Lettre d'un battement de porte
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Lettre d'un battement de porte
Chaque direction que prend le feu dans l'âtre me ravive à ses charmes.
Je pourrais regarder les flammes tournoyer, le bois allègrement brûler et mes pensées continuer de s'embraser devant ce feu rugissant. Celui qui jaillit en moi attise très certainement le nez d'une compétition en approche. Le restant de béances fugitives où l'on voudrait déloger un cœur qu'on n'aura nullement cherché à réveiller mais un cœur, où tous les battements sont autorisés.
Le billet doux m'est parvenu le soir survenant aux tasses de thé, le soir même où d'un peu d'amour je me retrouvais consumé. Je l'emmène partout où je vais, le lis par morceau pour en garder un peu et m'enlacer quand je le voudrais. Regarde-moi devenir un de ces hommes épris, dont on se moque les soirs de beuverie et que l'on jalouse en disgrâce, les soirs de solitude endurcie.
Cet homme, habité par des émotions génésiaques, entouré de modestes oliviers, survolé par des nuées de colombes éthérées. Savons-nous seulement vers où s'en retournent-elles ? Je rêve de les suivre, j'implore désormais que l'on me trouve des ailes à greffer.
Car suivre ce cœur est une damnation. Mon cher, ne t'encombre jamais du regard d'une femme dont la puissance demeure inconnue. Le poids, tu ne pourras le supporter que si le choix est tien. Le poids, tu ne pourras l'endurer que si de toi il vient.
Je m'accroche à ce billet comme si ma vie en dépendait. Une vie que je maintiens pour je ne sais quelle raison ; éviter un chagrin à ma mère, envisager l'idée de revoir la belle. La bonne tenue de ma vie tient à deux femmes. Horreur, je ne pense même pas à souligner ta digne présence. Mon cher, je mériterais mon séjour dans l'âtre.
Le dernier jour de notre passage en ville, les hommes raillent tous à mon intention. Ils clament à en fendre les vitres que j'ai une petite dame, que dès que nous seront partis, elle m'oubliera la petite dame, que je ne suis qu'un soldat parmi tant d'autres soldats, pourquoi serais-je l'exception de cette petite dame ? Les hommes me giflent avec leurs mots, mais ce n'est pas là le pire.
Ce qui inaugure la réelle et d'autant plus douloureuse balafre, c'est comprendre qu'ils visent juste, et là survient l'abbatement. Genoux à terre, cœur désarmé, la porte claque, le rideau tombe. L'écho de la détonation couvre ma respiration.
Écoute, quand je dis que je ne peux pas lui faire croire que nous nous reverrons. Ce serait d'une ignominie détestable de lui faire miroiter ceci, un rêve. Je ne saurais en construire de telle sorte, ni en alimenter.
Dans son billet d'encouragement, d'espoir et d'épenchements lyriques -il apparaît que nos sentiments circulent, joie est de constater que je n'invente rien- j'observe une adresse annotée en tout petit, comme si l'on ne voulait pas trop que je sache, ou pas beaucoup, ou pas tout de suite. Le sourire s'élargit à cette découverte, comme tu t'en doutes bien.
J'ai une femme à qui écrire, à qui me raconter. Une douce personne qui m'entend et qui souhaite converser. L'effroi me serre la poitrine, je serais bien incapable de nourrir son feu.
C'est lâchement que la porte, je la referme sur une relation dont je dois prévenir l'éruption.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier vor einem Monat
C’est sublimemt écrit ! Et j’écouterai mais pas dans le métro 🎶
Marissa Brugallé vor einem Monat
Ahah merci ! Oui je peux tout à fait comprendre ☺️