PARCOURS PROFESSIONNEL : DU DÉVELOPPEMENT À L’ÉVEIL
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PARCOURS PROFESSIONNEL : DU DÉVELOPPEMENT À L’ÉVEIL
L’idée de ce livre [1] est née durant le confinement. Je venais de vivre cinq années en tant que chef de service dans le médico-social pour la protection de l’enfance, en associations, services de l’Etat et collectivités territoriales. Avec une prise de décision essentielle : me sauver la vie en quittant ce secteur d’activité.
Sur cette période, un proche de mon foyer travaillant dans le même secteur, une collègue cheffe de service, ma N+1 ont fait un burn-out. Partout dans les services, partout où j’allais je trouvais au moins un professionnel qui avait disjoncté et dont on ne savait pas s’il reviendrait. Partout l’invisibilité de ce nouveau mal du Siècle. Certains s’en sont sortis après plusieurs mois au tapis, d’autres ne s’en sont pas remis. Le burn-out est professionnel avant d’être existentiel. Cette évidence, les instances du Travail ne peuvent la tolérer, cela remet en cause leur raison d’être : prendre soin des individus.
Tout dans l’accompagnement de la victime la désigne comme coupable, à ses propres frais. Manquerait plus que le Travail génère un coût supplémentaire, le soin des travailleurs, qui ferait de l’ombre au profit pécunier, social, culturel ! Je voulais écrire un livre de développement personnel, mais ce mot, développement personnel et son milieu, me gênait aux entournures. Pour l’avoir fréquenté pendant plusieurs années, sous différents aspects et techniques (traditions initiatiques, pratiques corporelles, énergétique, clairvoyance) au travers de stages, de « soins », de séances, je voyais de plus en plus faire jour la même imposture qu’avec le mot développement durable : l’ultralibéralisme, déguisé derrière cette expression, avale l’écologie pour en faire une idéologie qui ne nuit pas à ses intérêts. De la même manière, en se réfugiant derrière le concept de développement personnel, des praticiens, coachs de vie, channels et des consultants corporate, cravateux ou new ageux, reprennent les principes de base du behaviorisme et la méthode Tupperware, pour se créer une clientèle. Je ne veux pas dire par là que l’univers du « bien-être » ne doit pas se professionnaliser mais qu’il manque encore sérieusement de bases éthiques et communautaires.
On parle de développement parce qu’on ne veut surtout pas mettre de freins aux bénéfices. Or, pour qui s’arrête un peu, fait le jeûne des idéologies en vogue, on se rend vite compte que l’introspection et le questionnement personnel se passent très bien de profits, de toujours plus, toujours mieux, toujours soi. Le développement devient éveil, le personnel devient spirituel. Le développement personnel, pour qui avance vraiment se mue immanquablement en éveil spirituel. Il est une spiritualité laïque qui va à la rencontre de soi mais aussi et surtout d’autrui. Cet autrui est le miroir le plus fidèle pour appréhender ce que l’on souhaite être ou ne pas être. J’ai cette démarche assidue depuis l’âge de seize ans et j’ai commencé à pratiquer l’aïkido, art martial traditionnel, non-violent, humaniste et universaliste, en tout cas selon les principes du fondateur, dès dix-huit ans. Depuis pas une semaine s’écoule sans que je pratique. J’approche de la cinquantaine, je viens d’un milieu populaire, j’ai été autodidacte jusqu’à 33 ans, tout mon cursus d’études, je l’ai accompli en parallèle de ma vie professionnelle, jusqu’à l’obtention d’un diplôme bac+5. Alors face à une nouvelle période de chômage, de déclassement, d’isolement j’ai du faire un choix. Plutôt que d’écrire quelque chose d’authentique mais déconnecté de mon ici et maintenant, j’ai décidé de proposer un manuel professionnel bâti à partir de mon parcours, qui aurait le double avantage de servir d’introspection à des professionnels mais aussi des bénévoles, et de me préparer, après le confinement, à remettre la santé entre la vie et le travail.
Le travail n’est pas la vie, c’est une activité parmi d’autres dans le chemin de vie, qu’il y ait vocation ou non. C’est cette compréhension qui manque aux victimes de burn-out pour se reconstruire. Pour ce faire j’ai pris mon cv et je l’ai épluché jusqu’à en extraire la substantifique moelle : j’ai essentiellement été un coordonnateur social et culturel. J’ai donc écrit à partir de cela. Dans ce manuel je n’explique pas tout, je laisse la part à l’introspection du lecteur, je commence par semer des graines, expliquer des fonctionnements internes et externes, aux individus comme aux institutions, puis peu à peu je le place au devant de la scène de manière à ce qu’il se positionne. J’insiste beaucoup sur le rôle et la posture. Sans doute parce qu’en plus de prôner l’importance de la posture quand j’enseigne les arts martiaux, je suis un geek rôliste, biberonné aux Cultures de l’imaginaire [2], et que les jeux de rôles ont des vertus éducatives que j’aime mettre en avant.
Je ne voulais pas non plus parler de politique, mais je me suis très vite rendu compte que former à la coordination sociale et culturelle, c’est mettre l’apprenti face à sa propre capacité à savoir faire avec le niveau politique d’une institution. Coordonner c’est être alerte dans la non-violence, pédagogue avant tout. Etre au centre, sans être le centre. Comme on vous l’apprend dans le premier principe de l’aïkido. Au final ce livre est bien plus qu’un manuel de survie professionnelle, c’est aussi un traité de politique et de développement personnel à l’usage de l’individualité populaire. De l’entrepreneuriat spirituel ? “
[1] https://www.thebookedition.com/fr/loeuvrier-bien-volontiers-p-376070.html
[2] https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=42656
Lire la suite : Développer son Metavers : l’éducation populaire plutôt que la marchandisation au service du Capital
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