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Chapitre 5 - Une brèche

Chapitre 5 - Une brèche

Veröffentlicht am 24, Juni, 2021 Aktualisiert am 1, Feb., 2022 Reisen
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Chapitre 5 - Une brèche

Je restai assis sur mon caillou à contempler l’eau. Je ne ressentais plus du tout l’appel de tout à l’heure, comme si cette étendue bleue était devenue quelconque. Mais bizarrement, c’était à ce moment que j’avais le plus envie de me baigner. Après quelques secondes de réflexions, je décidai de me lancer. Je me mis en caleçon en un temps record et plongea dans ce paradis humide. L’eau était à température ambiante et… buvable ! Incroyable mais vrai. La cristalline à côté, c’était de l’eau des égouts. Je me régalais comme jamais auparavant. Enfin, si l’on oublie le bacon de ce matin.

Tout était différent, pas de remous, pas de sable, juste l’eau… Une pure merveille cet endroit. Je nageais tranquillement en alternant tantôt brasse, puis dos crolé. Un véritable nageur professionnel. Puis, lorsque je mis la tête sous l’eau, je distinguai un creux dans la roche plus loin. Je décidai donc de m’en approcher. Malheureusement, n’ayant pas assez de souffle, je repartis vers la surface et constata qu’Azrael était sur le rivage à me regarder, le pied tapant le sol.

— Qu’est-ce que tu fiches encore ?

— Je prends un bain, ça ne se voit pas ?

— Tu es censé résister à l’appel de l’eau tête de nœud !

— Mais j’y ai résisté, c’est juste que comme tu es partie, je me suis dit que je pourrais en profiter pour comprendre pourquoi cette eau m’attire… en la testant, dis-je en prenant de l’eau au creux de ma main.

— Tu n’es pas possible ! Mais bon, maintenant que tu y es, attends-moi, je te rejoins.

— Dépêche-toi parce que j’ai vu un creux en bas, j’aimerais aller voir.

— Comment ça un creux ? Il n’y a pas de creux !

— Mais si, sous l’eau.

— Tu racontes n’importe quoi, dit-elle en s’approchant de moi.

— Mais puisque je te le dis, j’ai vu ce que j’ai vu.

— Chut, exprima-t-elle en mettant son doigt sur ma bouche.

             Elle plongea dans l’eau et je la suivis, content de savoir qu’elle allait voir que j’avais raison. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Pas de trou en vue. Mon regard partait dans tous les sens à la recherche de ma vision de tout à l’heure mais rien… On remonta à la surface. Mais le temps qu’elle évoque le moindre mot, je replongeai et me dirigeai vers l’emplacement de l’ancien trou. Arrivé au niveau de la roche, je tapai du poing mais rien ne bougea. Ce qui est étrange, c’est que je sentais de l’air. De l’air frais, très frais même. Qu’est-ce que cela peut être ? Je sentis du mouvement derrière moi et constata que l’archange était autant interloquée que moi sur la nature de cet air. Elle me fit signe de remonter.

— Qu’est-ce que c’est ? demandais-je, curieux.

— Je ne sais pas trop. Enfin, j’aurais peut-être une idée mais…

— Mais quoi ?

— Mais si mon hypothèse est vraie, il faut que l’on sorte très vite.

— Pourquoi ça ?

— Tu voulais savoir pourquoi l’eau t’appeler ?

— Oui bien sûr.

— Et bien, c’est simple, j’ai emprisonné quatre âmes dans ce domaine. Les plus dangereuses qui existent. Cet endroit, on appelle ça le pont.

— Le pont vers quoi ?

— Les quatre cavaliers de l’apocalypse.

— Ah, ils existent aussi…

— En effet. Lorsque Père m’a demandé d’emprisonner ces âmes, des milliers d’années auparavant, je ne l’ai pas pris au sérieux. Juste après est arrivé un chaos sans précédent sur Terre. Des centaines de milliers de morts. L’armée des anges complète n’a pas su les contenir. Il a fallu que Dieu descende sur Terre pour nous aider.

— Mais alors, cet air, ce serait eux ?

— Il semblerait. Et si c’est le cas, il faut aller prévenir mon père sur le champ.

             Elle partit à la nage vers la terre ferme. On s’habilla en quatrième vitesse et elle m’emmena de nouveau vers le paradis. Une fois devant les portes, elle me jeta sur le sol et partit tout droit vers le fond. Saint-Pierre m’accueillit avec un rictus.

— Tu l’as déjà énervée ?

— Non, ce n’est pas moi…

— Alors qu’est-ce qu’elle a ? demanda-t-il en mangeant une grappe de raisin.

— Une histoire de cavaliers de l’apocalypse si j’ai bien compris…

             Saint-Pierre faillit s’étouffer et me recracha tous les pépins sur le visage. Après m’être essuyé, je voulais crier contre lui mais il était déjà en train de bouger dans tous les sens, prévenant tout le monde de ce que je venais de dire. Leurs visages se décomposaient et ils lâchaient tous leur repas. J’aurais été un chien, je me serais régalé.

             Je m’avançai vers le gardien des portes du paradis, espérant avoir plus de renseignements. Mais il n’était pas très bavard. J’insistai pour lui parler mais à chaque fois que je tendais le bras pour l’attraper il partait à l’autre bout de la pièce. Je râlai, mis mes mains autour de ma bouche et criai.

— Saint-Pierre !

— Quoi !?

— Pourquoi avez-vous peur ?

— Quoi tu ne connais pas la légende des quatre cavaliers de l’apocalypse ?

— Vaguement, très vaguement…

— Évidemment… ils n’apprennent vraiment rien sur Terre ! Bon par où commencer. Donc ils sont au nombre de quatre, conquête, guerre, famine et mort. Chacun a ses attributs et ses spécialités. Conquête, avec son arc, possède un cheval blanc, symbole de puissance. Guerre, avec son épée, détient un cheval rouge, symbole de sang et de violence. Ensuite, on a famine, avec sa balance, qui a dompté un cheval noir, symbole du manque et du vide. Et enfin mort qui monte un cheval vert, symbole de la peur.

— Et c’est tout ?

— Évidemment que non ! Une fois lâchés sur Terre, ils ne causeraient que ravage et destruction.

— Oui ça on me l’a déjà dit mais comment ça se fait qu’ils soient aussi puissants ?

— Au départ, ces cavaliers étaient des archanges. Concetiel, Gueriel, Faminel et Morel. Très puissants, ils guidaient les armées et étaient les bras droits de Dieu. Un jour, ils furent envoyés en mission, sur Terre à la recherche d’une source d’énergie puissante, l’éther. Mais cette source était tellement puissante qu’elle les consuma. Dès lors, ils sont devenus des êtres immondes, diaboliques. Dieu, voyant cela, demanda à…

— Ne te fatigue pas, la suite je la connais.

— Donc tu me saoules pour te raconter l’histoire mais tu te permets de me couper.

— Pardon Pierrot…

— Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi. Je te rappelle que tu es encore humain, je pourrais très bien t’envoyer au purgatoire.

— Mais je suppose que si tu le fais, Azrael ne va pas être très contente. Et puis, il me semble qu’elle a plus de pouvoir que toi…

— Oui, mais fais gaffe quand même. dit-il en me pointant du doigt.

— À vos ordres, capitaine Pierrot ! déclarais-je en effectuant un salut militaire.

— Tu m’énerves…

             Il partit, dépité par ma bêtise. N’ayant plus rien à faire, je me mis à la recherche de l’archange de la mort. J’entamai en conséquence le long couloir qui menait à — comme je vous l’ai affirmé plus tôt – je ne sais où.

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