Je suis un TUEUR !
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Je suis un TUEUR !
Bonjour.
Aujourd'hui, j'écris une fiction basé sur les réalités du moment.
Bonne Lecture.
Image prit de la collection "Adobe Stock" de Proxima Studio
Voici l'histoire (Fiction) :
Bonjour, je me présente, je suis un meurtrier. Paraît-il !
Je n’ai jamais fait de mal à autrui. Ni même cherché à blesser qui que ce soit. Je n’ai pas tenté, non plus, de menacer quiconque. D’une certaine manière, on peut me considérer comme un gentilhomme. Serviable. Sociable. Un côté gentleman que j’aime. Que je cultive. On m’a toujours dit que de céder aux sentiments haineux était une facilité. Je trouve pourtant qu’il n’y a rien de bien difficile à respecter ses proches, son environnement. De dire merci. Bonjour. Est-ce tout bonnement de la paraisse de faire un effort, pourtant pas si énorme, que d’être aimables un minimum ?
Mais malgré cela, je suis un tueur. Un meurtrier. Indirectement, mais j’en suis un. Enfin, je ne compte pas le nombre de cadavres de moustiques que j’ai pu exécuter entre mes mains, sur de bruyants tapages. Et je ne parle pas du plaisir intense que je ressens de me débarrasser de cette nuisance à la fois sonore et physique. Je pense, d’ailleurs, être la principale source de nourriture du quartier de ces charognards de quelques mini mètres. Ma peau est truffée de leur trophée de chasse. Ça me démange, parfois, de me parfumer aux insecticides quand les beaux jours se font sentir. Je ne parle pas non plus de ces quelques fourmis que j’ai pu écraser par mégarde. Non. Les pauvres.
Aujourd’hui, on m’a traité de tueur. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi. Je suis entrée, comme à l’accoutumée, au supermarché avec l’objectif de remplir le frigo. Je me dirige au rayon boucherie, mon préféré, pour dégoter quelques bonnes pièces de viande. Quelques filets de bœuf, bien rouges, et qui avaient l’air bien tendres et appétissants.
Au moment où l’on me remet le délice d’un soir, j’entends derrière moi l’habituel discours de la mère Yaka.
- Vous savez, monsieur, consommer de la viande, ce n’est pas bien. La planète souffre pendant que vous vous régalez. Vous savez combien on pollue pour cette production en masse ? Et puis, on cultive, tout de même, des nées-morts. À ce train-là, y a qu’à directement les élever en barquettes, on gagnera du temps.
Tiens, une première. Une version différente. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de poser la question fatale.
- Des nées-morts ? Comment ça ?
Pourquoi, mais, vraiment, pourquoi faut-il que je sois si sociable ?
- Bah ! Monsieur ! Voyons ! Nous produisons des vies qui ne servent qu’à mourir pour le simple but de nous nourrir. Nous engrosser même. Et, certaines n’existent en ce bas monde que pour quelques jours seulement. Vous et moi, nous savons bien que ce n’est pas une vie. Nos poulets n’ont même plus de place pour bouger. Ils n’ont même jamais vu la lumière du jour. Et nos vaches tient, parlons-en de nos vaches. Elles finissent à se retrouver la tête vers le sol, les pattes en l’air, à voir leur propre sang dégouliner de leur gorge fraîchement tranchée. Se voir mourir, monsieur, ce n’est pas beau ! Y a qu’à faire de même avec les criminels. Y a plus de place dans nos prisons après tout. Et nos poissons, hein. Eux, ils n’ont même pas le temps de repeupler nos rivières, nos mers, nos océans, qu’ils se trouvent être déjà au bout d’une canne ou privé d’air dans un filet géant. Y a qu’à faire de même avec nous. Tout juste l’âge de procréer, et hop, on coupe les bourses de….
- Heu, oui, oui… j’ai bien compris l’idée. C’est un point de vue… intéressant. J’y penserais à tête réfléchie.
