King Hannah - Le temps étiré
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King Hannah - Le temps étiré
King Hannah, Hannah Merrick (chant, guitare) et Craig Whittle (guitare) sont originaires de Grande-Bretagne. Et ils viennent tous les deux d'inscrire dans leur pays un album plus proche de l'Americana que des landes britanniques.
Seulement un Ep Tell Me Your Mind And I'll Tell You Mine et cet album, I'm Not Sorry, I Was Just Being Me qui vient de sortir à leur actif, mais ces deux opus demeurent impressionnants.
Profond, sensuel et unique dans leur genre, oui, ils peuvent rappeler plein d'autres groupes, mais les sillons qu'ils sarclent leur sont propres, il y là une manière de faire, d'écrire, d'arranger leurs morceaux véritablement particulière... La guitare et la voix qui s'emmêlent... Ces brumes qui nous enlacent... Au loin, le soleil perce et des éclats vibrants s'enlacent autour de nos oreilles.
Le Ep : Tell Me Your Mind and I'll Tell You Mine 2020
à écouter ici
n'est pas une simple mise en bouche, il préfigure déjà toute la majesté qui siégera sur leur album. Elle donne le ton, installe le décor. Il y a là peu de mots, mais ils sont placés juste là où il faut. Et la voix sait les emporter et les entremêler au reste des textures embrasées.
Un univers désertique tout d'abord s'impose, et de-ci, de-là, le paysage prend forme. Crème brûlée, sur celui-ci, dans son architecture en est le parfait exemple. Elle commence doucement, la batterie et la guitare ouvrant le rideau légèrement afin que la voix s'installe et se place. Elle s'étire pareille à une écharpe ou une oriflamme, tendue puis emportée par le vent, que les guitares agitent maintenant.
Celles-ci s'étendent et s'envolent, cela jusqu'à la fin du morceau pour éclater en apothéose jusqu'à l'extinction de la dernière note.
Et l'album est à l'allant.
I’m Not Sorry, I Was Just Being Me 2022
à écouter ici
J'y sens les effluves provenant de Bristol, rappelant le trip-hop de Portishead avec la magnifique Beth Gibbons, oui... Mais, je le répète, ce mélange qu'ils mixent puis agitent dans tous les sens leur appartient.
Et la voix, dans cette lenteur, esquisse tout le long des mots fragiles, pulsés et étirés, pareille à une longue plainte, à la fois langoureuse, mais aussi hérissée et rauque dans les intonations qu'elle prolonge.
Le temps, dans cet album, est primordial, aussi bien celui que l'on devra prendre pour l'écouter et s'en imprégner, mais aussi, dans ce que les morceaux dessinent, amenant une durée propre dans les déchirures des guitares qui agitent leurs griffes