Votre calendrier de l'Avent - 2 Décembre
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Votre calendrier de l'Avent - 2 Décembre
Votre calendrier de l’Avent 3
Aujourd’hui un froid couvercle blanc et vaporeux nous sépare du ciel. Je suis du nord, j’aime l’hiver, mon imagination s’y sent très bien, elle vagabonde alors en Russie, en Finlande ou plus proche, en Alsace, ma terre natale et y cueille mille éclats diamantins au creux des givres, qui sont à mes yeux et à mon cœur les miroirs de toute féerie.
Je vais aujourd’hui vous dire un conte russe. Si comme moi vous avez près de vous un thé qui fume et parfume, suivez simplement ses volutes dansantes, les yeux mi-clos et suivez-moi...
Suivez-moi dans cette vieille Russie des contes, dans une forêt de bouleaux, voyez cette isba aux couleurs vives, le toit hérissé de paille. C'est la demeure d'un homme qui s'appelle Dimitri. Sa femme est morte d'un mal étrange et il s'est empressé d'épouser sa voisine, Irina, car la solitude l'effraie bien trop. Il a une fille, Macha, qui s'est accommodée de la chose, a-elle le choix ?
Cette belle-mère, encore jeune, est jalouse de Macha et la traite durement. Mais la petite passe le plus clair de son temps au dehors, la nature lui tient lieu de mère et elle aime par-dessus tout l'hiver, difficile pourtant, mais si beau. Le gel, y a-t-il plus enchanteur que le gel ? Macha en est amoureuse et cet amour transforme sa triste vie. Si elle pouvait l'épouser et quitter cette isba, tout serait bien. Cette naïveté fait bien rire Dimitri et Irina.
Un jour, qu'ils sont seuls dans la maison, Irina vient contre son mari, ses yeux sont langoureux, sa voix envoûtante, ses gestes doux "Dimitri, mon Dimitri, puisque ta fille aime le gel, va donc la lui offrir et tout sera bien."
Pauvre Dimitri, il ne trouve rien à redire, il prépare sa carriole, y pose un coffre avec les affaires de Macha. Celle-ci s'installe près de lui, enrobée d'un grand châle noir couvert de fleurs. Ils s'en vont. Il a neigé sur le paysage gelé et Macha est prise par le charme de cette vision blanche, qui la ravit. Ils sont maintenant dans le bois profond, il y a des hêtres et des chênes. Dimitri arrête sa carriole, dépose Macha et son coffre devant un chêne "Adieu Macha, je te laisse au gel, je viendrai voir dans quelques temps s'il est bien venu te chercher." Dimitri retourne chez lui, sans se retourner.
Macha s'assied dans un enchevêtrement de racines, elle serre son châle autour d'elle, elle est sûre que le gel viendra. Elle n’attend pas très longtemps, voilà qu’il arrive, plein de lumière, dans son long manteau de givre, son habit de cristal et son beau visage, sous un turban de neige irisée. Il se penche vers elle, la prend dans ses bras, la couvre d'une pelisse d'ours blanc, d'un bonnet de plumes de cygne, d'un châle de poussière de diamant, ils resplendissent ensemble. Alors il la soulève et se met à danser, l'entraînant dans son sillage bleu de glace, ils tournent tous les deux, formant une vague mouvante, immaculée, perlée de pointes d'argent et d'étoiles scintillantes. Macha est dans son rêve, dans la joie, dans l'amour. Mais la danse a une fin. Le gel repose Macha au pied de l'arbre, il a bien senti quel amour plein d’attente et d’espoir Macha a pour lui et il lui dit "Tu ne peux m'épouser, Macha, je suis l'esprit du gel, je ne suis pas un homme de ta terre" Puis il ouvre le coffre et d'un claquement de doigts l'ouvre et y dépose des vêtements de givre, de neige, d'argent, de diamant, de cristal, puis il le referme en souriant "Adieu Macha, voici mes présents pour ton mariage, reviens me voir, ne m'oublie pas..." Le voilà disparu, gracieux, tout comme il était apparu, laissant quelques éclats de verre sur la neige, devant Macha.
Et justement Dimitri arrive, étonné de trouver sa fille rose, fraiche, souriante. Et quelle tenue ! Où avait-elle donc été ? Macha, qui n’est pas très bavarde, ne dit pas grand-chose. Il la ramène à l'isba qui fume et où fulmine la belle-mère...
Macha épousera un homme de la terre, gentil, riche, fier de l'épouse aux robes surnaturelles. Ils seront heureux, elle l'aimera, vraiment, sans jamais pourtant oublier l'esprit du gel.
Celui-ci, assis dans un autre monde en compagnie de l'hiver et de la neige, regarde Macha et nous regarde tous, avec compassion pour nos méchancetés, nos errements, nos fragilités, nos folles passions et nos douleurs...
supportez joyeusement l’hiver
La poésie s’y tient enclose
Voyez ces givres éphémères
comme des miroirs qui se posent
Patricia Gaillard, la gaillarde conteuse