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La machine qui pense - 1/3

La machine qui pense - 1/3

Veröffentlicht am 14, Juli, 2025 Aktualisiert am 14, Juli, 2025 Science fiction
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La machine qui pense - 1/3

EMEPEM

La machine qui pense




« Voici votre nouveau… multraphone ! Avec

son forfait à très haut débile laissez-vous porter par

vos morceaux de multrap préférés sans

interruption, où vous voulez, quand vous voulez !

Parlez-lui directement : ‘‘Wesh Wesh

multraphone !’’ Et son écran peut résister au

piétinement d’un rhinocéros ! Même s’il n’existe

plus aucun rhinocéros, hé hé ! Achetez votre

multraphone dès maintenant, parce qu’il n’en reste

que 70 millions en stock ! [Multraphone 2.0 version

37. Seulement 37 EMEPEM.] »



Encore, encore et encore, cette publicité

résonnait en boucle sur les innombrables écrans du

gigantesque centre-ville de Multrapolis.

Multrapolis, cette ville surnommée la « jungle

urbaine » s’étendait sur l'infini et puisait sa source

dans les nappes fossiles. Ses canalisations

s’enfonçaient profondément pour puiser les

liquides précieux, telles des racines métalliques.

Une étendue de bâtiments centenaires avec leurs

branches d’acier et leur tronc en béton armé

peuplait Multrapolis. Le ciel était noirci par les

essaims d'hélicoptères et de jets privés qui

virevoltaient entre des tours de fer. Sur le sol froid

et dur, ça grouillait de petites bêtes qui couraient

dans tous les sens. Elles s’abreuvaient dans des

stations-services en buvant goulûment leur nectar

noir et gluant. Entre ces bêtes sauvages assoiffées,

le sol fourmillait d’une infinité de minuscules

bestioles affolées se déplaçant comme une vague

interminable, capable de s’infiltrer dans la ruelle la

plus étroite. Toute cette jungle urbaine était l’œuvre

de ces innombrables créatures, minuscules mais

diablement inventives !


« Voici votre nouveau… multraphone ! Avec

son forfait à très haut débile laissez-vous porter par

vos morceaux de multrap préférés sans

interruption, où vous voulez, quand vous voulez !

Parlez-lui directement : ‘‘Wesh Wesh

multraphone !’’ Et son écran peut résister au

piétinement d’un rhinocéros ! Même s’il n’existe

plus aucun rhinocéros, hé hé ! Achetez votre

multraphone dès maintenant, parce qu’il n’en reste

que 70 millions en stock ! [Multraphone 2.0 version

37. Seulement 37 EMEPEM.] »


« EMEPEM » Personne ne faisait attention à ce

mot. Nul ne savait ce que ça voulait dire, d’ailleurs.

On parlait de ces EMEPEM dans chaque publicité

mais le message passait inaperçu aux oreilles des

Multrapolitains. De toute façon, tout ce qui était

avant l’arrivée des biens de consommation, c’était

du passé ; et tout ce que deviendront les biens après

leur utilisation, du futur. À Multrapolis, il n’y a que

le moment présent qui compte.

Cependant, qu’on le veuille ou non, de

nombreux EMEPEM se cachent derrière chaque

bien de consommation produit par la marque

Multra Omni Industries. Surtout derrière les

technologies de pointe comme les multraphones.

Or, pour le savoir, il fallait quitter la jungle urbaine.

Multrapolis est en réalité une plaque flottante,

dont la surface approche celle d’un pays tout entier.

La superstructure, dont la taille dépasse

l’imaginaire, se déplace à travers les océans sur la

planète Multerra – autrefois appelée la planète

Terre. Ce n’est pourtant pas un continent ni un pays,

c’est une ville ! Multrapolis : une ville, ou plus

précisément une ultrapole. On est bien loin des

vieilles métropoles du second millénaire car les

habitants s’y comptent par centaines de millions !

Le groupe Multra Omni Industries a bien réussi son

projet.


Pour alimenter l’insatiable ville qui consomme

les trois-quarts des ressources de la planète

Multerra, des milliers de bateaux de livraison font

la navette entre la superstructure et les continents.

Curieusement, les deux marchandises les plus

courantes ne sont pas des denrées alimentaires. Il

s’agit d’abord des caisses de multraphones, ainsi

que des paquets de merveilles – autrefois appelées

des cigarettes. Ces petits rouleaux composés

d’herbes et de produits de toutes sortes constituent

une importante source de bonheur pour les

habitants de Multrapolis, tout comme les

indispensables multraphones. Ces appareils de

haute technologie sont conçus dans le Quart-

Monde, et plus précisément dans l’Ouest du

continent asiatique. Un pays est entièrement dédié

à leur conception : le Factorystan.



Sur les côtes désertiques du Factorystan, loin de

la gigantesque ville de Multrapolis, un nouveau

bateau de livraison accostait sur le quai. Il était

plein à craquer de multraphones dernier cri. De

nombreux camions transportaient la précieuse

cargaison à travers le désert jusqu’au port le plus

proche. Et il fallait aussitôt repartir aux bâtiments

de production. Cette routine perpétuelle de

transport de marchandises ne datait pas d’hier, sur

la planète Multerra. Les multraphones étaient de

grands voyageurs !

