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Rapace

Rapace

Veröffentlicht am 13, Juli, 2025 Aktualisiert am 13, Juli, 2025 Science fiction
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Rapace

Les rapaces sont fascinants. Situés dans le réseau trophique, au sommet de la pyramide alimentaire, ils possèdent une vue incroyable. Leurs yeux occupent les deux tiers de l’espace du crâne et leur odorat est particulièrement bien développé. Il y en a de toutes sorte. Certains parait-il sont pyromanes. Il a été observé en Australie un phénomène étrange. Le Milan siffleur va déplacer des brindilles enflammées dans des zones intactes afin de faire fuir les animaux qui s’y trouvent.

Les yeux de Sylvain occupaient une place normale, au-dessus du nez, en dessous du front, l’espace étant respecté. Il sifflait de temps à autre surtout lorsqu’il obtenait ce qu’il avait convoité un long moment. Le soulagement se manifestait de cette manière. La gratification venait ensuite. Il déplaçait ses brindilles comme des pions afin d’obtenir ce qu’il voulait. Le feu était intérieur, la pompe à incendie n’étant pas loin. Aussitôt allumé, il l’éteignait comme si la seule flammèche était suffisante à lui procurer la satisfaction nécessaire à son épanouissement. Il la rallumait finalement et la voyait envahir un espace non défini. Elle tournoyait, embrasait une partie de son corps qui sous la chaleur picotait, se mouvait, se tortillait de douleur mais aussi de plaisir. Au moment où il pouvait ressentir qu’elle n’était plus maîtrisable, il posait une chape sur les flammes. Cette chape était métallique par endroit, d’une matière plus douce à d’autres mais elle recouvrait au millimètre près l’étendue du feu. Elle le circonscrivait parfaitement si bien qu’il disparaissait comme happé, comme s’il n’avait jamais existé. Pas un crépitement, aucune odeur de brulé, ni vu ni connu, Sylvain profitait alors de cette sensation unique d’une fascination rassasiée, d’une petite mort, d’un étourdissement encore présent. Cela se répétait de manière systématique dès lors qu’une frustration venait prendre toute la place. Il s’isolait, chez lui, au travail, dans un coin et procédait à cet étrange assouvissement, la tension ressentie disparaissant alors.

Sylvain avait peu d’amis. Il essayait, se tordait dans tous les sens, gesticulait devant ces gens qui le trouvaient étrange. Il avait cet air très détaché, un regard froid et quelque peu menaçant. Il était très perturbant pour qui croisait son chemin. Sylvain performait dans ce qu’il entreprenait. Méthodique, pourvu d’une rigueur incroyable, il était organisé et savait où il allait. Au travail, ses supérieurs passaient sur sa personnalité borderline, ses chiffres étaient excellents et il était un très bon élément.

Le feu il le connaissait bien. Il le maîtrisait, il le convoitait. Petit, il craquait une allumette, la laissait se consumer jusqu’à ce la flamme orangée touche ses doigts. Le plaisir était alors incroyable. Lorsque la douleur prenait le pas sur son excitation, il soufflait dessus et se reposait un moment, heureux de cette délivrance. Sylvain avait conscience de la nature perverse de son activité, s’était documenté. Il n’était pas vraiment pyromane. Il avait eu envie quelques fois de mettre le feu à une poubelle, plus petit, à un bâtiment une fois, juste une. Sa chape morale le lui avait aussitôt interdit.

Lorsqu’il rencontrait quelqu’un, il parvenait à entrevoir un lieu associé. Une personne : un lieu. Pour cette jeune femme : une île. Il la voyait. Palmiers, plage, eau : une étendue qui est bien difficile à enflammer. Cette eau était reposante, comme l’eau de sa douche qui venait éteindre son feu. Cette femme l’apaisait. Tout chez elle était d’une fluidité incroyable. Il liait cela à son lieu intime, à cette mer douce calme que les flemmes ne peuvent atteindre. Il se sentait enveloppé par son regard, allumé par un désir autre que celui qu’il ressentait habituellement. L’eau était là pour circonscrire le feu et cela le rassurait beaucoup. La plage, il désirait malgré tout parfois l’embraser. Elle ne le regardait pas, il la sentait trop indifférente un jour, il parvenait alors à voir son île et à débuter un feu de forêt. Il utilisait pour l’éteindre, un canadair, et le calme revenait. Il se disait qu’il arriverait un jour à pénétrer son esprit et à s’y trouver avec elle … Une effervescence soudaine l’extirpe de ses pensées. Ses collègues s’agitent, parlent fort, le caractère urgent de la situation étant visible.

Sabine n’a pas donné signe de vie depuis deux jours. Elle a disparu comme volatilisée. Sylvain revient sur son parcours mental. Avec méthode, il se replonge dans sa journée de lundi. Sabine, la plage, elle lui dit qu’il n’a pas fourni des résultats concluants sur leur travail commun. Quelques secondes après, il embrase la forêt, la voit quelque peu défaillir puis reprendre son chemin. Une envie de laisser faire le pénètre. Cette fois-ci le canadair ne viendrait pas éteindre l’embrasement, elle est allée trop loin. Il s’en va la laissant à son sort. Il ne l’avait pas revue depuis. Et personne ne l’avait revue depuis. Il essaye de se connecter à elle alors, d’aller sur son île avec un désir de réparation, pour la sauver. Il perçoit des flammes, Sabine au milieu. Elle crie. Il se sent se transformer soudainement. Un bec, ses yeux s’élargissant alors pour remplir la quasi-totalité de son crâne. Dans ses serres, des brindilles enflammées. Le Milan siffleur ne peut se retenir, une brindille volant sur les cheveux de Sabine. Elle crie, il est trop tard. Elle se consume sous les yeux du rapace. Il est trop tard pour lui aussi, la Police est à sa porte. L’endroit intime de Sabine, son appartement et un mode opératoire bien établi : le feu était intérieur. La conscience altérée, c’est une simple cordelette qui était venu opérer pour le soulager, pour que la tension disparaisse et qu’enfin il puisse revoler. Il parait que certains rapaces sont pyromanes.

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