Le classico des prouesses
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Le classico des prouesses
Réaliser la prouesse de faire vibrer des sonorités purement ivoiriennes à travers des instruments qu’on n’a pas vraiment l ‘habitude d’utiliser dans le répertoire musical ivoirien est un exploit. Et Fabrice Koffi, enseignant à l’Insaac, l’a réussi à travers des interprétations riches et incarnées.
C’est sur la scène de la salle Kodjo Ebouclé du palais de la culture à la façade fraîchement décorée aux couleurs de la Côte d’Ivoire que se déroulait la 2e édition du classico musical à Abidjan à la faveur de la 59e fête de l’indépendance. Arrivé, pour célébrer cet anniversaire, le public nombreux occupe promptement l’ensemble des sièges disponibles et commence à converser au sujet des virtuoses du jour. Alors que les discussions vont bon train, l’arrivée des 100 instrumentistes (étudiants à l’Insaac) impose un silence dans la salle. Puis un tonnerre d’applaudissements s’ensuit.
À nous, nouveau, nous retombons dans un silence de la durée d’une pause musicale. Fabrice Koffi, professeur certifié de musique issu du conservatoire de musique de Shanghai (Chine) et chef d’orchestre de cet orchestre de chambre, fait son entrée. La régie focalise les projecteurs lumineux sur la scène pendant que la lumière sur le public s’obscurcit au point de plonger le public dans le noir. Lorsque le chef d’orchestre lève son bâton d’autorité devant son pupitre, les premières notes musicales des violon alto, violoncelle, contrebasse, flûte traversière, clarinette, saxophone alto, saxophone ténor, trompette, trombone, piano, guitare électrique, guitare basse et batterie se font entendre dans à travers une belle orchestration et harmonisation pour habiller musicalement l’Abidjanaise version poétique de Pierre Marie Coty et Pierre Marie Pango exécuter par un chœur et 3 solistes.
La première partie du Classico s’installe. L’architecture sonore est belle et enthousiasmante. La mélancolie prend place sur la scène avec ’‘ Chœurs des esclaves hébreux’’, un opéra composé en 1842 par Verdi, l’un des célèbres musiciens européens de l’époque classique et qui exprime la nostalgie et la douleur des Juifs devenus esclaves déporté à Babylone. Dans ce contexte, ‘’ La Cidarem la Mano’’ en italien qui signifie ‘’là, nous nous donnerons la main’’ de Mozart composé en 1787 entraîne le public dans les méandres de l’amour à travers cette comédie musicale. La suite du spectacle est gracieuse avec ‘’Valu du Beau Danube’ ’ de Johan Strauss, ‘’Hopak’’ de Mussorgsky et ‘’La Moldau (poème symphonique)’’ de Smetana Vitava.
Très vite, le classico prend les couleurs ivoiriennes. Nous avons droit à un cocktail musical. Le public réagit dès l’entame des premières notes de ‘’You Ono’’ de John Kiffi. Une interprétation de la musique rock version ivoirienne qui emballe le public en délire. Les interprétations des titres culte comme ‘’ N’Kpenaplesso’’ et ‘’Taxi Souggnon’’ de Bailly Spinto font chanter le public avec le soliste. La ferveur monte dans la salle lorsque les instrumentistes entonnent. ‘’Pecoussa’’ de Lougah François. Les interprétations d’Exode rural’’ de Wedji Ped‘’, ‘’Monogaga’’ de Meiway, ‘’Sandji’’ de Grand Père font revivre au public des souvenirs émouvants. ‘’Konon’’ de Mawa Traoré et le final avec‘’ Independence Cha Cha Cha’’’ de Grand Kallé font élever les drapeaux ivoires entre les mains du public.
On assiste à une mouvance des balances des bras hauts qui donne un décor exceptionnel à la salle. Ce soir, la Côte d’Ivoire est célébrée. Elle vit ces 59 ans d’indépendance. C’était un classico riche en interprétation, occupation scénique, danse, jeu de mime, orchestration et harmonisation. Sachez que l‘orchestre de chambre est un ensemble musical de taille modeste ou on retrouve pour la plus les instruments cités plus haut avec une importance accordée au violon, violon alto, violoncelle et à la contrebasse. On retiendra de ce concert, une maîtrise technique globale avec l’esprit de chaque œuvre. Une proposition de répertoire intelligente et séduisante, salue par nombreux bravo émanant de chaque côté des deux grandes sorties de la salle vers 20 heures. Sur 10, nous attribuons 8 étoiles à ce spectacle.
Christian Guehi