Ma Chère Tatie,

Si nous sommes tous réunis aujourd’hui, c’est pour te dire Adieu.

Nous te confions enfin à Dieu.

Pendant des années, tu nous disais que tu priais chaque jour le Seigneur

pour qu’il te rappelle à lui… et toi, tu pensais qu’il t’avait oublié !

Mais comment peut-on t’oublier ma Tatie ?

Tu étais la bienveillance incarnée.

A peine on passait le petit portillon blanc

que tu cessais toute activité.

Tu nous accueillais avec ton traditionnel :

Oh, Bonjour Mignon, ça va, Mignon? Ça me fait plaisir que tu viennes me voir…

Et le rituel pouvait commencer.

On s’installait dans la cuisine ou le salon,

et tu attendais avec impatience que l’on te raconte nos dernières histoires.

Car tu avais le don d’écouter vraiment les gens,

ce qui est devenu si rare dans ce Monde.

Tu demandais des nouvelles de chaque membre de la famille,

tu t’intéressais au devenir de chacun et te souvenais de tous les épisodes passés…

Quand les nouvelles n’étaient pas bonnes ou l’avenir incertain,

tu nous disais que tu allais prier pour nous et à ta façon,

tu nous aidais à y voir plus clair à chaque étape de nos vies.

Tu nous proposais alors un petit thé ou une coupette les jours de fête,

et tes fameuses langues de chat,

dont tu as fini par m’offrir les moules quand tu ne pouvais plus cuisiner…

Car Tatie, si tu avais un pêché, mignon, c’était celui de la bonne chère.

Cuisinière hors-paire,

quand tu ne pouvais plus te déplacer, tu attendais avec impatience le retour du marché de Dominique pour inspecter le panier et commencer à concocter tes bons petits plats…

qui se terminaient toujours par un petit bout de fromage, car il restait étonnement toujours un petit bout de pain, car il ne fallait pas gâcher… Et un p’tit coup de rouge pour faire passer le tout : « Christian, c’est trop… juste une larme ! » aimais-tu répéter quand il te resservait.

Dans notre famille aisée, Tatie, tu incarnais aussi la simplicité et l’humilité.

Les plaisirs simples de la vie :

cultiver ton jardin et surtout tes rosiers

lire puis écouter de bons livres, les romans historiques étaient tes préférés,

aller ou écouter la messe, égrener ton chapelet…

et les fameux repas en famille…

Je me rappelle petite,

des apéros dominicaux que nul kerbonnais de la famille ne manquait,

les premiers de l’an festifs où tous tes neveux venaient même s’ils avaient abusé la veille,

les longues séances diapos à vos retours de voyages avec tonton,

les goûters trop chaud dans la véranda…

Car même si tu n’as pas eu la chance d’avoir d’enfants,

tu as eu le bonheur d’avoir une ribambelle de neveux et de nièces, petits et arrières,

qui ne venaient pas te voir car ils s’y sentaient obligés

mais parce qu’ils aimaient être près de toi,

pour entendre tes anecdotes du passé et tes scoops de la semaine…

Pour moi, et bon nombre d’entre nous, tu étais notre mamie de cœur

et c’est pourquoi d’ailleurs, ma fille aînée porte ton prénom.

Tatie,

j’ai encore 1001 souvenirs qui me viennent en pensant à toi...

Et si tu étais là, tu me relancerais pour que je reste encore un peu plus longtemps auprès de toi…

mais le temps est venu de te rendre un dernier hommage.

Alors, toi qui aimais tant prier pour nous,

Aujourd’hui, c’est à nous de prier pour toi et pour ta vie éternelle.

Je suis nostalgique et triste de tourner définitivement cette page de Lanildy

mais aussi tellement soulagée que tu sois enfin libérée, délivrée,

de cette succession de dernières fois…

A 100 ans, tu as eu une belle et longue vie,

et nous savons que tu continueras de nous accompagner de là-haut

pour nous montrer le chemin dans le grand tourbillon de la vie.