Sur le tapis roulant de l’Usine, cartes mères,

circuits électroniques et autres supports défilaient

par milliers pour se faire habiller de diverses pièces

complexes par de petites mains habiles. Pas de

robots ou de machines, mais presque. Des

EMEPEM : Enfants Menés en Esclavage pour

chaque Produit Elaboré par Multra.

Une main d’œuvre très bon marché, presque

plus productive que les usines entièrement

robotisées de l'Occident. Dans chacune des usines

de Multra Omni Industries, un seul mot

d’ordre régnait : productivité.

On naissait sous les néons de l’Usine, entre les

murs de l’Usine. On était maintenu en vie par

l’Usine, pour l’Usine. On mourrait entre les murs

de l’Usine, sous les néons de l’Usine. L’existence

des EMEPEM était ainsi, dans l’Usine.

Productivité.


L’interminable rangée d'EMEPEM ressemblait

à une gigantesque scolopendre couchée sur son

flanc, dont les innombrables pattes s’activaient sans

relâche, exerçant un travail déshumanisant.

L’insecte colossal répondait au mot d’ordre :

productivité.

Parmi ces centaines de milliers d’EMEPEM se

trouvait un enfant de huit ans, aussi vieux que les

autres, impossible à différencier. Pour lui, comme

pour les autres, la notion d’« extérieur » n’existait

même pas, et l’ « intérieur » non plus, par

conséquent. Peut-on dire qu’il vivait ? Non, mais il

existait. Ce corps maigre et affaibli, recouvert d’un

tissu morcelé, était destiné à être un objet animé. Sa

chevelure lourde et grasse tombait sur ses yeux

verts, qui suivaient machinalement chaque objet

défilant devant lui. Entièrement dominé par les

réflexes, son corps répétait sans cesse la même série

de mouvements :

Presser. Insérer. Optimiser. Nettoyer.

Aucun maillon de la chaine n’était

irremplaçable. Le mille-pattes pouvait se séparer de

quelques-uns de ses segments. Ainsi, dès qu’un

EMEPEM se retrouvait inapte au travail, on le

remplaçait : ne jamais arrêter la chaine de

production ! Le mot d’ordre était toujours le même.

Productivité


Debout depuis plus de dix heures d’affilée,

l’enfant produisait.

Presser. Insérer. Optimiser. Nettoyer.

Son bras droit le démangeait beaucoup mais,

pour avoir l’autorisation de se gratter, il devait

encore attendre sa pause.

« J’ai d’la chance quand même… se disait-il

parfois. J’peux pas m’plaindre, moi. Dans même

pas deux heures j’ai ma pause de 37 minutes. J’en

connais un, le numéro 20EM37, qu’a même plus de

pauses, depuis qu’il a 10 ans ! »

Entre EMEPEM, on ne discutait pas souvent et

on n’avait pas le temps de jouer, encore moins de

devenir amis. Ce n’était pas du tout le mot d’ordre

non plus. Pas d’humanité. Pas d'activités.

Productivité.

On ne leur enseignait pas, on les éduquait :

Comment presser. Comment insérer. Comment

optimiser. Comment nettoyer.

Régulièrement, des contremaîtres passaient

derrière les interminables files d’EMEPEM. Ces

hommes munis d’une carte passepartout à leur nom

et d’une arme n’avaient rien à craindre de ces

chétifs enfants, mais c’était la procédure de l’Usine.

Autant dire que, sans compter les contremaîtres, la

sécurité n’était pas le mot d’ordre. Le mot d’ordre

était plutôt : productivité.

À huit ans, sa curiosité l’alertait à chaque bruit

anormal. Lorsqu’une porte juste derrière lui claqua,

il regarda furtivement : un contremaitre utilisait sa

carte passepartout pour fermer la porte après son

passage. Puis il passa précipitamment derrière

l’EMEPEM, qui était à nouveau concentré sur ses

tâches.


Presser. Insérer. Optimiser. Nettoyer.

Il était tellement absorbé par ses sensations – la

lumière intense des néons, le bruit mécanique des

engrenages de l’Usine, ses démangeaisons au bras

droit – qu’il ne remarqua même pas que le

contremaitre fit tomber un objet en passant. Ce ne

fut qu’après deux heures, en se retournant pour

prendre sa pause, que l’EMEPEM le remarqua.

Curieux, il se pencha pour le ramasser. « Une carte

passepartout ?! » pensa-t-il, stupéfait. Ses yeux

verts, mi-clos, s’étaient ouverts brutalement. Il

savait que cet objet précieux permettait de

déverrouiller les portes de l’Usine et ressentit alors

l’envie d’essayer d’ouvrir celle située derrière lui.

Passer cette porte était formellement interdit,

l’EMEPEM s’en doutait bien. Malgré tout, elle ne

se trouvait qu’à quelques pas de lui ; le contremaitre

était déjà loin ; la carte passepartout était entre ses

mains. Quand toutes les conditions sont réunies,

impossible de résister ! Sans savoir pourquoi,

l’EMEPEM s’avança vers la porte, puis il se

rappela comment le contremaitre l’avait

déverrouillée. Avant de passer la carte passepartout

dans la fente, il ferma les yeux en espérant que

personne n’allait le repérer.

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