11 oct 22

Après un dimanche farniente à découvrir les trésors du  marché et un lundi à refaire en solo le tour de l'île, visiter les riches jardins botaniques et faire un peu de snorkelling entre deux averses de pluie, j'ai donc pris ce mardi matin l'avion pour aller aux îles Sous le Vent, tandis qu'Antoine est parti pour la semaine travailler sur une île des Tuamotu.

une dure vie de labeur..

Les îles Sous le Vent, toujours dans l'archipel de la Société, sont un ensemble d'îles au nord est de Tahiti. Pour ma part, je vais visiter cette semaine Raiatea-Tahaa et Huahine, mais mon avion fait  d'abord escale à Bora-Bora, la perle du Pacifique, mondialement connue pour son lagon bleu turquoise. Allez, je ne vous laisse pas patienter, voici quelques photos glanées de l'atterissage et du redécollage... :-)

J'atterris donc à Raiatea où je suis accueilli par Tomy, un insulaire d'une cinquantaine d'années originaire d'ici chez qui je vais habiter pour les prochains jours, en pension familiale/airbnb. Après avoir fait les présentations et quelques courses, défini mes souhaits d'activité pour les jours à venir, il me propose d'aller pêcher avec son neveu et son bateau. L'occasion pour moi de traverser le lagon et de pouvoir admirer de plus près ces fameuses eaux turquoises...

Je vous avais décrit brièvement à la fin de l'article "une terre gorgée d'eau" la formation géologique des îles ; je vous la remets ici pour bien vous familiariser avec les termes. 

Les îles naissent de l'eruption d'un volcan actif océanique ou s'il est suffisamment puissant, d'un volcan aérien. Elles forment alors une île haute. Puis conformément à la tectonique des plaques, elles dérivent de 10cm/an, s'éloignant du point chaud et s'affaissant également de 1cm/an (la subsidence). Le volcan toujours actif, une nouvelle île se créé puis dérive, donnant ainsi lieu à la formation d'un chapelet d'îles. 

Se forme alors sur les flancs immergés de l'île une frange de coraux, donnant naissance à un récif dit frangeant. Puis au fur et à mesure que le récif se développe et que l'île s'affaisse, le récif s'élargit, donnant lieu à la création un récif dit barrière, circulaire autour de l'île. En son sein se forme le lagon, cette zone d'eau peu profonde aux eaux turquoises ou cristalline si caractéristique qui entoure les îles. Enfin, l'île continue de s'affaisser, ne reste plus que la couronne corallienne entourant le lagon, donnant naissance à ce qu'on appelle un atoll.

L'archipel de la Société est ainsi un archipel jeune, composé principalement d'îles hautes. Maupiti, à l'extrême nord ouest, est ce qui se rapproche de l'atoll ; Tahiti étant l'île la plus récente et la plus haute de l'archipel.

Le lagon est donc cette couronne d'eau peu profonde qui entoure l'île, ou ce lac maritime intérieur dans le cadre d'un atoll. Il est délimité par la barrière de corail sur laquelle viennent s'échouer les vagues, le protégeant de la houle et lui donnant un cadre d'une grande tranquilité. Le fond du lagon se tapisse de sable de différentes couleurs  selon les îles et les endroits. A Tahiti, le sable est très noir, sauf à certains endroits de la côte ouest. Sur les autres îles de la Société et notamment aux îles sous le vent, c'est du sable blanc. C'est en fonction de la profondeur de l'eau sur fond de sable blanc que le lagon peut prendre ces dégradés de couleurs vert/bleu turquoise si somptueux et caractéristique, comme à Bora Bora.

Au fond se développent à partir de la roche des amas de coraux, que l'on appelle les patates, et tout une vie sous marine riche et abondante de petits poissons multicolores que l'on peut observer avec masque et tuba. On peut également y croiser des petits requins ou des tortues par moments. L'eau est à ce niveau très peu profonde, entre 1 et 5 mètres. Ce sont ces patates sur fond de sable blanc qui donnent au lagon cet aspect tacheté vu des airs. 

les Coraux, malgré leur apparence, sont des animaux ! C'est en fait une multitude de microorganismes, les polypes, qui s'unissent dans une ossature calcaire qu'ils produisent selon un processus chimique complexe. Ce sont donc de véritables êtres vivants, qui croissent au fur du temps et qui prennent alors des formes diverses de champignons, de branches, de bouquet, de vegetation, amenant facilement par leur aspect à les confondre avec un élément de la flore.

Son développement, fragile, nécessite de nombreuses conditions :  outre des eaux chaudes (25-28°), une faible profondeur, une bonne visibilité pour laisser correctement passer la lumière (peu d'algues ou de planctons) et une bonne protection des intempéries (que lui apporte le récif), il nécessite également un haut degré de salinité.

Ceci explique ainsi les passes, ces trous dans la barrière circulaire de corail, plus profonds, qui se situent souvent à l'embouchure des rivières qui abaissent alors le niveau de salinité du lagon. Ces passes sont des lieux d'entrée et de sortie pour la bonne circulation de l'eau du lagon d'abord, pour les bateaux ensuite. Enfin, ce sont des endroits très appréciés des poissons pélagiques (du large), où l'on peut y croiser des dauphins, des requins, et même parfois les baleines avec leur petit baleineau !   

Enfin, que ne serait le lagon sans les motus, ces petits récifs ou îlots qui parsèment de ci de là le lagon, sur lesquels se développent tout une végétation de cocotiers et de plantes fourragères, contribuant à parfaire l'image parfaite de la carte postale ? 

Pour ma part donc, l'après midi passée sur le bateau nous a permis de croiser tout un colonie de dauphins qui ont suivi les flancs du bateau, de faire un peu de snorkelling au large d'un motu et d'y apercevoir brièvement nager une tortue, puis d'aller au large observer le neveu et son ami pécher à la traine (grosse canne à pêche qui dérive lors de la progression du bateau), au jig ( bateau à l'arrêt en eaux peu profondes (80-100m), leurre plombé qu'on remonte brusquement pour tenter d'accrocher des poissons de moyens calibres), puis en pêche sous-marine (les cocos plongent en apnée jusqu'à 15-20m de profondeur pendant plusieurs minutes !).

L'occasion pour moi également d'entrevoir au loin quelques baleines, d'observer les rouleaux se former et s'échouer sur la barrière, de patienter, tranquillement, et d'admirer la côte verdoyante, les couleurs bleus turquoises du lagon, de voir défiler les averses de pluie et d'admirer quelques arc en ciel.