Iwao Hakamada, le prisonnier qui a attendu 48 ans son exécution
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Iwao Hakamada, le prisonnier qui a attendu 48 ans son exécution
Arrêté en 1966 pour le meurtre de 4 personnes, Iwao Hakamada a été condamné à mort dans des conditions qui ont toujours été remises en cause par sa famille. D’abord seuls à lutter pour obtenir une révision du procès, ses proches ont réussi à attirer l’attention des médias et à s’entourer d’avocats. Une procédure judiciaire qui dure encore.
Le crime
En 1966 dans la petite ville de Shimizu, un incendie se déclare dans une maison. À l’intérieur, la police découvre les corps de 4 personnes poignardées à mort : le patron d’une usine de miso, sa femme et ses deux enfants. Rapidement, les soupçons se portent sur les employés de l’usine qui vivent dans des bâtiments de fonction non loin de là. Parmi eux, Iwao Hakamada était seul le soir du crime et n’avait donc pas d’alibi.
Il est arrêté, placé en garde à vue pendant une vingtaine de jours et subit 264 heures d’interrogatoire dans des conditions extrêmes à l’issue desquelles il signe des aveux. Dans les lettres qu’il écrira par la suite, il reviendra sur cette déclaration et affirmera être innocent.
Iwao avoue ainsi avoir voulu cambrioler son patron mais s’être fait surprendre. Pour ne pas être arrêté, il a poignardé tous les témoins et mis le feu pour maquiller ses meurtres en accident. Il a ensuite confié les 50’000 yens dérobés à une complice.
Des preuves falsifiées ?
Peu après ces aveux, la police reçoit un paquet anonyme contenant 50’000 yens. Tous les numéros de série sont brûlés et sur l’un d’eux, le prénom d’Iwao est inscrit. Aucune explication n’est donnée sur la réapparition de ses billets de banque.
Une année après l’arrestation, l’usine procède au nettoyage de ses cuves de miso et trouve au fond des vêtements tachés de sang qui sont de la taille de Hakamada. Le groupe sanguin correspond à celui du suspect, mais ses proches s'interrogent : pourquoi aurait-il jeté ses vêtements là alors que l’usine avait une chaudière qui les aurait réduits en cendres ?
Malgré ses éléments douteux, les juges condamnent bel et bien Iwao Hakamada à mort. Il faut savoir qu’au Japon, 99,9% des accusés sont condamnés. La faute à un système de promotion très fort : les juges qui prennent des décisions “hors normes” sont écartés dans des petites provinces. Dans cette affaire, la pression médiatique pour trouver le coupable rendait la condamnation préférable pour la justice.
Un long combat pour la vérité
La soeur d’Iwao, Hideko, va continuer de lutter pour la révision du procès de son frère. Dans le système judiciaire japonais, l’accusation n’est pas tenue de transmettre ses pièces à conviction à la défense qui doit mener sa propre enquête. En 1981, Amnesty International soutient Iwao Hakamada mais la demande est rejetée.
Hideko ne l’abandonne pas, elle continue de lui rendre visite, mais un événement vient aggraver la situation : le voisin de cellule d’Iwao est exécuté. Il se referme alors sur lui-même et sombre petit à petit dans la paranoïa et la folie. Alors que sa sœur s’adresse à lui en utilisant son nom, il lui répond qu’Iwao est déjà mort et qu’il est maintenant le grand empereur mais qu’on tente de l’empoisonner. Pourtant, rien ne peut décourager ses proches qui continuent leur lutte pour sa libération.
En 2008, l’un des trois juges qui avaient condamné Iwao Hakamada déclare qu’il le pensait innocent, mais qu’il n’a pas su convaincre ses collègues et qu’il a donc dû déclarer Iwao coupable malgré ses propres convictions. 6 mois après, il démissionnait, incapable de se défaire de son sentiment de culpabilité.
La Cour Suprême du Japon finit par donner suite à la demande de révision et l’accusation doit notamment remettre une copie de toutes les pièces à conviction dont beaucoup semblent plutôt prouver l’innocence d’Iwao. La défense découvre ainsi que les vêtements retrouvés dans les cuves sont à peine teintés de miso et que le sang ne correspond ni à celui des victimes, ni à celui d’Iwao.
Devant ces nouveaux éléments, la justice japonaise accepte la révision du procès en 2014 et Iwao est libéré 48 ans après avoir été arrêté. Sa sœur l'accueille chez elle et prend soin de lui. Il continue de tenir des propos incohérents et ne parle presque pas avec son entourage, mais il semble apprécier d’être entouré, lui qui est resté isolé pendant près de 5 décennies.
En 2020, la Cour Suprême a demandé à la Cour de Tokyo de rejuger Iwao Hakamada afin qu’il puisse être officiellement innocenté.
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Crédits photos :
Les images sont tirées du documentaire de Louis Dai "Hakamada, 48 ans dans les couloirs de la mort"