Merde, je vis… un livre à part
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Merde, je vis… un livre à part
Mon livre Merde, je vis…, déjà présenté sur mon blog en février 20181, vient de paraître en version papier. Pour que vous puissiez l'acquérir en connaissance de cause, je vais vous en parler plus en détail ici :
Merde, je vis... est né d'une rencontre surprenante avec des cristaux de neige. À la vue de ces petits diamants qui scintillaient sur les branches d'un arbre, sous un soleil hivernal, en Suède, j'ai été pris d'une étrange fascination. Malgré le froid, je suis resté très longtemps à admirer leur extraordinaire complexité et, à force de les contempler, j'ai été emporté dans une rêverie qui m'a fait vivre un peu de leur histoire, comme si les cristaux de neige me racontaient eux-mêmes les différents états par lesquels ils étaient passés avant d'aboutir à leurs formes géométriques parfaites. Et au sortir de ma rêverie, je me suis dit que chaque chose porte en elle une histoire mais que comme nous ne faisons que les effleurer du regard, nous ne pouvons ni voir ni entendre ce qu'elles ont à raconter. Dans un monde fait d'apparences, tout dépend finalement de notre regard, de la façon dont nous voyons et percevons ce qui nous entoure. Comme l'a écrit Alix de Saint-André : "Un poète a dit que l'enchantement n'était pas dans la nature mais dans le regard émerveillé de celui qui la contemple". Et c'est justement de cet émerveillement face aux cristaux de neige qu'est né le concept de mon livre : un concept à part, composé pour chaque évocation de trois textes portant chacun un regard différent sur des petites choses de la vie : d'abord un regard fait d'émerveillement et d'étonnement, puis un autre renvoyant à la vision bornée et suffisante de l'homme et, en dernier, un regard moqueur tournant tout en dérision à travers un dessin et une légende humoristiques.
Autant vous dire que je ne sais pas dessiner et que je n'avais aucune idée de qui pourrait bien faire des dessins pour moi à l'époque où m'est venu le concept du livre. Mais bon, ça ne m'empêchait en rien de trouver, à l'inverse de ce qui se fait habituellement, des légendes sans dessin. Mes premiers textes portaient sur des choses à première vue insignifiantes, mais qui, si l'on s'y attarde, forcent la réflexion et l'admiration. Je ne comptais prendre pour sujet que des petites bestioles et avais déjà écrit les textes et légendes de l'araignée, de l'abeille de la libellule et quelques-autres quand un jour une amie qui travaillait pour une revue hippique m'a demandé si je ne pourrais pas écrire des textes sur les chevaux et autres bêtes de la famille des Équidés. Je n'aime pas travailler sur commande mais pour lui faire plaisir j'ai réussi à pondre d'affilé trois textes : un sur le cheval, un autre sur l'âne et, plutôt que de continuer avec mon semblable le zèbre (il paraîtrait que j'en suis un drôle), j'ai porté mon choix sur la licorne, animal mythique s'il en fut, mais qui n'a rien de plus surprenant qu'un rhinocéros, et qui aurait très bien pu exister hors de notre imaginaire !
Entre temps, l'amie qui m'avait demandé les textes s'est brouillée avec son rédacteur en chef et a démissionné. Du coup, moi qui me concentrais sur les petites choses de la vie, je me suis retrouvé avec de bons gros animaux sur le dos. J'ai donc dévié de mon projet initial en ne me donnant plus aucune restriction quant à ce qui pourrait rentrer dans mon recueil de textes. C'est pour ça qu'on y trouve l'eau et le feu qui, bien que n'appartenant pas à la gente animale, n'en sont pas moins des entités vivantes et fascinantes.
Pour les illustrations, j'avais pensé au départ faire appel à mon fils dont j'apprécie beaucoup le talent d'illustrateur2 ainsi qu'à certains de mes ami-e-s artistes vivant en Suède. Mais là encore rien ne s'est passé comme prévu. Jason Akos Sollar, l'auteur des illustrations de mon livre, a réagi au quart de tour au reçu des premiers textes et m'a renvoyé dans la foulée six ou sept illustrations. Ses illustrations, tout en finesse et drôlerie, rendaient si bien l'esprit de mes textes qu'il m'était difficile après coup de faire appel à d'autres illustrateurs. Jason Akos Sollar et moi n'en étions pas à notre première collaboration puisque des années auparavant 'il avait déjà illustré avec la même intelligence pour une revue suédoise ma nouvelle Attention aux serpents4!
Voilà donc comment est né et a évolué ce livre. Il a été commencé dans les années 90 et est resté longtemps en souffrance du fait que je suis rentré en France et que je n'ai plus eu que des contacts épisodiques avec mes amis de Suède. Akos n'a donc plus eu mes textes ni moi ses illustrations. Ce n'est qu'en 2011, que nous nous sommes retrouvés en France et que nous avons travaillé de concert aux textes et aux dessins. La version numérique du livre a été publiée en 2013 par iPagination éditions, qui en édite aujourd'hui la version papier. Cette version différera légèrement du livre numérique, avec notamment l'ajout d'un texte de présentation au dos de la couverture. Le texte du prélude s'est aussi enrichi de nouveaux paragraphes. Prélude qui dit : "Selon le ton adopté, "merde je vis", peut aussi bien exprimer l'enthousiasme que la consternation, tout est une question d'état d'âme ou d'esprit et du regard qu'on porte sur la vie".
1. Merde, je vis… fil du 28 octobre 2018
2. Dessins et peintures de Michel Ducourneau : Carbonmade et Makeriet
3. Peintures et sculptures de Jason Akos Sollar : Sollar Art
4. Attention aux serpents ! Nouvelle publiée en suédois par la revue Vårt Nya Land.