Dans un contexte mondial de progression des régimes autoritaires, les démocraties semblent de plus en plus fragiles.

Il est de notre devoir de citoyens de savoir identifier, interpréter et combattre les différents événements qui peuvent mener nos pays vers des dérives autoritaires.

Nous assistons depuis des années au recul des avantages sociaux durement acquis au cours des XIXe et XXe siècles. À tel point qu'il est devenu commun d'appeler cela une victoire lorsque le gouvernement français recule un tout petit peu sur une de ses nombreuses mesures impopulaires.

Je tire donc la sonnette d'alarme. Ces victoires qui n'en sont pas devraient nous alerter sur ce qu'il se passe en France depuis plusieurs années maintenant, mais le summum du bafouement de la démocratie s'est produit très étrangement dans le calme à l'été 2024 et là où l'on pouvait s'y attendre, eh bien la France n'a pas brûlé...

Et c'est d'autant plus inquiétant. Car c'est un véritable hold-up qui a eu lieu et pas par n'importe qui, mais par le chef de l'État lui-même: J'ai nommé monsieur Emmanuel Macron.

Mais avant tout je vous propose une petite rétrospective.

Retour en 2017, histoire de bien observer l'évolution des forces en présence à l'assemblée nationale.

En 2017, le camp présidentiel obtenait 314 députés. La majorité absolue étant atteinte dès 289, La République En Marche a donc pu gouverner.

En 2022, LREM devenue entretemps "Renaissance" n'obtient plus que 172 députés. Elle ne parviendra pas à obtenir une majorité absolue même en s'alliant avec les Démocrates et Horizon. Atteignant 250 députés, la majorité est relative et l'union est donc légitime à gouverner le pays.

Puis nous arrivons à 2024:

Voici les résultats de l'élection au soir même du second tour.

Nous serons tous d'accord pour dire que l'on voit alors apparaître une assemblée très fragmentée entre trois blocs principaux: le NFP de gauche, l'union "Ensemble" puis le Rassemblement National et leur alliés Ciottistes.

En temps normal, il serait légitime que le Nouveau Front Populaire soit appelé à tenter de former un gouvernement mais ce n'est pas ce qu'il va se passer.

Car Emmanuel Macron, qui visiblement sait mieux ce que pensent les français que les français eux-mêmes en dira "les français ne veulent pas de la gauche". Ah bon? Mais... et le résultat des urnes, monsieur le président? C'est du flan?

Nous avons alors assisté à ce qu'il semblait encore impossible il y a très peu de temps:

Les Républicains et Ensemble vont s'allier APRÈS LA BATAILLE!

Pour rappel le groupe des Républicains a choisi de faire campagne contre Emmanuel Macron et en s'opposant à lui au maximum. Les français ont donc voté pour un parti se présentant comme des opposants à Ensemble. Eh bien ces mêmes français doivent être ravis de voir leurs rêves s'envoler très vite. Oui vous avez été trahis car LR ne sera pas un opposant, mais bien le plus fidèle allié d'Ensemble.

Je ne compte même pas les électeurs du NFP qui se sont mobilisés en masse pour faire gagner leurs candidats, mais également pour faire barrage à l'extrême droite partout où cela était possible, ravalant leur fierté et allant voter parfois pour des candidats d'Ensemble...

Malgré tout, la victoire du NFP est indéniable, d'une courte tête, certes, mais une victoire tout de même.

La logique de la tradition républicaine aurait été la suivante:

Le président aurait dû appeler Mlle Lucie Castets, candidate au poste de 1er ministre à tenter de former un gouvernement. Un gouvernement légitime.

Peut-être ce gouvernement aurait-il été rapidement censuré, peut-être pas... Nous ne le saurons jamais puisque Emmanuel Macron n'a même pas voulu envisager cette possibilité.

À la place, la bonne vieille alliance Ensemble-LR prend le pouvoir par sa simple volonté, au mépris des urnes (et des campagnes anti-Macron de LR) et forme alors un gouvernement tout ce qu'il y a de plus illégitime. Que pourrait-il bien se passer de mal après tout?

Ce qu'il pourrait bien se passer de mal?

Eh bien tout ce que l'on voit depuis lors:

Une assemblée bloquée.

Un gouvernement illégitime, désavoué par deux fois dans les urnes aux européennes et aux législatives.

Un premier gouvernement censuré, puis un second où l'on vît miraculeusement revenir pas moins de 14 ministres du précédent gouvernement censuré.

À ce niveau-là c'est de la magie!

La parole des français n'a jamais été aussi bafouée, mais en plus on nous ressert des ministres parmi les plus honnis: Manuel Valls, Bruno Retailleau et j'en passe...

2024 restera dans les mémoires comme l'année du déni de la Démocratie. On se souviendra longtemps d'Emmanuel Macron comme d'un président ne respectant rien ni personne. Ni les français, ni les dirigeants étrangers. Personne.

Nous finirions sur cette une du magazine allemand "Der Spiegel" datée du 14 Octobre 2017 et qui aurait peut-être dû nous alerter.

Emmanuel macron: "Je ne suis pas arrogant. Je fais et je dis ce que je veux."