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30 juin 2018, Cargèse, 16h50
C’est le sergent Braun qui sort de la voiture en premier, suivi de l’inspecteur Barot. Ils se sont garés sur le parking près de la plage. Il n’y a pas énormément d’habitations autour de celle-ci bien que la petite ville ne soit pas très loin et même accessible à pied. Ils avancent vers la plage et traversent le sable chaud jusqu’à atteindre le bord de l’eau. La plage a été fermée ce matin pour les raisons de l’enquête. Il n’y a personne. Pas même un bateau. L’inspecteur regarde autour de lui, à sa gauche il peut apercevoir une petite cabane de pêcheur qui semble abandonnée. Derrière se trouve un genre de petit château qui semble habité en ce moment et qui doit appartenir à un homme riche qui y passe ses vacances avec sa famille. A droite, trois petites maisonnettes qui semblent habitées par des vacanciers pour deux d’entre-elles. La plage semble si calme à cette heure-ci. L’eau est limpide et turquoise, le sable est doux et fin. La mer est calme. Qui pourrait croire qu’il y a eu un meurtre ici même la veille.
Si quelqu’un a pu voir quelque chose, ce doit être dans l’une de ces trois petites maisons sur le côté. Ce sont les plus proches de la plage et elles ont une vue plutôt dégagée.
Les deux hommes se dirigent vers la première maison. Malheureusement après avoir sonné trois fois et en voyant qu’il n’y a pas de voiture, ils comprennent que ces gens ont dû s’absenter.
Ils se dirigent donc vers la deuxième maison. Les trois sont très semblables, presque mitoyennes. Elles sont dans un style ancien, blanches aux volets bleus avec un petit balcon et un toit en tuiles rouges ainsi qu’une petite terrasse. Sur la deuxième sonnette est inscrite les nom Lefebvre. Braun appuie sur la sonnette. Deux minutes plus tard, une femme brune en sort. Elle ne semble pas surprise de voir la police devant chez elle après tout ce qu’il s’est produit.
-Bonjour Messieurs ! S’exclame-t-elle en leur ouvrant le portillon.
-Bonjour ! Répond l’inspecteur en lui souriant.
Ils s’installent sur la petite terrasse en dalles de pierre blanche.
-Que puis-je pour vous ? Si c’est au sujet de ce petit garçon qui a disparu on est déjà venu nous interroger la semaine dernière.
Elle a un accent parisien. Un accent que Braun ne supporte pas. Son style aussi semble l’indiquer. Elle porte des espadrilles et est habillée d’une tunique blanche très chic, digne de bourgeoisie parisienne.
-Eh bien non, lui répond l’inspecteur, en fait nous sommes ici au sujet d’une autre affaire mais qui a un lien avec la disparition de cet enfant. Je ne peux pas vous communiquer d’informations pour le moment. Nous voulions juste vous demander si vous avez pu entendre ou remarquer quelque chose d’anormal hier matin entre six heures et sept heures vous ou votre… mari.
Dit-il en remarquant un homme sortir vers la terrasse et se diriger vers eux.
-Oh, je vous présente mon petit ami William dit-elle, en le corrigeant.
Les deux hommes le saluent.
-Eh bien entre six et sept heures je dormais, je ne suis pas vraiment du matin, dit-elle en riant.
Sa posture arrogante et son air hautain énerve Braun, en plus de son accent. Elle est assise, les jambes en tailleur et vient d’allumer une cigarette qu’elle fume élégamment.
William vient se placer dans la chaise vide à côté d’elle.
-En revanche, continue-t-elle, William part courir tôt le matin avant qu’il ne fasse trop chaud.
-C’est vrai, confirme-t-il, hier matin je suis parti courir vers sept heures. J’ai longé le bord de mer jusqu’à cargèse puis j’ai fait demi-tour.
Lui semble plus sympathique, plus jeune, il doit avoir dans les trente ans. Il est souriant et plus discret. Il porte des lunettes de soleil de marque et un polo. Dans cette tenue, on dirait qu’il s’apprête à jouer au golf.
-Et avez-vous remarqué quelque chose d’anormal ? Demande le sergent Braun.
-Non, pas vraiment, il n’y avait encore personne c’était très tôt… J’ai juste aperçu un homme en canoé je crois. Il longeait le bord de la plage.
L’inspecteur prend note.
-Comment était-il ? Pouvez-vous me le décrire ?
-Il avait l’air… normal. Je ne l’ai pas vraiment regardé… Il était assez jeune, entre vingt-cinq et trente ans je dirais…
-Avait-il un comportement inhabituel ? Quelque chose qui pourrait nous mettre sur la voie ?
-Pas vraiment… Je ne sais pas, je vous l’ai dit, je ne l’ai pas vraiment regardé j’étais concentré sur ma course.
-Je comprends, répond l’inspecteur, mais sachez que la moindre information pourrait nous être utile, le moindre détail…
-Oui bien sûr… Je vous le dirais si je savais quelque chose mais là vraiment je ne vois pas quoi dire sur cet homme…
-Très bien, et bien merci pour votre aide, dit l’inspecteur en reculant sa chaise, s’apprêtant à se lever. De même pour Braun, lorsque soudain William s’adresse à eux :
-Attendez ! S’exclame-t-il. Je me souviens de quelque chose.
L’inspecteur Barot fronce les sourcils.
-Il portait une casquette que j’ai reconnu. Je m’étais d’ailleurs fait la réflexion… C’est une société informatique Corse… Je ne trouve plus le nom…
-SITEC ? Demande Braun.
-Oui c’est ça ! SITEC !
