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22 juillet 2018, Commissariat central d’Ajaccio, 12h45
L’inspecteur Barot, qui pourtant avait repris confiance ces derniers jours, semble s’être levé du mauvais pied lorsqu'il s’approche de Braun. Il lui a demandé de convoquer l’homme impérativement. Ce qu’il a fait.
Barot a les traits tirés lorsqu'il s’approche d'eux. Braun comprend qu'il s’agit d’une mauvaise nouvelle.
L’homme a repris un peu des couleurs en deux semaines. Il ne se remettra sûrement jamais de ce qu’il lui est arrivé mais il peut apprendre à vivre avec, même si un poids reposera désormais toujours sur son cœur.
-Bon j’ai de mauvaises nouvelles.
L'homme fronce les sourcils.
-Mauvaises c’est-à-dire ? Demande Braun.
Il préfère être franc.
-J’a parlé au proc ce matin, il veut clôturer l’enquête.
-Hein ? Mais pourquoi ? On c’est qui sait on doit juste le retrouver c’est…
-Oui mais on a aucune preuve qui puisse condamner Fritini, l’interrompt Barot. Ça fait un mois qu’on le cherche et on a toujours rien. Même si on l’arrêtait et on l’interrogerait, une vidéo Photoshopée ou faire du canoé sur le lieu du crime selon le proc n'est pas une preuve suffisante. « Il faut du concret » imite-t-il d’une voix grave et autoritaire. Tant qu’on aura pas trouvé son ADN sur l’arme du crime on ne pourra rien contre lui…
-Mais non ! S’exclame l’homme. Il a mon fils ! On doit retrouver mon fils !
-Malheureusement on a aucune preuve qu’Ezéckiel est vivant. Sur les papiers même si le corps retrouvé n’était pas le sien, il est déclaré mort…
L’homme s’énerve et tape du poing.
-Et Jeanne alors hein ? Personne ne veut arrêter son meurtrier. Personne ne veut retrouver mon fils ! NON MAIS JE RÊVE ?!
-Calmez vous ! S’exclame Barot. Écoutez je suis désolé mais c’est comme ça. Dans la police on travaille sur plein d’affaires. Lorsque ça fait plus d’un mois qu’on cherche et qu’on n’a pas assez de preuves on doit mettre l’enquête de côté.
-C’est hors de question ! Moi j’abandonnerai pas de toute façon. Vous faites ce que vous voulez !
L’homme se lève et s’apprête à partir lorsque l’inspecteur le retient.
-Attendez… Max... Maximilien ! S’exclame-t-il. Je peux vous appeler par votre prénom ? Ça fait un mois que vous nous aidez beaucoup dans nos recherches et je sais à quel point vous teniez à votre femme et votre fils. S’il vous plaît ne faites pas de bêtise inutile.
Il hoche la tête en guise de réponse puis s’en va, déterminé.
3 février 2018, Calvi, 14h03
Sarah est assise sur un transat sur le balcon. Marcellin est à côté d’elle. Un verre d’eau dans la main. Ils ne se parlent pas. Elle ne sait plus quoi lui dire. Il est tellement effondré elle se demande si un jour il sourira de nouveau. On dirait un vieux couple. Ils ne font plus rien ensemble, ne se parlent même plus mais sont à côté tous les deux. Ils se soutiennent par leur présence mutuelle.
Alors, elle s’ennuie et ouvre Facebook sur son téléphone. Elle regarde ses propres publications. Cela fait un an qu’elle n’a rien posté. Depuis ce qu’il s’est passé avec Noah… Le jour où leurs vies se sont effondrée. Pour elle c’était la deuxième fois. La première étant le mariage avec Max. Max. Soudain, elle repense à l’appel de Cléo puis, par curiosité, elle cherche : Maximilien Hatier et clique sur rechercher.
C’est le premier compte sur lequel elle tombe. Elle regarde les photos. Il n’y a que des paysages. Sauf une où on les voit, tous les trois. Max, son fils et…elle. Elle qui lui a volé sa place. Elle qui aurait pu être elle. Son cœur se serre.
Alors, elle regarde le fils de Max et une image lui vient en tête, celle de Noah. Alors, elle repense au mariage, à la lettre, à l’année entière gâchée et elle ne peut pas s’en empêcher. Elle regarde Marcellin assis à ses côtés et dit cette phrase qui a changé leurs vies :
-Cléo m’a appelée il y a quelques jours. Tu sais celle qui travaille à l’hôpital.
Il hoche la tête. Peu intéressé.
-Il paraît que le cœur de Noah à été greffé sur celui d’un autre petit garçon. Un certain Ezéckiel Hatier. A Dieppe.
Alors Marcellin ouvre grand les yeux et pour la première fois depuis un an, il semble avoir retrouvé vie.