Il est des soirs auxquels on ne s'attend pas...
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Il est des soirs auxquels on ne s'attend pas...
« Et alors, il danse le pilier de comptoir ? »
Voilà, il est plus de minuit, on est jeudi, et je viens d’accoster ce gars au bar comme un gros routier polonais…
Attention qu’on se comprenne bien, je n’ai rien ni contre les routiers, ni contre les gros, ni contre les polonais, juste là, vraiment, c’est la seule expression qui me vient…
Et je ne suis pas en mode routier à la Jean Yann, je suis totalement nulle en musique classique.
J’ai deux grammes dans chaque poche. Je n’ai clairement plus aucune dignité. Ma pote est en train de danser sur le bar. Elle est belle. Elle a l’air plus classe que moi dans ces moments-là. On hurle sur Dalida, Mike Brant et autres chansons niaises des années 80 depuis une heure. Je nie totalement le fait que je suis gravement pompette et que j’avais dit 21 heures maximum. Demain ça va être le drame !
Je tends la main à ce type qui me regarde avec son sourire narquois.
« Non, il danse pas le pilier de comptoir. »
Flûte, même avec quatre grammes, je prends bien conscience que je viens clairement de me prendre un vent, en toute amabilité, certes, mais un vent quand même.
Je cherche une pirouette. Y’en a un autre derrière, moins mon genre mais je vais essayer de m’en sortir.
« Et son pote ? Il est plus téméraire ? »
Il accepte. Ouf !
Mon pilier ne me quitte plus des yeux. Il n’est pas dupe. Il se marre à l’intérieur ça se voit. Ses yeux sont tout plissés.
Ce slow n’en finit pas du coup. Et même si je remercie ce type de ne pas m’avoir laissée ramer, c’est numéro un qui me plaît.
Je fais donc semblant de laisser tomber. Je retourne sautiller n’importe comment avec les copains et puis en allant remplir mon godet au bar, je tente une discussion surement totalement inintéressante mais on n’en est plus là.
Je fais la mariole. Je raconte des bêtises. C’est énorme mais je m’en fou, je veux juste qu’il se passe un truc dans ma putain de vie. Je crois aussi que j’ai faim. Faim de lui, ici et maintenant… alors, mon état expliquant tout à défaut d’excuser, je lui dis :
« Il ne danse pas, c’est acquis, mais il embrasse ? »
« Il embrasse… »
Et Pan, pas de cérémonie supplémentaire, tout le monde sourit et nos langues s’enroulent indécemment l’une contre l’autre devant tout le monde.
Je n’avais pas grand espoir en cette expérience mais c’est un baiser délicieux, tendre, sensuel… Et c’est assez rare pour être noté ! Une bonne pelle quand même, c’est magique !
Je m’accroche à son cou pour mieux le sentir. Je me sens projetée dans un bain émotionnel et sensoriel totalement inadapté à la situation. Quand je relève les yeux, il a l’air content de lui. Et il peut. J’en reveux… J’y retourne direct. Il étouffe un petit rire.
Je me sens à la limite de l’inconvenance…
Les copains continuent de sauter autour de moi mais tout devient ouaté. La musique ronronne mais je ne l’entends plus.
Il n’y a plus que sa langue douce et ses yeux rieurs.
« Oh ma poule ! Faut laisser le monsieur tranquille là… ! » Une main sur mon épaule, mon pote de trente ans tente de séparer la bernique du rocher mais mon rocher est en pleine en forme et lui réponds gentiment :
« Le monsieur gère ! ». Je souris bêtement. Il me serre contre lui et remet sa langue dans ma bouche où elle a l’air d’avoir trouvé une bonne cachette.
Ça remue autour de nous. Le bar va fermer. Je me sépare à regret de sa chaleur. Les copains m’attendent en ricanant. Je n’ai pas ma voiture, tant mieux ou tant pis. Je ne sais plus rien…
Je remets mon manteau. Je salue dignement.
Et dans un dernier élan, mon joli pilier tout souriant, m’enlace, m’embrasse et murmure à mon oreille :
« Ma langue et plus encore pourrait y passer la nuit… »
Merci beaucoup à mon amie Delphine, Mlle Didou, pour les dessins de Lutins malicieux ! N'hésitez pas à aller mater son site ! Et à la tanner pour qu'elle publie sur Panodyssey !
Luce vor einem Tag
merciiiii Jc 😘😘
Jean-Christophe Mojard vor einem Tag
J'adore ces bribes d'éternité qui se figent sur le papier électronique de mon écran, mais bien plus encore quand elles s'inscrivent dans la rêvalité de ceux qui les écrivent.