Les résistances aux changements sont des informations salutaires.
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Les résistances aux changements sont des informations salutaires.
J’ai reçu sur LinkedIn ce message agréable de la part d’Aldo Franco , coach, consultant formateur et comédien.
Bravo et merci Jean-Louis pour cet éclairage.
Je ne sais pas pourquoi mais cela m'a fait ressurgir cette citation : « C'est toujours ce qui éclaire qui demeure dans l'ombre » Edgar Morin.
Lien avec l’article :
Ce que m’inspire ce message.
Dans les entreprises, les promoteurs des changements, le plus souvent des dirigeants, managers et chefs de projets, accompagnés par des cohortes de consultants, estiment que les résistances aux changements sont par essence négatives. Qu’elles soient passives, revendicatives, conflictuelles ou violentes, elles doivent être atténuées , voire éradiquées. Lors de séminaires , des typologies essentialisent les résistants. Chaque catégorie fait l’objet d’une tactique appropriée : apaisement, alliance, contournement, négociation, menace, chantage...La référence au jeu de go étant le « must ». Cette approche participe du paradigme des camps et des positions. De nombreux managers n’assument pas ces postures et les changements s’opèrent dans la douleur, générant de l’amertume et des rancœurs.
L’approche systémique emprunte le chemin des trajectoires et des flux. Je m’y réfère lorsque j’invite à penser : « ces résistances sont les signes que le changement est en train de s’effectuer. » Ce qui est perçu comme insurmontable, douloureux et violent se mue alors en processus normal et banal. J’invite ensuite les managers à se remémorer un changement vécu dans le passé qui leur avait semblé très éprouvant, voire catastrophique. Puis je les rappelle dans le présent en leur posant la question : « et maintenant, avec le recul, comment appréciez vous ce changement, et qu’avez vous appris depuis ? ». Les réponses fusent et le plus souvent relativisent, et même positivent cet événement. Cela ne fonctionne pas à tous les coups, en particulier pour celles et ceux qui ont du mal à surmonter un choc traumatique.
Les narrations suivent à peu près la même trame. Avant le changement, on a peur et on craint de perdre des avantages et d’être obligés de modifier nos pratiques. Pendant le changement , l’on vit de fortes turbulences lors du passage d’un équilibre à un autre. Et après , on s’habitue à la nouveauté, et parfois on ne peut plus s’en passer.
Ce processus n’est pas toujours idyllique. Certains acteurs perdent en chemin leur sécurité, leur statut, leur intérêt au travail et ont plus de mal à se reconstruire que celles et ceux qui s’inscrivaient d’emblée dans de trajectoires changeantes et évolutives. Je leur recommande de narrer leur trajectoire douloureuse et d'envisager avec le recul du temps de dépasser les blocages et clivages engrangés sur ce parcours. Au mieux, ils trouvent de nouvelles ressources en eux, le cas échéant la narration est un soulagement cathartique, au pire les souffrances subsistent, mais pas pire qu'avant. L’approche systémique aide à changer et à faire changer sans pour autant être magique.
Pour conclure sur une note gaie, j'ai retrouvé gràce à Bertrand, un ami proche, une citation de Gilles Deleuse : "Le système nous veut triste et il nous faut être joyeux pour lui résister".
Je suis membre actif d’un groupe ECOSYSTEMIC’S pluridisciplinaire de recherche et d’intervention sur les regards et démarches systémiques. Mes pairs publient dans Panodyssey des articles sur nos approches. Estimant que les échanges enrichissent les concepts et les pratiques, vos commentaires font l’objet de débats entre nous.