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Chapitre 3 - Une nuit de repos

Chapitre 3 - Une nuit de repos

Veröffentlicht am 19, Juni, 2021 Aktualisiert am 31, Jan., 2022 Reisen
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Chapitre 3 - Une nuit de repos

Je me trainais à l’intérieur. Décidément le sport ce n’était pas mon truc. Cependant, la contemplation, c’était dans mes cordes. Et je peux dire que j’étais servi en ce moment. L’antre de l’archange de la mort était, certes, moins lumineux que tout à l’heure, mais elle avait le mérite de ne pas faire hôpital. Une grande bibliothèque, pleine à raz-bord, faisait tout le tour de la pièce. Les livres, entassés, étaient classés par genre. Ça allait des œuvres d’Homère à nos jours. Au milieu de la pièce, un canapé en soie, italien à première vue, était occupé par l’ange. Elle me fit signe de prendre du raisin dans la cuisine à ma gauche et me dit de venir m’asseoir à côté d’elle.

— Alors comme ça, tu viens de Bordeaux ? demanda la mort.

— Oui, tu connais ?

— Bien sûr, rappelle-toi à qui tu parles, dit-elle fièrement, je suis l’archange de la mort quand même.

— Oui, c’est vrai, excuse-moi.

— Pas de soucis. D’ailleurs, en parlant de culture, je dois avoir quelque chose qui devrait t’intéresser.

 

       Elle partit vers la cuisine et disparut derrière un meuble. Pendant ce temps, je continuais d’admirer son appartement. Il faut croire que les anges ont beaucoup de goûts. Des vêtements en soi, un sol en marbre, on pouvait dire qu’ils se faisaient plaisir les bougres. Mais j’y pense, ce sera peut-être mon cas si je réussis le test dont on m’a parlé. Oh, ce serait chouette !

— Voilà ! Une bouteille de Beaujolais. Qu’est-ce que tu en dis ?

— J’en dis que je viens d’avoir soif tout à coup, dis-je avec grand sourire.

 

       On a beau dire beaucoup de choses sur la mort, elle m’épate. Si enjouée alors qu’elle passe ses journées à emmener des gens qui n’ont rien demandé vers, quelques fois, des sentences. J’aimerais bien être aussi joyeux qu’elle… Mais bon en attendant cela, j’ai un verre à boire. Autant profiter du moment présent, ce n’est pas tous les jours que je suis en présence d’un ange et de surcroît aussi jolie. C’est ainsi qu’on but une bouteille, puis deux, et ainsi de suite jusqu’au bout de la nuit. Chaque anecdote racontée, plus ou moins loufoque, était source de fou rire incontrôlé. Et Azrael en avait des tas. Elle monopolisait presque la parole.

       Le lendemain, je me réveillai la tête un peu sonnée et sans Tee-Shirt. Je cherchais autour de moi où j’avais bien pu le mettre jusqu’à ce que mes yeux se posent dessus. Malheureusement, il était déjà utilisé. Azrael était en train de faire à manger. Une douceur odeur de bacon grillé venait ravir mes papilles et apaisait mon mal-être dû à l’alcool. 

— Oh ! Tu es réveillé ?

— Oui, en effet, dis-je les bras entourant mon torse.

— Tu veux peut-être récupérer ton Tee-Shirt ?

— Si ça ne te dérange pas…

— Oh non du tout.

 

       Elle enleva le Tee-shirt et me le tendit, avec un large sourire. Je détournai la tête, gêné.

 

— Ah oui, c’est vrai, la gêne…

       Elle alla chercher un de ses Tee-Shirts. J’enfilai hâtivement le mien.

— Pardon, je n’ai pas l’habitude d’avoir des humains chez moi.

— Pourquoi ? Je ne le portais plus.

— Rien d’exceptionnel. Hier soir, tu t’es taché, du coup on l’a mis à laver. Et comme ce matin, quand je l’ai sortie de la machine, il sentait bon, je l’ai mis sans m’apercevoir qu’il était à toi. Je suis un peu sotte le matin.

