LE CHEVAL CABRÉ
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LE CHEVAL CABRÉ
Le cheval se cabre et ses antérieurs s’agitent au-dessus de l’homme. Un geste, et l'homme fragile s'éteindra.
Il refuse ainsi la domestication mais il montre, à celui qui tient la longe, que son amour pour lui est un amour vrai, sans compétition, en posant ses pieds loin de lui pour ne pas le heurter.
Il ne frappe jamais l’homme que pour survivre ou par peur.
La puissance du cheval interdit d’user de la force brute. C’est le lien créé qui permet de le monter.
Il s’offre, se conquiert mais ne se domine jamais.
Il doit connaitre le plaisir de sentir son maître le flatter, lui poser les rênes et de s’offrir à une cavalcade nocturne.
Mais il devait, aussi, sentir la force du prédateur qui lui sautait sur le dos.
C’était ce cumul qui faisait un bon cavalier.
Dans les temps anciens, l’équitation formait l’esprit des jeunes seigneurs, chevaliers et autres nobles à diriger les armées, les Peuples ou les serviteurs sans chercher à se confronter à un groupe beaucoup plus fort que lui.
Convaincre plutôt que forcer.
Mais l’objectif reste d’obtenir de cet animal superbe, les gestes et manœuvres que l’on souhaite.
Est-il consentant, obéissant ou en attente de flatterie, de caresse ?
Je me souviens d’un cheval dénommé « Pedro », de ce grand (peut-être parce que j’étais encore petit…) cheval noir que personne ne parvenait à monter sans difficulté et que plus personne en voulait.
Il collait son flanc gauche à la séparation de la stalle, boitait chaque fois qu’on le sortait, se gonflait pendant le harnachement, refusait tout autre allure qu’un pas nonchalant, refusait tout obstacle qui lui aurait imposé un effort, se couchait systématiquement dans l’eau, au passage du fossé de la promenade habituelle pour rentrer à l’écurie, triomphant, le port altier et le trot, pour le moins, cavalier.
Ce cheval m’a plu au premier regard, et je ne saurai jamais pourquoi, mais un lien s’est noué entre nous. Il ne m’a jamais refusé la moindre obéissance, il était pourtant immense et moi, à 13 ans, je ne risquais pas de faire le poids s’il décidait de m’envoyer paître pour y aller lui, en toute tranquillité…
Son galop, sa puissance de saut, sa docilité en ont fait, dès lors, ma seule monture dans ce centre équestre.
Malheureusement, ce centre est devenu un club, dont seuls les propriétaires de chevaux pouvaient décider de la vie ou de la mort des montures.
Je dois dire que j’en ai toujours voulu à ma mère d’avoir refusé de l’acheter lorsqu’il a été destiné à l’abattoir.
Après cette histoire triste malgré les bons souvenirs, il convient de rappeler qu’aujourd’hui, après la fin de l’utilisation du cheval sur les champs de bataille, ou après le film célèbre, les clubs d’équitation se sont largement féminisés et ont modifié profondément l’approche équine.
Il devient un être que l’on comprend seulement, que l’on ressent. Le lien est dorénavant exclusivement affectif.
Il durera la vie de la monture qui est d’une fidélité à ce lien, inconcevable humainement.
Il n’est, en effet, plus question, il est interdit, de dominer par la force pour celle qui ne veut pas l’être elle-même.
Il n’est plus question de violence physique, il n’est plus admissible d’en user, et on en vient à faire intervenir des psys animaliers, à supporter des patiences de loisir pour que le cheval se détende...
Et pourtant, il s’agit, malgré tout, d’une domination. Elle est indispensable mais fonctionne, simplement, par d’autres modes, par d’autres approches.
Il n’en demeure pas moins que la relation entre 2 êtres aussi différents impose, pour être efficace et durable, que l’un domine l’autre et que ce soit le cavalier...
Toute ressemblance avec des faits ou des situations existantes ou ayant existés est parfaitement fortuites, bien sûr.