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Écriture inclusive : un but louable, un manque de subtilité mortel

Écriture inclusive : un but louable, un manque de subtilité mortel

Veröffentlicht am 30, Sept., 2021 Aktualisiert am 30, Sept., 2021 Kultur
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Écriture inclusive : un but louable, un manque de subtilité mortel

L'écriture inclusive fait parler d'elle depuis quelque temps, mais elle n'a pas réellement pris racine.

Qualifiée d'aberration mettant la langue française en péril mortel (rien que ça) par l'Académie française (un exemple de parité...), aussi difficile à lire qu'à écrire, elle n'est pas séduisante.

Pourra-t-elle un jour s'imposer et apporter le changement souhaité ? C'est improbable. Il y a pourtant d'autres méthodes pour favoriser l'égalité des genres dans la langue, de façon plus subtile, mais aussi plus durable.

Le constat : un effort trop important pour un bénéfice mal compris

En soi, nombreuses sont les personnes qui admettent l’importance de l’égalité des genres. Dans les faits, pourtant, celles qui sont prêtes à agir pour la favoriser sont plus rares, en particulier pour une chose qui leur semble aussi futile que la façon d’écrire un mot. 

Pour ne rien améliorer, cette forme d’écriture demande une certaine gymnastique intellectuelle et l’apprentissage de nouvelles règles. 

C’est un effort qu’une grande partie de la population n’est pas disposée à faire. Et honnêtement, je la comprends !

Une inclusivité très relative

En plus de complexifier une langue qui l’est déjà, l’écriture inclusive ne résout qu’une partie de la problématique de l’inclusivité. 

L’idée d’écrire cet article m’est venue après avoir vu fleurir les pronoms sur LinkedIn. La plateforme professionnelle permet désormais à ses membres de renseigner le pronom qui les définit le mieux, quel que soit leur sexe biologique. Au moins trois possibilités sont disponibles dans la liste déroulante : féminin, masculin et pluriel, cette dernière option étant privilégiée par les personnes non binaires.

Il n’est pas possible de faire rentrer autant de diversité dans une langue grâce au seul point médian. Plutôt que de changer la langue, il faut repenser la façon dont nous l’utilisons (et lutter contre certaines habitudes de langage).

Abandonner un symbole au profit d’une transformation durable

L’écriture inclusive est devenue l’incarnation écrite de la lutte pour l’égalité des genres et la reconnaissance des minorités. 

Sa symbolique est importante, mais trop confidentielle pour amener une transformation durable de nos habitudes rédactionnelles. 

D’autres méthodes peuvent être employées pour équilibrer votre communication et la rendre plus inclusive. 

L’utilisation du féminin lorsqu’on désigne une femme

Cela tombe sous le sens et semble s’appliquer depuis quelques années. Si vous parlez d’une femme, notamment de sa fonction, l’emploi de la forme féminine doit s’imposer. Ainsi, George Sand est une autrice, et Arianna Huffington est une entrepreneure.

Bien entendu, certains mots à la polysémie évidente font exception : abstenez-vous de commencer une lettre destinée à votre avocate par les mots « chère maîtresse ». 

L’emploi des mots épicènes et des noms collectifs

Avec 60 000 mots dans la 9e édition du dictionnaire de l’Académie française, davantage encore dans le grand Larousse, la langue de Molière offre des alternatives pour une inclusivité en douceur. 

La première solution consiste à remplacer les termes genrés par des mots épicènes qui s’emploient indistinctement pour qualifier un homme ou une femme. Spécialiste, adepte, membre ou athlète en sont des exemples. Pour vous guider, je vous conseille de consulter la liste établie par l’Office québécois de la langue française

Une autre option, que vous trouverez également dans la liste précitée, est l’utilisation des noms collectifs. Vous ne parlez plus des « Françaises » ou des « Français », mais de la « population française ».

L’usage de la forme passive (avec parcimonie) 

Fortement décriée, en particulier dans l’écriture web, la forme passive est une réponse intéressante au problème d’égalité linguistique des genres. La raison est simple : elle vous dispense de l’insertion d’un sujet.

À la place d’écrire « Les inscrits recevront leurs codes d’accès dans un prochain email », vous pouvez utiliser « Les codes d’accès seront envoyés dans un prochain email. »

Cette alternative pouvant affadir un texte, elle doit être utilisée avec parcimonie.

La substitution de la règle de proximité à l’accord du genre

La primauté du masculin en cas d’accord s’est progressivement imposée aux alentours du XVIIIe siècle, après avoir longtemps coexisté avec la règle de proximité.

