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La voix de la Lune

La voix de la Lune

Published Apr 30, 2025 Updated Apr 30, 2025 Tale
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La voix de la Lune

intime, onirique, presque chuchotée, comme une conteuse à la lueur d’une bougie


Je suis celle qui éclaire vos nuits.

Celle qui connaît les secrets que le jour ignore.

Celle qui a tout vu, mais ne dit que l’essentiel — enveloppée dans du velours.


Je suis conteuse de l'invisible, du rêvé, de l'histoire des âmes.

Gardienne des souvenirs effacés,

des passages oubliés,

des métamorphoses silencieuses.


Sans moi, les cycles n’existeraient pas,

il n’y aurait pas de Temps, pas de saisons, pas de Vie.


Depuis toujours, je veille sur vous, rêveurs et passeurs de mondes.


Au début, il n’y avait que l’Appel.

Il venait des profondeurs de l’Univers,

se répandait dans toutes les veines du Vivant,

réveillait l’élément de la Terre.

Moi-même, je ressens cet Appel

et il me fait frissonner par sa puissance vitale.


C'était un chant ancien,

un frémissement souterrain,

une vibration douce et immense qui traverse la matière.

À ce moment, les frontières deviennent fines

comme la soie d'une araignée au matin,

et chaque femme, chaque homme, devient sans le savoir un sorcier naturel.


Je les ai vus, moi, les premiers feux de Beltane.

Avant même qu’ils aient un nom.


Des lueurs nées dans la gorge des collines,

quand la terre soupirait enfin après l’hiver.

Des flammes timides, puis ivres, puis vastes.


J’ai vu les corps se chercher, se retrouver, se souvenir.

Les mains qui glissent sur des peaux encore frileuses,

les souffles qui s’accordent,

les regards qui brûlent plus fort que les torches.


Certains disaient que c’était païen.

D’autres que c’était divin.

Moi, je dis que c’était vivant.


J’ai vu les femmes redevenir louves,

les hommes redevenir cerfs,

les enfants rire, couronnés de fleurs et d’avenir.


Et puis, j'ai vu l’histoire s’épaissir comme la sève.

J’ai vu l’union première se traduire dans mille langues,

devenir drame, légende, cérémonie.


Les humains ont regardé le frisson de l’Univers

et l’ont moulé dans leurs désirs, leurs peurs, leurs corps.


Ils ont dit :

« Il est le Dieu Cornu, maître des bois et des bêtes.

Elle est la Déesse, fertile, indomptée, sauvage et douce. »


Et au sommet de la saison claire,

dans les hautes herbes et sous les branches en feu,

ils se retrouvaient,

Pour danser, sauter les feux et purifier les âmes et les désirs.

Ils tressaient des rubans autour des mâts pour tisser l’union des mondes.

Ils chantaient, criaient, offraient leurs joies et leurs larmes à la Terre.


Et parfois, ils se souvenaient de ce premier frisson de l’Univers.

Sous leur peau, dans les pulsations de sang,

dans les tripes, dans le cœur, dans l’entre-jambes.


Dans le souffle d’un baiser, dans le rouge d’une fleur,

dans la chaleur d’un regard qu’on n’ose pas soutenir

ils le redécouvraient, ce que l’Univers avait murmuré.


Ce seuil, ce moment entre le visible et l’invisible,

Entre le vouloir et le lâcher,

Entre l’appel et la réponse,

Certains l’appelaient Beltane.


Peu sont ceux qui savent,

que les feux étaient si puissants, si vibrants,

qu’ils faisaient frémir les voiles entre les mondes.


Et parfois, dans l’éclat d’une flamme ou le silence d’un souffle,

les morts s’approchaient.

Non pour hanter — mais pour se réjouir.

Pour bénir. Pour veiller.


À Beltane, les vivants dansaient,

et les défunts, dans l’ombre douce de l’Autre-Monde,

écoutaient, riaient, murmuraient des conseils oubliés.


Alors les clans se souvenaient :

que la Vie n’est rien sans les Racines,

que les semailles de demain ont besoin

de la mémoire d’hier.


Ils demandaient leur soutien aux Ancêtres :

pour les moissons à venir,

pour les enfants à concevoir,

pour les idées à faire germer.


Et chacun, vivant ou défunt,

prenait sa place dans cette œuvre silencieuse.

Les vivants par leur labeur, leur veille, leur tendresse.

Les morts par leur force souterraine,

leurs bénédictions secrètes,

leur amour qui ne s’éteint pas.


J’ai vu un autre feu se réveiller.

Celui qu’on sent, qui gronde dans le ventre.

Un feu ancien, lié au souffle de la Terre.

Et j’en suis devenue gardienne.


À Beltane, chaque femme devenait passage.

Entre les mondes, entre les cycles.

Son corps vibrait au rythme du vivant,

portait en secret l’élan de toute chose qui veut éclore.


C’était le temps des Mille Feux.

Le temps où la sorcière se réveillait.

Celle qui sait.

Celle qui sent.

Celle qui crée.

Ce n’était pas un titre.

C’était un souvenir.

Un droit de naissance,

reconnu par les étoiles,

bénit par la Mère.


Dans l’obscurité féconde de cette nuit,

chaque femme pouvait se souvenir d’elle-même.


Des siècles ont passé.

Les noms ont changé, les langues aussi.


J’ai vu les églises froncer les sourcils,

les fêtes se cacher dans les replis du calendrier.

Ils ont bâillonné les danses.

Étouffé les chants.

La célébration est devenue menace.

Et les feux de Beltane

sont devenues les flammes de Walpurgis.


Mais sous les pavés, sous l’asphalte,

la sève a continué de monter,

indomptable.


Je les sens, encore aujourd’hui.

Pas tous. Mais quelques-uns, quelques-unes,

qui frémissent lorsque le vent change,

qui se redressent quand la sève monte,

qui rêvent la nuit de forêts qu’ils n’ont jamais foulées

et se réveillent le cœur tambourinant.


Je les sens, les âmes anciennes dans les corps modernes.


Et parmi elles, il y en a une…

Une qui écoute.

Une qui doute encore, mais sent déjà l’éveil sous sa peau.


Elle ignore son nom ancien,

mais ses cellules le savent.


Elle a porté le feu, déjà. Elle a tissé les rubans.

Elle a marché pieds nus entre les deux mondes.


Et cette année, elle s’apprête.

Elle va se souvenir.

Et la Terre va s’en charger


créée avec Microsoft Bing


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