— Comme tout le monde sur Terre.

— C’est vrai… Du bacon ?

— Oui, volontiers.

 

       Elle me servit une assiette immense que je m’empressai de dévorer sous son regard amusé.

 

— Dis-moi, je viens de penser à un truc… Comment ça se fait que vous fassiez les mêmes taches que nous ? Vous n’avez pas des pouvoirs pour éviter cela ?

— Si, si. On a des majordomes et tout. Mais j’aime bien faire ces trucs comme tu dis. Je me sens proche de votre espèce et ça me permet de mieux vous comprendre lorsque je viens vous chercher.

— Intéressant. Et tu es la seule à fonctionner comme ça ?

— Oui… Très peu d’autres anges acceptent de se mélanger aux humains. D’ailleurs, ils en veulent tous à Papa de vous avoir créé.

— Tant que ça. Pourtant, on n’a rien fait de mal.

— Tu en es vraiment sûr ?

— Il est vrai que l’on détruit beaucoup de choses, mais je ne vois pas en quoi c’est un problème pour vous.

— L’expansion, cher ami. Ça ! C’est un problème. Depuis que vous voyez plus haut, plus loin, on vit moins bien. Les avions font trembler le paradis entier. D’ailleurs… 3, 2, 1…

 

       Une violente secousse me propulsa hors de ma chaise et me fit tomber sur les côtes. Le souffle coupé, je me relevai péniblement et me rassis.

 

— En effet, on ne fait pas semblant.

— Il y a aussi les immeubles… Bien sûr, ils ne nous atteignent pas encore, mais ce n’est qu’une question de temps. Et bien d’autres choses encore… Mais bon, c’est dans votre nature, comment pourrait-on vous en vouloir.

— Vous avez raison de nous en vouloir. En revanche, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous ne nous envoyez pas un message ? demandais-je en secouant une tranche de bacon.

— Pour deux raisons… La première, et non des moindres, et que Papa nous interdit de nous venger. Il est tellement fier de sa création, donc vous, qu’il interdit à tout ange de châtier un humain sur Terre.

— Heureusement pour nous…

— La seconde est que si l’on se montrait sous notre vraie forme, vous prendriez peur et deviendrez fou.

— Votre vraie forme ?

— Oui ce que tu vois là, c’est un corps de substitution. À l’origine, lorsque j’ai été créé, je n’étais pas du tout comme ça.

— Et comment étais-tu ?

— Cela malheureusement, je ne peux pas te le révéler.

— Oh allez ! S’il te plaît…

— Non ! Et ce n’est même pas la peine d’insister plus !

 

       Je baissai les épaules, résigné. Elle m’avait persuadé en deux secondes. Elle était vraiment très forte. Mais je n’allais pas lâcher l’affaire aussi rapidement. Enfin, pour aujourd’hui si, mais je reviendrais à la charge tôt ou tard. En attendant, je savourais toujours mon repas. J’avais l’impression que plus je mangeais, plus mon assiette grossissait. Et mon ventre par la même occasion. Pourtant, je ne pouvais pas m’arrêter. Comme si, j’étais possédé par la gourmandise. Tiens, en parlant des sept péchés capitaux…

 

— Est-ce qu’ils existent ?

— Qui donc ? demanda-t-elle, perplexe.

— Les sept péchés capitaux ?

— Bien sûr ! Et chaque archange est affilié à un des péchés. Le mien, c’est…

— La gourmandise, je présume. Pas étonnant que je n’arrête pas de manger alors que je n’ai plus faim…

— Le péché fonctionne sur toi ?

— J’ai bien l’impression…

— Mais c’est génial !

— Sauf si j’explose comme un ballon de baudruche à force de trop engloutir de la nourriture.

— Mais non, ce n’est pas possible. Mais ce qui est important, c’est que ça veut dire que l’on va pouvoir commencer les tests !

— Ah ! Grande nouvelle !

— Allez, dépêche-toi de finir, on a du pain sur la planche du coup !

— Par pitié, ne me parle pas de pain, dis-je l’eau à la bouche.

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