Les textes de l’époque sont outrageusement clairs sur les raisons de ce changement :

« Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle » (Nicolas Beauzée, 1767).

N’étant pas adepte d’un féminisme rancunier, je ne recommande pas de lancer une mode de la primauté du féminin, qui n’aurait pas davantage de logique. 

En revanche, un retour strict à la règle de proximité comporte quelques avantages : 

  • Un meilleur respect de l’égalité des sexes : il n’est pas certain que cela change quoi que ce soit, mais on ne le saura qu’en essayant.

  • La fin des stéréotypes de genre : cela fait plus de 200 ans qu’on enseigne aux garçons que « le masculin l’emporte sur le féminin », il est sans doute temps d’arrêter. 

  • Mettre fin aux nombreuses fautes d’accord : avez-vous déjà interverti deux termes dans une énumération pour que l’accord du genre ne choque pas ? Avez-vous déjà accordé l’adjectif avec le terme le plus proche, dans un moment d’égarement ? La langue doit parfois évoluer pour s’adapter aux usages, tout simplement.

Le masculin l'emporte sur le féminin… ou pas

Par convention, lorsque vous devez désigner un ensemble d’hommes et de femmes, le masculin l’emporte. C’est la règle. Ou plutôt, c’est la tradition, parce que rien ne vous empêche d’utiliser le féminin.

C’est une pratique qui se répand progressivement aux États-Unis où il n’est pas rare de lire des textes où les formes masculines et féminines d’un nom sont employées indistinctement pour qualifier un groupe hétérogène. 

Si vous réalisez une étude de cas sur les habitudes de consommation d’une population, vous pouvez varier et recourir à « consommateur » et « consommatrices » pour qualifier le même ensemble de personnes.

Cette stratégie peut surprendre le lecteur. En effet, si vous parlez de « consommatrices », l’internaute pensera généralement que vous ne désignez que les personnes de sexe féminin. L’être humain est heureusement capable d’adaptation et il devrait s’habituer à cette nouvelle façon de communiquer après quelques semaines ou mois. 

Qu’en pensent les femmes (et les hommes qui s’en préoccupent) ?

À l’instar du « Mourrons pour nos idées, d’accord, mais de mort lente » de Brassens, je privilégie une adaptation en douceur. Cet article est fondamentalement biaisé par ma conception de la féminité, de la place des femmes dans la société et par une vision conciliante du féminisme. 

Je sais que certaines femmes préfèrent l’utilisation des formes masculines pour désigner leur fonction (Madame le Maire). D’autres préfèrent probablement l’utilisation de l’écriture inclusive, plus symbolique.

Je crois aussi que beaucoup d’hommes ne comprennent pas l’intérêt des femmes pour l’écriture inclusive. 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Kommentar (6)

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Daniel Muriot vor 3 Jahren

Je préfère mille fois une inclusion douce et créative qui fait sens. Une inclusion où l'on sent que l'auteur d'une phrase à réfléchit à la question au lieu de tailler son texte à la hache, froidement, sans âme.

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Alexandre Leforestier vor 3 Jahren

Exactement ! C'est tout à fait cela. Une inclusion douce, progressive et musicale ! Une inclusion sans prendre la hache qui casse les mots et leur beauté !

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Daniel Muriot vor 3 Jahren

Comme Alexandre, je trouve cet article génial !

Personnellement, je me suis senti exclu par l'écriture "inclusive". D'abord parce qu'étant particulièrement attaché à la beauté et à la musicalité de la langue, les textes ainsi rédigés m'apparaissaient comme une agression. Ensuite parce que la lecture et la lecture à voix haute en sont rendues fastidieuse. Le fond n'attend plus son but à cause de la forme.

Maîtriser les fondamentaux me semble être la priorité. Ce n'est pas Instagram ou Facebook qui vont s'en charger, ni Tic Toc...

En tant que papa et dans mes activités professionnelles (depuis 20 ans) je vois passer des choses vraiment horribles à l'écrit...

Bien entendu, je suis pour l'inclusivité mais pour une forme d'inclusivité qui n'épuise pas l'écriture et la lecture. Qui ne casse pas la beauté de la langue.

Et c'est un ancien cancre en orthographe qui vous parle !

Personnellement, je pense que le titre résume parfaitement mon opinion.

En regardant le niveau moyen à l'écrit de nos chers écoliers et diplômés, je pense qu'il est indispensable de redresser la barre dès que possible et de penser à des outils éducatifs novateurs pour les accompagner de manière ludique et agréable dans l'apprentissage de la langue française à l'écrit sur le web.

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