L’ILLUMINATION DU SIXIÈME PATRIARCHE HOUEI-NENG
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L’ILLUMINATION DU SIXIÈME PATRIARCHE HOUEI-NENG
SAGESSE ET RESPONSABILITÉ
L’ILLUMINATION DU SIXIÈME PATRIARCHE HOUEI-NENG
Mercredi 6 mai 2020
Extrait de mon livre Petite histoire du Tchan, 1998
Après l’épisode des deux poèmes exprimant la compréhension de la Voie du Bouddha, le cinquième patriarche Hung-jen (601-674) va voir le disciple laïque Houei-neng (638-713) à la cuisine et lui demande :
— Le riz est-il blanc ?
Houei-neng comprend le sens de la question, il répond qu’il est prêt :
— Il est déjà blanc mais il n’est pas encore vanné.
Avec son bâton Hung-jen frappe le mortier trois fois puis s’en va. Cette même nuit, à la troisième veille, Houei-neng pénètre discrètement dans la chambre de son maître. Hung-jen lui commente alors le Sutra du Diamant et spécialement le passage suivant :
« Subhuti demande au Bouddha :
— Comment fixer l’esprit ?
Le Bouddha répond :
— Il ne faut pas fixer l’esprit sur la forme, ni sur le son, ni sur l’odeur, ni sur le goût, ni sur le toucher, ni sur la pensée. Quand l’esprit n’est fixé nulle part, le véritable esprit apparaît. »
À cette dernière phrase Houei-neng connaît le grand éveil et il en rend compte immédiatement à Hung-jen :
- « Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est pure et calme,
- Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est sans naissance ni destruction,
- Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est complète,
- Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement est sans agitation,
- Qui se douterait que notre nature propre intrinsèquement produit les dix mille phénomènes. »
Ces cinq propositions claires et précises ne démontrent pas seulement la compréhension intuitive ou intellectuelle du sutra, Houei-neng a réellement vu sa vraie nature, qu’il a parfaitement su décrire au Cinquième Patriarche.
Quelle joie pour Hung-jen, le moment tant attendu est enfin arrivé ! Le Sixième Patriarche est là devant lui, en chair et en os, et il a intégré dans son être la spécificité de la lignée.
Il n’y a plus besoin d’autres séances nocturnes, Hung-jen remet la robe et le bol à Houei-neng, faisant de lui son successeur direct. Il lui dicte aussi ses recommandations pour le futur avant de l’emmener à l’embarcadère.
Dans la nuit maître et disciple quittent le monastère et descendent de la montagne jusqu’au fleuve. Hung-jen pousse une barque et commence à ramer. Houei-neng saisit les rames, disant :
— Maître, laissez-moi ramer.
Hung-jen répond :
— Je dois te faire traverser.
Houei-neng joue sur le double sens, la traversée du fleuve et la traversée vers l’autre rive, la rive de l’éveil :
— Quand j’étais rempli d’illusions, vous me faisiez traverser. Maintenant que j’ai réalisé la Voie, je dois traverser par moi-même.
Hung-jen approuve sans réserve :
— C’est cela, c’est cela.
Le bonheur ne dure pas longtemps, Houei-neng parti, Hung-jen retraverse le fleuve, escalade la montagne et rentre au monastère. Pour l’amour de son disciple, pour la continuité de sa lignée, pour le développement de l’école, pour la propagation du Bouddhisme, le Cinquième Patriarche n’a pas mesuré ses efforts ni ménagé sa peine !