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-RE- Réception d'un courrier

-RE- Réception d'un courrier

Veröffentlicht am 11, Feb., 2025 Aktualisiert am 11, Feb., 2025 Fantasy
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-RE- Réception d'un courrier

Une carte postale, ça s'envoie

et ça se reçoit :

Ce matin-là, Zipper était de corvée au bar familial. Cela signifiait nettoyer les tables, ramasser les verres et écuelles abandonnées, pousser dehors les clients trop avinés pour consommer à nouveau, et, en milieu de matinée, récupérer les éventuels missives et paquets déposés par le coursier du quartier.

Essermès, le coursier en question, fidèle à ses habitudes — jamais en avance, jamais trop en retard — bouscula la porte battante. Il approcha du comptoir alors que Zipper essuyait distraitement une choppe. Lorsqu’il fut entré dans son champ de vision, celui-ci déposa une liasse de courriers sur le bar et lui lança dans un sourire :


— Bonnes eaux, la dame. Ça roule les affaires ?

— Ben tu vois, il est 10 heures. C’est calme.

— Déjà 10 heures. Je me disais aussi, c’est que le casse-jeûne est...

— Il est déjà loin, je sais. Tu t’es levé tôt, c’est l’heure du creux de mi-mandat. Qu’est-ce que je te sers ?

— Un œuf au plat.

— Poule ou lézard ?


Le coursier farfouilla sa bourse, provoquant quelques bruits de ferraille au passage. Il en sortit une grosse pièce tordue qu’il posa sur le comptoir. Celle-ci dodelina doucement sur le bois vernis.


— Lézard, déclara Zipper en empochant la pièce.

— Et une bière tiède en sus, s’il plaît à tes yeux.

— Faudra ajouter des picaillons mon brave. La maison ne…

— … ne fait pas crédit. T’en fais pas. Je veux bien m’engueuler avec ton vieux, mais pas te causer des embrouilles. Je respecte les jeunes dames.


La jeune fille attrapa une poêle dans l’évier et la rinça à l’eau claire. Le feu fut vite allumé sur le piano et elle n’attendit pas longtemps pour casser la coquille verte sur le bord du plan de travail. Pendant que l’œuf dorait doucement, elle souleva la choppe qu’elle avait laissé devant le coursier et la glissa sous le robinet de la tireuse.

Lorsqu’Essermès fut servi, Zipper empocha les deux pièces rectangulaires qu’il avait posées là pour sa boisson. Elle ajouta une serviette et des couverts avant de faire glisser son oeuf dans une assiette.


— T’aurais…


Zipper désigna le bout du bar. La corbeille de pain qu’il cherchait l’y attendait.

Alors qu’il attaquait son en-cas, la jeune fille s’enquit de trier le courrier reçu. Son père était maniaque et conservait trois bannettes sous le comptoir à cet effet : dettes et créances, affaires de la ville, tout-venant. La plupart du temps, les cachets de cire suffisaient à orienter les missives au premier coup d’œil. Plus rarement, il lui fallait les ouvrir pour assurer le tri. Elle commença le tri, faisant rapidement fondre la pile de papier.

Soudain, entre deux plis cachetés, la jeune fille trouva une carte. Une carte postale aux couleurs criardes et dorures désuètes. Une de ces cartes qu’on envoyait traditionnellement aux aînés pendant un congé. L’écriture à la plume était celle d’un clerc en fin de vélin, lettres fines et compactes, lignes resserrées pour écrire le plus possible sur moins de surface. La signature était énigmatique: T. Le destinataire, beaucoup moins. C’était pour elle.


T. ?


Qui donc pouvait bien lui envoyer une telle carte. Personne de sa famille n’était en congés à… — elle retourna la carte pour vérifier la ville — Vuurnest. Elle n’y avait elle-même jamais mis un pied ou la griffe d’un saurien de voyage.


