Chapitre 4 : La rage, cette maladie
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Chapitre 4 : La rage, cette maladie
Image de tuncelsafa06
Ma grand-mère. Ma pauvre et tendre grand-mère. Elle était là, devant moi. Étalée sur le sol, elle ne bougeait plus. Je n’arrêtais pas de me demander « mais qu’est ce que j’ai fait ? Comment cela a-t-il bien pu arriver ? »
J’avais déjà une réponse à cette situation dramatique. Je venais de tuer l’être le plus cher qui me restait. Il m’a fallu juste un geste, un claquement de doigts en quelque sorte. Comment cette force prodigieuse et incontrôlable avait-elle pu s’emparer de moi ? On serait tous heureux, satisfait, fier, de se dire un jour que l’on sent une puissance naître en nous. Un je ne sais quoi qui nous donne un sentiment d’être supérieurs aux autres. De pouvoir les écraser comme des mouches. De faire justice soit même, là où personne ne voudrait s’y attarder, même pour ceux qui sont payés pour le faire. Ce jour-là, je compris que j’étais devenu différent. J’avais reçu quelque chose, qui était encore difficile à comprendre. Dont la maîtrise m’échappait. Mais autant certains héros naissent dans la gloire d’avoir sauvé des vies, ici, de mon côté, j’en avais pris une. Pas n’importe quelle personne. Celle qui comptait le plus à mes yeux. Un phénomène que je ne saurais expliquer, c’était produit avec les deux gars qui m’avaient convoqué dans cette salle isolée. Mais le moment était vraiment mal choisi pour chercher à obtenir des réponses.
Les larmes coulèrent sans que je m’en rende compte. La gorge nouée, les muscles tétanisés, j’étais épris d’une peur incontrôlable. Peur de qui, de quoi ? De ce que j’avais fait ? De ces pouvoirs que je ne connaissais pas ? Non, c’était moi, le problème. Quel genre de monstre étais-je devenu ? Celui qui tue ces semblables a priori. Un excès de rage suffit pour déclencher pertes et fracas. Depuis ce jour, j’ai beau me dire que sans cette puissance insensée, qui porte mes coups, elle serait encore parmi nous, je n’en suis pas persuadé. Qu’avait-elle fait ? À part lever la main pour me retenir. Même s’il est vrai que je souhaitais que l’on me laisse tranquille, après une journée débordante de non-sens. Même si c’était la goutte qui fut celle de trop. J’ai malheureusement cru que, elle aussi, elle tentait de me corriger. Cette main levée n’avait pas cette intention, je le sais, mais, à cet instant, où tout se bousculer dans mon cerveau, je l’ai vu comme une agression de plus. Celle qui me transforma en monstre. Pire, un meurtrier.
Je n’avais fait pourtant que la rejeter. La repousser. Lui montrer que j’étais un homme maintenant, et plus ce petit garçon fébrile. Tu parles d’un homme. Le seul point que j’ai pu démontrer était que la violence faisait de mon évolution. J’avais cédé sous la pression. Cédé sous les coups. Cédé sous cette impression d’être et d’avoir toujours été seul. Vérité ou non, le résultat était le même. Le vase qu’elle aimait tant, était brisé sous sa nuque. Des débris faisaient couler son sang à une vitesse si impressionnante, que j’eus l’envie de vomir. J’étais au plus mal. Un mal indescriptible. Tourmenté n’était pas assez fort pour traduire ce moment si douloureux. Ma vie entière venait de basculer avec cette scène affreuse, qui défilait sous mes yeux.
N’en supportant pas plus, je pris la fuite. Je me suis mis à courir, le plus vite et le plus loin possible. Je vis les quartiers de paris défiler à toute allure. La boulangerie où je prenais le pain tous les matins. La supérette du coin, le fromager, et vint le boucher, qui avait toujours cet excellent morceau de viande rouge, qu’il gardait spécialement pour nous. Mes larmes, de rages, d’effroi, de hontes, ne me permirent pas d’en voir plus. Tout devint flou. Tout devint illusion. J’étais entré dans mon cauchemar éternel.