C’est-à-dire… jamais. Le fond de ces pensées avait beau être vrai, mais les mots qu’elle employait étaient empruntés des documentaires de télévision. Je suis bien informé sur le fait que nous sommes tous responsables des merdes que nous laissons à cette planète. Que nous ne sommes même pas capables de comprendre que, respecter la nature et ses habitants, c’est se respecter soi-même ! Je sais aussi qu’en avoir conscience n’est pas suffisant. Seules les actions comptent. Celles de tous les jours. Mais…, je serais infichu de savoir lesquelles faire.
- Vous savez, monsieur, tous ceux qui participent à cela sans réagir, à leur manière, ils sont les meurtriers de ce monde.
Bon, cette phrase-là, je l’avais tellement entendu, que je ne l’avais jamais considéré. Ce n’est pas cette femme, avec des idées qui ne lui appartiennent pas, qui me fit prendre conscience que j’étais un tueur. Quelques minutes plus tard seulement, j’entendis comme des chuchotements, des doigts pointés maladroitement vers moi. Quand je vins à regarder dans la direction de ces personnes, elles firent comme si de rien n’était, tout en conservant du mépris dans le regard. Qu’avais-je fait ? Était-ce le discours de dame Yaka et mon manque de réaction qui provoquait ce dédain ? Non, nous étions quasiment seuls à ce moment-là. Alors quoi ? Un gentil homme comme moi ? Pourquoi méritais-je que je sois pris pour cible ? Une fillette alla rejoindre le groupe de femmes qui semblait m’en vouloir. Dans le lot, il y avait sa mère. C’est de ces paroles que je compris mon crime.
- Maman, fit la fille fortement, le monsieur il n’a pas de masque. Lui aussi, c’est un meurtrier ? Comme papa ? Qui refuse de porter une muselière, comme il n’arrête pas de dire ? Pourtant il a l’air gentil. Tu penses qu’il croit à la théorie du complot et enlève des petites filles pour les protéger de la… bêtise… du gouvernement ?
- Chelly, arrête. On ne dit pas ce genre de chose. Ça ne se fait pas.
- Ah bon ? Vous l’avez fait il y a cinq minutes avec tes copines pourtant.
Voilà ce en quoi j’étais coupable. Tête en l’air ces derniers temps, j’avais oublié de mettre mon masque en sortant de chez moi. Voilà pourquoi j’avais eu cette impression de liberté retrouvée. Une sensation de légèreté. De redevenir humain. L’air semblait de nouveau plus respirable. Mais quel était mon crime ? À vrai dire, je ne le savais pas réellement. Porter ce bout de tissu bleu, accrocher à mes oreilles, était devenue une habitude. J’avais toujours bien compris l’impact de ce virus mortel. De la propagation de celui-ci. De la façon dont il fallait se protéger et, surtout, protéger les autres. Mais voilà, un oubli est arrivé. Celui-ci qui me propulsa au rang de ceux que l’on jette en prison.
Pour éviter un drame dans le supermarché, j’ai prétexté avoir été vacciné. Cela calma les tensions auprès de ses dames, mais pas la mienne. Je pris rapidement une boîte de masque à la caisse, et une fois payé, dans un recoin isolé hors du magasin, j’enfilai rapidement ma capote à microbe. Un affreux doute s’instaura. Je repassai sans cesse le film de la matinée. Qui avais-je pu croiser ? Qui pourrait être contaminé par ma négligence ? Pour ne pas m’emballer dans les scénarios catastrophes, j’achetai un autotest à la pharmacie. Prétextant que c’était pour une amie, pour ne pas subir la gêne de cet achat. En rentrant enfin chez moi, je fis rapidement le test.
Il fallait attendre une dizaine de minutes pour le résultat. Elles furent interminables. J’étais en stresse. La sueur coulant sur mon front. La stupeur était de voir que j’étais positif. Je l’avais. J’étais contaminé. Et donc, contagieux. Un malaise me prit. Je ne ressentais pourtant aucun symptôme. Pas de fièvre. Pas de coup de mou. Aucun manque d’appétit. Rien. Les pensées fusaient. Qui avait pu être assez proche de moi pour qu’elle soit un cas contact ? Est-ce que j’avais touché quelqu’un ? Le film passé sans cesse. Pire que les séries à suspens. Depuis ce matin, je n’ai qu’une idée en tête, je suis devenu LE meurtrier que cette fillette dénonçait. Sans pour autant connaître les victimes dans mon sillage.