Vuurnest…


Une idée lui traversa l’esprit comme une flèche un ballot de paille. Petite, elle voyait Vuurnest comme la ville des défis, de l’aventure. Elle en parlait comme si elle y avait toujours vécu, s’imaginant de rocambolesques expéditions sur les hauteurs de ses volcans avec Théras.


Théras…


Elle parcourut rapidement la lettre, une première fois ; puis une seconde en plissant les yeux ; puis une troisième en bougeant les lèvres, à la limite de prononcer chaque mot, se retenant dans un souffle aux ponctuations.


— Ça va gamine ? Une dette plus salée que d’habitude ?


Sans vraiment l’écouter, Zipper attrapa la salière et la fit glisser avec dextérité jusqu’à l’assiette d’Essermès. Elle butait sur la carte, oscillant entre colère et consternation.


— T’as de l’humour, toi. Ça doit faire fuir les bonshommes, ça.

— Hein ?


Zipper lui jeta un regard agressif.


— Pardon. Oublie ce que je dis. Je respecte, je respecte.


Elle retourna la carte et contempla le paysage de désolation volcanique qu’elle vantait.


— J’avais les pieds froids à cause du torrent, nigaud, marmonna-t-elle enfin. Va te faire épouser. Grand bien te fasse.

— C’est cette carte qui te met sur tes grands dragons comme ça ?

— Essermès, mêle-toi de tes œuls1, tu veux… T’as pas une tournée à finir ?

— Si fait, dame, si fait. J’m’enfuis. À demain.


Le coursier s’essuya le coin de la bouche et reposa la serviette sur le comptoir. Il fila sans dire un mot de plus et adressa ses adieux de la main en poussant délicatement les portes battantes du bar. Zipper croisa son reflet déformé dans le col de la tireuse. Elle fulminait. Ce retour de son propre regard la fit sourire et lâcher sa colère. Elle se dit qu’après tout, elle n’avait aucune raison de s’énerver pour un garçon qu’elle n’avait pas croisé depuis dix ans. L’eau avait coulé dans le torrent et sans doute rafraichit d’autres paires de pieds que les siens.


La porte battante claqua. Prise par surprise, elle glissa la carte sous sa chemise avant d’attraper son torchon. C’était un autre habitué qui venait rincer sa soif matinale.

La jeune fille retira l’assiette que le coursier avait abandonnée et essuya le comptoir d’un geste vif. Toisant le nouveau venu, elle demanda :


— Qu’est-ce que je vous sers ?


L’habitué se gratta le menton en réfléchissant à haute voix.


— Drak… J’sais pas. J’ai soif, mais j’veux pas d’une bière.

— Je vous fais un cocktail ? Je m’entraîne.

— Ah mes dragons ! Ça se boit le soir avec de la musique douce ces mixtures. Mais bon, si ça peut t’aider.

— Nommez le poison.

— Un Rapunzeel, tu connais ? C’est un breuvage de l’autre côté des laves.

— Ici on l’appelle Raiponce. Je vous fais ça.


Tout en attrapant les bouteilles derrière elle, Zipper pensa à la lettre qui la chatouillait sous sa chemise et marmonna à nouveau à voix basse.


— Je vais t’en faire une, de réponse, mon nigaud…

— Tu dis ?

— Rien, je m’encourage.


Quelques notes

  1. Les œuls, vous connaissez pas ? Un œil, des yeux ; un œuf, des œufs ; un œul, des œuls. Facile. Bon évidemment si je vous dit pas que c'est le premier éclat de la coquille d'un dragonneau sortant de l'œuf parce que ça libère souvent un œil au passage et que c'est un porte bonheur qu'arborent les moines qui les font croître, c'est moins clair. Maintenant, vous savez.


Le prompt: Le destinataire de la carte la reçoit, décrire la scène de la découverte de la missive

Photo de Jasmin Egger sur Unsplash (recoloré par mes soins)

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