CHRONIQUE DU TRAVAIL CONFINÉ (#19)
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CHRONIQUE DU TRAVAIL CONFINÉ (#19)
Frédérique, charcutière
« Que les clients portent un masque me rassure. De manière générale, j’évite de parler devant eux. Moi-même, je porte un masque mais j’ai du mal à le supporter. Par moment, on a l’impression qu’on va étouffer, qu’on a du mal à respirer. Par moment, je l’enlève, par exemple pour manger, quand il n’y a pas de clients. Est-ce que ça protège ? Ca a au moins un intérêt psychologique.
On touche la marchandise. On a des gants. On les change tout le temps. On ne touche pas l’argent ; il y a une machine. Je préfère quand les gens payent « sans contact ». Je nettoie l’appareil à carte bleue après chaque passage. Tous ces gestes répétitifs, psychologiquement, ça finit par faire mal à la tête. Pour les soignants, ça doit être pire.
Avec les clients, on parle beaucoup de la situation. Ils ne parlent que de ça. Ils sont plus souriants, ils compatissent. Ils nous remercient d’être là au quotidien. Ils font des petits gestes, ils nous disent « Bon courage », « Prenez soin de vous ».
Il n’y a qu’un client qui peut entrer dans la boutique. Les autres font la queue. Personne ne râle. Tout le monde est solidaire.
Il y a une baisse d’activité. Sur les sandwichs, par exemple, on en vendait 50 par jour ; maintenant, on est descendu à 20. A 14 heures, il y a un creux : il n’y a plus personne.
Je n’ai pas envie d’être au chômage technique. Psychologiquement, je ne suis pas faite pour ne sortir qu’une heure par jour. »