinia en courant vers son père, que t’arrive-t-il ?

Ustard et Alnor s’agenouillèrent auprès du vieil homme, il avait le souffle court et le teint blafard. Il tendit une main tremblante vers sa fille, celle-ci pleurait à chaude larme, elle prit son père dans les bras, son souffle s’amenuisant de plus en plus.

  • .. suis... désolé...
  • Chut économise tes forces, Ustard aide moi à le rentrer dans la maison, vite.

Ustard se pressa, ils l’emmenèrent dans la maison et le couchèrent sur le canapé. Alnor les suivit, il était dévasté, était-il maudit ? Pensa-t-il. N’avait-il pas le droit au bonheur lui aussi ? S’en était trop pour Alnor, il courut auprès du vieil homme dont la vie s’échappait lentement, lui prit la main et pleura à chaude larme.

  • NON je refuse que l’on m’abandonne encore... je suis... votre... disciple... maint...

Le dernier mot se noua dans sa gorge refusant de faire face à la dure réalité.

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