Cette histoire commence dans le piémont pyrénéen, nichée dans les douces baronnies et protégée par le Pic du Midi. L'année dernière, je souhaitais répondre à un appel à résidence d'artiste lancé par une association de la ville de Bagnères-de-Bigorre. En général, les thèmes proposés sont suffisament larges pour permettre aux candidats de laisser libre cours à leur imagination en tenant compte de fortes contraintes géographiques. Cette année-là le thème est : phénomène.

Je me mets à réfléchir et me souviens du tremblement de terre de 1967 à Arette puis mon esprit se déplace de quelques kilomètres, je remonte le temps et vois ma grand-mère, jeune mariée attendant que mon grand-père revienne du boulot à vélo, seule, heureuse et perdue sur les hauteurs de Sailhan au printemps 1950. Me reviennent en mémoire leurs récits d'excursions en montagne, entre amis ou en couple. Puis avec mon père, ses deux frères et sa soeur. Cela me ramène à mes deux enfants. Et tout se mélange, la nature, les tremblements, les amours, je divague, puis remonte de je ne sais où cette vieille réflexion sur les amours de plein air et sur leur influence dans notre rapport au territoire. Si je me projette si facilement dans ce genre de réflexion c'est, je l'avoue, que je ne suis pas vierge de tout soupçon en la matière... quoi qu'il en soit l'idée du projet était là et le territoire des Baronnies devenait trop petit pour cette histoire.

Je souhaite réaliser un atlas photographique des paysages de nos amours. Partant de témoignages anonymes, je sillonerai notre pays pour photographier les paysages qui accueillirent les amours de mes concitoyens. Chaque photographie sera accompagnée du récit d'une friponne ou d'un fripon qui aima et fut aimé à cet endroit. Que là où un touriste ne verrait que le fond d'une vallée ariégeoise au sortir de l'hiver dévisagée par la carcasse d'une bagnole enlisée dans un chemin, mon lecteur replongera dans les souvenirs d'un ancien jeune homme qui aima tant et si bien une jeune femme qu'aujourd'hui encore il pleure sur celle qui fut l'amour de sa vie. Que le passionné des chateaux de la Loire reconnaisse parfaitement sur cette photo la vaste batisse en second plan et découvre que ce vieux couple, chauffé par le soleil d'un mois de mai précoce, s'arrêta en plein champ pour s'aimer, alors que la maison d'hôte qui les attendait apparaissait à l'horizon....

Pour récolter ces témoignages et garantir l'anonymat des personnes, j'ai créé un formulaire google forms: https://forms.gle/qMt967mA18JK1UGD6

Alors que j'invitais mon réseau à participer anonymement, un ami, contributeur Panodyssey, me suggéra de challenger la communauté... Je lance donc une bouteille à l'amour et invite tous celles et ceux qui souhaitent replonger dans de doux souvenirs à cliquer sur le lien ci-dessus pour les partager.

Un grand merci par avance. Si vous avez des questions, n'hésitez pas, si vous souhaitez voir mon travail de photographe, c'est ici. www.matthieusartre.com

Matthieu.