Du rapport au blanc...et à l'argent
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Du rapport au blanc...et à l'argent
17Janv 13
Je sors de chez moi. Les gens me saluent. Je vais au marché Total. J’entends fréquemment « oh, le blanc ! » Je me ballade dans les ruelles des quartiers avec un ami. Les gamins sortent des parcelles en criant « mundelé, mundelé ! », me font coucou de la main, et me disent « Bonjour » ou « Nihai » quand ils ne font pas la différence entre un blanc et un chinois. Je mange le poisson avec du saka-saka et du manioc. J’entends autour de moi tout le monde s’exclamer en Lingala ou en Lari, dont j’entend le mot mundelé qui revient, me confirmant qu’on parle bien de moi.
Je suis ici un objet d’attraction, en permanence sous l’observation de la population. C’est une réalité à laquelle je ne peux échapper. Mais comme je vous l’ai déjà dit, ici le blanc est avant tout un sujet de curiosité et d’admiration plutôt que de mépris ou vu comme un nouveau colon. C’est une fierté pour eux de pouvoir me parler, un honneur que je veuille bien échanger avec eux, un étonnement sans pareil si je parle quelques mots dans leur langue ou que je mange leur nourriture habituelle. Un prestige pour les filles d’avoir une relation avec un blanc.
Car la France est bel et bien perçue comme un Eldorado. Un lieu prometteur de richesses et d’un pouvoir d’achat sans pareil. Un lieu où toutes les réalisations sont possibles. Un lieu composé de gens plus intelligents et où il y a les plus belles filles. Les échanges entre le Congo et la France sont nombreux, et il n’est pas rare d’entendre dans les familles un peu aisées qu’un de leurs oncles ou enfants habitent en France. Alors quand ces derniers reviennent au pays bien habillés le ventre rond et les billets de 10.000fr CFA dans les poches, ils se disent que décidément on a la vie belle en France.
Et il ne faut pas se méprendre, car malgré toutes nos difficultés que nous rencontrons, il suffit de venir ici pour se rendre compte de tout ce dont on bénéficie sans en avoir conscience. Un réseau de routes parfaitement fonctionnelles, des administrations et des services qui marchent (électricité, eau, internet, poste, banques...), des biens de consommation facilement accessibles, une justice, des droits, une solidarité nationale sécurisante (chômage, sécu sociale, retraite…)….Un système de collecte et de redistribution des richesses pour l’intérêt général qui, malgré toutes les critiques qu’on peut lui apporter, marche. Quelle chance nous avons quand pour notre santé nous ne devons pas faire le tour de la famille et des amis pour payer la radio ou le médicament !
Alors le blanc représente tout ça, et pour cette raison suscite respect et admiration. De premier abord, cette sympathie est très agréable, mais il ne faut pas oublier que nous représentons un portefeuille bien garni, et il faut être en permanence vigilant face à cette amitié trop facile. Car à peine arrivé dans un bar les gens qui te saluent te demandent si tu peux leur payer une bière, parfois même un billet pour payer leur taxi. Quand tu vas boire un verre ou manger un morceau avec des amis, on te laisse très souvent régler toute la note. Les filles qui traînent en permanence autour de toi attendent que tu leur offres tout et qu’au matin tu leur laisses quelques billets pour la journée.
Cette question de l’argent est présente en permanence dans toutes les relations chez les congolais. C’est un fait, dès que quelqu’un possède un peu d’argent, l’ensemble des personnes qui gravitent autour de lui cherchent à en obtenir un petit bénéfice. Il faut acheter le crédit téléphonique de la cousine, payer les soins médicaux de la tante, dépanner un ami dans le besoin. La solidarité nationale n’existant pas, c’est la solidarité communautaire qui assume ce rôle, avec toutes les obligations que cela suscite. Quand une personne arrive à gagner sa vie, ce sont dix personnes qu’elle fait vivre. Les nécessiteux, mais aussi ceux qui n’ont rien fait de leur journée. Et l’argent se retrouve toujours au centre des relations et des discussions. Cet état de fait n’est que plus accentué dans le rapport du congolais au mundelé, qui lui n’est pas habitué à être sollicité comme ça en permanence.
Cette question de l’argent est particulièrement cruciale dans les relations hommes-femmes. Ici, la go (la petite amie) se fait souvent entièrement entretenir par son compagnon. L’homme doit tout payer et glisser régulièrement un billet pour les besoins. Il ne peut inviter sa copine à venir le voir s’il n’a pas d’argent en main, et celle ci vient régulièrement le solliciter pour une raison ou pour une autre. Le sexe est beaucoup moins sacralisé, souvent utilisé comme un complément de revenus, sans qu’il ne s’agisse forcément de prostitution.
Alors il y a les blancs sans scrupules qui jouent avec les règles du pays, se tapent ce qu’ils veulent moyennant finances ; vieux de 60 ans avec des petites d’à peine vingt ans, libanais boutonneux accompagnés de vraies beautés. Mais pour celui qui souhaite une relation basée sur l’affection sans qu’elle soit centrée sur l’argent, les choses deviennent compliquées. Entre ce qui est de l’ordre du culturel et ce qui est de la relation intéressée, les incompréhensions sont nombreuses et les questions interculturelles prennent ici toute leur place. Et il est particulièrement bon dans ces cas là d’avoir des amis congolais pour décrypter les codes de la société et les comportements des gens, donner des conseils et te mettre en garde si besoin est.