Quelques minutes plus tard, le sergent Braun et l’inspecteur Barot se dirigent vers la troisième et dernière maisonnette, un peu plus en hauteur, avec moins de visibilité sur la plage.
-Comment connaissez-vous cette société informatique ? Demande l’inspecteur.
-Je ne vous l’ai jamais dit ? Répond Braun.
Il se tourne et regarde vers la mer.
-En fait, continue-t-il, mon fils y a travaillé quelques années, sur le site de Bastia, c’est pourquoi j’ai de bonnes connaissances en informatique.
-Et en quoi sont ils utiles au juste ?
-Ils s’investissent au service du territoire et de son développement numérique. C’est eux qui ont installé les premiers Data Centers sur l’île.
-Et vous pensez que cette personne sur le canoë pourrait y avoir travaillé ?
-Je n’en sais rien, j’imagine que oui, ou une personne de sa famille en tout cas car ces casquettes ne sont données qu’aux employés.
-Super alors on ira y faire un tour après. Il doit sûrement être au bureau à cette heure-ci si cet homme travaille effectivement dans cette entreprise.
La troisième petite maison a l’air fermée. Cependant, les volets sont entre-ouverts sur une des deux fenêtres. Il doit donc y avoir quelqu’un qui dort, certainement.
L’inspecteur appuie sur le bouton de la sonnette. Une fois.
Aucune réponse.
Il recommence. Deux fois.
Aucune réponse.
Au bout de la troisième fois, ils commencent à entendre du mouvement. Il y a bien quelqu’un à l’intérieur.
Un homme qui doit avoir une soixantaine d’années ouvre les volets auparavant entre-ouverts avec fracas.
-C’est pas bientôt fini ce raffut ! S’exclame-t-il en s’adressant aux deux policiers.
-Police municipale ! Se présente l’inspecteur Barot en montrant son badge.
-Et alors qu’est-ce que j’en ai à foutre ! S’énerve le vieil homme dans un accent Corse prononcé.
-Je l’ai dit à vos autres collègues poulets la dernière fois. Moi j’parle pas aux flics !
L’homme ferme brusquement les volets.
-Monsieur ! S’énerve l’inspecteur. Vu comment vous vous adressez à nous je pourrais tout à fait vous inculper pour outrage à agent. Alors n’en venons pas là et sortez de votre cachette !
-Oui, oui c’est bon j’ai compris ! S’énerve l’homme en ouvrant à nouveau ses volets.
Il observe les deux hommes d’un regard noir.
-Qu’est-ce que vous voulez ?
-Nous voulions juste savoir si vous avez vu ou entendu quelque chose d’anormal hier matin entre 6h et 7h.
-Et ça fait quoi si je ne vous réponds pas ? Demande l’homme en les dévisageant avec force.
L’inspecteur s’agace.
-Ecoutez on vous demande seulement deux minutes de votre temps !
-Et bah j’ai pas deux minutes ! Je veux dormir !
L’homme s’apprête à refermer les volets lorsque Braun remarque une petite caméra installée au-dessus de la boîte aux lettres.
-Vous avez une caméra. Vous savez qu’elles sont seulement autorisées si vous filmez la partie du trottoir devant vous. Or la votre est orienté vers la plage et je parierais que vous pouvez apercevoir la terrasse des voisins. Je pourrais vous la confisquer.
L’inspecteur semble étonné. Il n’aurait pas cru que Braun serait capable de calmer cet homme et pourtant cinq minutes plus tard, les voilà tous les trois assis autour d’une table en bois à l’intérieur de la maison.
-Hier matin je suis allé à la pêche. J’ai un petit bateau au port. La mer était calme. J’étais à deux milles d’ici. J’y étais de cinq heures jusqu’à neuf heures à peu près. Je n’ai rien vu. Ça vous ça va comme réponse maintenant ?
-Peut-on jeter un coup d’œil à la caméra ? Demande l’inspecteur.
-NON ! ET PUIS QUOI ENCORE ?! S’énerve l’homme.
-J’imagine que si vous avez orienté la caméra dans ce sens c’est pour une raison. Vous surveillez vos voisins je me trompe ?
L’homme est percé à jour. Il semble gêné, ses traits se ramollissent. Ils l’ont eu, il ne sait plus comment se défendre.
-Ecoutez regardez ce que vous voulez mais par pitié ne me dénoncez pas ! Supplie l’homme.
-Pourquoi faites-vous cela ? Demande Braun au vieil homme.
L’homme ne semble pas vouloir cracher le morceau, puis, démasqué, il capitule.
-Je les soupçonne de vouloir racheter les trois propriétés…
-Mais enfin pourquoi ? Demande l’inspecteur.
-Je les ai vu ! S’énerve l’homme. Ils viennent chaque année. Je les vois observer ma maison. Je les ai entendus en parler. Ils savent que je suis un pêcheur, que je n’ai plus beaucoup d’argent. Le propriétaire veut vendre. Il veut me mettre à la rue. Je n’arrive plus à payer mon loyer vous savez ! C’est des Parigots en plus ! C’est tous des escrocs ces gens-là, vous le savez non ?
L’inspecteur ne prend pas la peine de répondre à cette question. Il veut seulement une chose : voir ce qu’a enregistré cette caméra.
Cinq minutes plus tard, ils sont installés autour du bureau devant l’ordinateur du vieil homme. Il y a branché la caméra. Ils voient apparaître plusieurs vignettes correspondant à chaque minute enregistrée. Vers six heures, contrairement à ce qu’ils pensaient, il n’y a rien de visible. L’homme commence à descendre petit à petit. Lorsqu’il arrive vers sept heures trente hier matin, l’inspecteur lui demande de s’arrêter.
Ils cliquent sur l’image et là…