Au commencement étaient quelques bulbes enfouis sous la terre recouverte de feuilles brunies et racornies par trois saisons et un arbre séculaire, témoin de nombreuses légendes liées à cette berge à l’air si paisible.

Durant cet hiver particulièrement doux, le sol meuble devint plus ferme, durci par le gel, et par deux fois caché sous un manteau de neige. Les divers états de l’eau apportèrent l’hydratation nécessaire. Les racines de l’arbre apportèrent les nutriments, ses branches bien que dénudées, leur protection.

Les premiers rayons du soleil traversèrent la fine couche de feuilles et réveillèrent les bulbes. D’abord, avec discrétion, les feuilles se mêlèrent à l’herbe, puis sortant de son écrin une fine tige s’éleva vers le soleil, se prolongea jusqu’à donner naissance à une fleur blanche ourlée de vert, fière et humble, tournée vers le sol comme un abat-jour d’un autre temps.

Suivirent quelques jours de brume et les rafales d’un vent froid venu du Nord. Quand le soleil étala ses rayons taquins sur la campagne, heureuse de profiter d’une promenade, je me dirigeai vers la rivière. L’esprit en quête de rêverie, je me suis assise au bord de l’eau, près de l’arbre séculaire et des perce-neige. Aussitôt, un minuscule et gracieux être ailé se posa sur mon épaule et me murmura quelques histoires.

Selon plusieurs légendes, la fée (ou dame) Printemps (image de la déesse Brigid fêtée lors des rituels d’Imbolc) s’est engagée dans une lutte sans merci avec la sorcière Hiver. La fée se blessa et de son sang versé sur la neige, des perce-neige poussèrent : allégorie de la victoire du printemps sur l’hiver.

Cette petite fleur blanche, vaillante et combative, réussit depuis toujours à traverser la mince croute de neige et la terre durcie par le gel avant de s’ériger libre dans la prairie déserte, courbant sa jolie corolle vers la terre afin de diffuser  sa douceur et sa compassion.

Sur un ton de confidence, l’elfe me révéla un message :  cette fleur nous éclaire dans l’hiver de notre âme, lorsque tout semble perdu, figé nous possédons au cœur de notre être la force nécessaire pour vaincre, croître et nous développer puis aider nos semblables à s’épanouir.

D’un bruissement d’ailes, il s’envola, disparaissant dans l’air devenu plus frais. Je me suis relevée, immortalisant la magie du paysage par une photo et retournai tranquillement, le cœur allègre et l’âme heureuse tapoter cette histoire sur mon clavier avant de la partager.

Image par Albrecht Fietz de Pixabay