La Proie - Chapitre 3
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La Proie - Chapitre 3
Une fois la porte close, le jeu pouvait commencer.
Claudia le pria de s'asseoir dans un canapé de cuir rouge situé au milieu du salon.
— Si vous le permettez, je vais me mettre une tenue plus décente.
Elle l'abandonna face à un silence hostile.
Il profita de cette absence pour fouiller les lieux d'un regard circulaire. La pièce et le peu de mobilier, un salon, une table basse, une bibliothèque, étaient plongés dans une aurore boréale, fruit du feu qui crépitait dans la cheminée. Un environnement irréel de pureté ou de démence.
Un frisson lui traversa l'épine dorsale. Mais il n'eut pas le temps de s'attarder sur ses états d'âme. Claudia était de retour.
Recouverte d'un chemisier crème anglaise voilant sa beauté et d'un jean moulant ses deux petites pommes. Elle tenait une tasse de café, qu'elle déposa sur la table de verre.
Elle s'assit au creux d'un fauteuil, jambes croisées, face à Mathieu qu'elle ne quitta pas du regard.
— Racontez-moi, inspecteur.
Quelle appréciable saveur, ce café chaud et fort, bien meilleur que celui qu'il avait siroté toute la nuit dans son véhicule. Il inventa une histoire puisée dans les romans de polars de son adolescence.
— Nous ignorons par quel subterfuge cet homme arrive à pénétrer dans les demeures de ses victimes. Les corps ont été découverts, violentés et vidés en différents points, la poitrine et le nombril ; un verre, posé sur la table de chevet, taché du sang de la victime.
Mathieu finit sa phrase dans un sourire, satisfait.
Attentive et silencieuse, Claudia alluma une cigarette sans détourner les yeux.
— Quels crimes empreints de barbarie. Avez-vous pu dresser un profil psychologique ?
— C'est un être effacé, solitaire, plus par choix que par fatalité, éprouvant un désir sans limite envers les femmes. Elles ne représentent pas un trophée sexuel mais une énergie vitale nourricière.
Dufrèsne, fier de sa création littéraire, cherchait à susciter la crainte chez la jeune femme. Mais il n'en était rien : aucune angoisse. Insensible, elle se leva et se dirigea vers la cheminée.
Tandis qu'elle attisait le feu, Mathieu consommait les deux pommes rondes et bien fermes offertes à son regard. Il en salivait et la douleur naissait lentement au bas de son ventre.
Lorsqu'elle se retourna, ses deux boules de vanilles commençaient à fondre avant qu'il ait pu les goûter.
— Si je comprends bien, inspecteur, vous ne possédez aucun indice d'ordre physique.
Troublé par la désagréable sensation de se sentir épié dans l'âme, il s'empressa de répondre.
— Malheureusement. Il agit avec minutie et ne laisse aucune empreinte si ce n'est son rituel accompli.
Le visage fermé, réfléchissant aux propos qu'on venait de lui conter, la jeune femme, s'approcha de la baie vitrée et tira une bouffée de sa cigarette. Mathieu sentait le bas de ses reins infiltré par des piqûres d'orties. Il essayait tant bien que mal de dissimuler cette souffrance en se cachant derrière la cigarette et le café. Mais cette vision féminine chocolatée intensifiait le désir de sentir la saveur onctueuse caresser ses lèvres. Une grosse bouffée de chaleur l'envahissait et des gouttes de sueur perlaient dans son dos.
Elle se retourna. Le regard translucide mélange de menthe et de chocolat.
— Cet homme pénètre dans les demeures de ses victimes sans aucun obstacle. Soit, elles le connaissaient, soit, c'est un être qui aspire une totale confiance, comme...