(Extrait de "De l'art de briller en société, par Thomas Andouard, disponible sur toutes les plateformes!)

2017, Chine, l’équipe du professeur Xiaoping Ren de la Harbin Medical University a publié les résultats de leur dernière opération: une greffe … de tête humaine.

L’opération a eu lieu sur deux cadavres: un donneur et un receveur. Elle a reçu le nom d’Anastomose cephalosomatique ou ACS. Il s’agit au minimum d’une sorte de “répétition” en vue de futures opérations sur des patients bien vivants, eux.

Mais quel intérêt de transplanter une tête sur un autre corps?

Eh bien plusieurs: cette opération pourrait à terme apporter une solution thérapeutique pour certaines maladies neuromusculaires comme la maladie de Duchenne ou encore la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot). Selon l’équipe du Dr Ren, Greffer la tête du patient sur un corps sain serait une voie tout à fait intéressante en vue de l’amélioration des conditions de vie du malade.

Cette idée pour le moins audacieuse est née en 1970 lorsque le neurochirurgien américain Robert White de la Case Western Reserve University de Cleveland, dans l’Ohio a tenté l’intervention sur un singe: l’animal a survécu 36h, dont 3 éveillé, mais malheureusement paralysé, la greffe de moelle épinière ne s’étant pas reconnectée… Mis à part cela, il avait tout de même l’intégralité de ses 5 sens tout à fait opérationnels, ce qui a été un grand encouragement.

De nos jours, les techniques de reconnection des tissus et notamment de la moelle épinière sont beaucoup plus abouties, et il n’est pas impensable de réaliser l’opération dans un futur proche. Il faut noter qu’une greffe est un véritable travail d’orfèvre: il faut reconnecter correctement et un à un tous les tissus, muscles, nerfs et vaisseaux sanguins, ce qui prend beaucoup de temps. Il faut également maintenir la tête du receveur en vie, ce qui représente un tout autre défi, mais pas insurmontable car des techniques de vascularisation en hypothermie sont actuellement à l’étude pour maintenir le patient vivant dans l’attente de son nouveau corps.

Sur 2 corps décédés, l’opération a duré 18h. L’équipe du Professeur Ren explique que la même opération sur un corps et une tête vivant devrait nécessiter 4 équipes de chirurgiens et pas moins de 36h de travail non-stop.

De nombreuses voix se sont déjà fait entendre sur le côté éthique de cette pratique car il subsiste de nombreuses zones d’ombre et de nombreux risques qu’il n’y ait pas un rejet de la greffe… Ce qui peut être problématique quand on greffe un corps entier.

La prochaine étape consistera donc à réaliser l’opération entre un patient en état de mort cérébrale et un corps ayant encore un cœur battant.

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