Jour 1-23/11/2018
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Jour 1-23/11/2018
Le réveil sonne comme d’habitude à 7h. J’ai beaucoup de mal à me lever. Je me traîne hors du lit, mon chéri se lève et commence à se préparer. Quant à moi, je n’y arrive pas. Je suis nouée de partout, je ressens une fatigue extrême autant physique que mentale. Je sens que quelque chose n’est pas normal. Les autres jours, même si j’avais du mal à aller au travail, j’arrivais à me laver, déjeuner et à m’y rendre. Avec la boule au ventre, des palpitations certes, mais j’y allais. Ce matin-là, c’est au-dessus de mes forces. Je prends la décision de ne pas m'y rendre, tant pis je prendrai un jour de congé, ensuite c’est le week-end, je me reposerai. Mon chéri part au travail, juste avant qu’il parte, je sens les sanglots montés en moi. Je n’arrive pas à les retenir. Je ne suis pas une personne qui pleure souvent, mais là, c’est plus fort que moi, ça monte et ça déborde. J’explose en pleurs et je décide de prendre rendez-vous chez le médecin. Ce n’est pas dans mon fonctionnement habituel, je ne suis jamais comme ça, je préfère voir un professionnel.
Je prends mon téléphone et la secrétaire me propose un rendez-vous le matin même, avec une interne qui le remplace, je parle à peine et j’ai du mal à aligner des phrases. Quand elle me demande pour quelle raison j’ai besoin de ce rendez-vous, voici ce que je lui ai dit :
“Je suis pas bien, je n’ai pas réussi à aller au travail ce matin” j’ai éclaté en sanglots et j’ai raccroché.
Encore une fois, je n’ai jamais été dans cet état. Pleurer au téléphone avec une inconnue et lui raccrocher au nez, je ne me reconnais pas. Mon état se détériore de minutes en minutes.
Je pleure tout ce que je peux, je suis dans l’incompréhension totale de ce qui est en train de m’arriver.
Je reprends mes esprits et pars me préparer. Je déjeune un petit peu, je n’ai pas beaucoup d’appétit. J’arrive à aller chez mon médecin en voiture, heureusement, il n’est pas très loin. Dans la salle d’attente je suis toute seule, je me tords les mains, les doigts, j’ai les jambes qui tapent par terre. Je suis dans un gros état de stress, mes pensées divaguent, j’ai le sentiment de n’être plus moi-même.
Ça y est, la jeune interne arrive, une petite jeune femme pétillante et très agréable, ça me change de mon médecin traitant qui ressemble à un rugbyman, bien qu’il soit compétant, il me fait un peu peur. Je suis finalement contente que ça soit elle qui me reçoive.
Je suis assise sur le bord du siège, la tête baissée et recourbée sur moi-même. Elle me demande :
- Qu’est-ce qui vous arrive ?
- Je sais pas, je n’ai pas réussi à aller au travail ce matin, j’ai des palpitations, je suis fatiguée.
- Ça fait longtemps que vous êtes comme ça ?
- Plusieurs semaines, mais là ce matin…
J’ai commencé à sangloter à nouveau et à ne plus pouvoir parler. J’ose à peine la regarder. Elle ne me questionne plus, elle a compris et me propose des mouchoirs.
Elle m’annonce qu’elle va m’arrêter 2 semaines pour commencer et me prescrire un antidépresseur et un anxiolytique.
Moi qui m’étais juré de ne plus prendre ce genre de médicaments, pour en avoir pris durant de longues années, mais là, je me rends à l’évidence et j’accepte, à contrecœur, mais c’est ok. Il faut que je sorte de cette léthargie.
Une fois mes esprits revenus, nous discutons un peu. Je lui évoque mes soucis au travail, que je ne comprends pas ce que j’ai fait pour être dans cette situation. Puis je lui parle du diagnostic qui est en cours et qui s’est terminé la veille. Et que forcément ça remue de replonger dans le passé, pour se remémorer des faits pas spécialement positifs. Même si je n’ai pas encore le résultat, c’est perturbant et ça n’arrive pas au meilleur moment de ma vie professionnelle. Tout ça mêlé ensemble, je n’y arrive plus.
Je ressors avec mon ordonnance, il y a une pharmacie juste à côté, ça tombe bien, je ne me sentais pas de marcher pour aller dans une autre, vers chez nous.
Je rentre et me voilà hébétée chez moi dans le canapé à ne pas savoir quoi faire de ma peau. J’appelle ma mère pour lui annoncer que je suis en arrêt 15 jours et que je suis sous traitement. Pour l’instant pas d’affolement, je me dis qu’à la fin de mon arrêt tout sera rentré dans l’ordre.
Midi, mon chéri revient du travail, je lui explique la situation. Entretemps, j’ai repris mes esprits et je vais mieux. Le fait de ne pas aller au travail me soulage. J’essaie de manger, mais j’ai peu d’appétit. Nous préparons nos affaires pour passer le week-end dans notre maison à la campagne. J’ai prévu de voir mes proches. L’après-midi passe vite, mais j’ai encore l’impression que quelque chose ne va pas. Je me sens oppressée. Le soir, nous allons chez mes beaux-parents pour dîner. Je ne parle pas beaucoup d’ordinaire, mais là, je suis carrément mutique. Les bouchées de quiche lorraine sont un vrai supplice, même un verre d’eau a du mal à passer. J’arrête de manger, je me tords les mains dans tous les sens, j’ai les jambes qui tapent. Je ne suis pas bien du tout. Rapidement, nous rentrons, mon chéri voit bien qu’il ne faut pas insister. Nous sommes à 5 minutes à pied, je sens à peine mes jambes. Une fois arrivée, je m’écroule en pleurant. Rien n’y fais, je pleure, je n’arrive pas à parler. Mon chéri est désemparé. Je commence à me dire que ça a l’air un peu plus sérieux que je ne le pensais.
Nous sortons les rats, cela fait 3 semaines que nous les avons et je dois bien avouer qu’il n’y a qu’eux qui arrivent un peu à me faire penser à autre chose. Je les observe de longs moments sans rien dire, recroquevillée sur moi. La fin de soirée se passe de cette façon entre pleurs et observation. Il faut que je prenne mes médicaments, j’ai du mal à les avaler, le verre d’eau passe difficilement. Il est minuit, nous nous décidons à nous coucher et commence une nuit de souffrance psychologique.
crédit image : Victoria_Watercolor / 11453 (pixabay)
desssin : moi-même (Anne-Sophie Campenon)
Alicia Bouffay vor einem Jahr
Merci de témoigner. J'ai vécu ça et je suis sur le chemin de la reconstruction ..