

Exercice d'écriture sur une scène de sacrifice
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Exercice d'écriture sur une scène de sacrifice
L'épreuve de la balance d'ébène
Enfin le temple ! Cora, suivi de Goro, entra dans la ziggourat dissimulée au milieu de la jungle. La nature s’était infiltrée et se développait comme un cancer au milieu des constructions gigantesques datant de l’ère des géants. Malgré l’âge immémorial du lieu, des torches continuaient de brûler sur les murs, faisant frémir des ombres aux formes démoniaques. Goro trébucha. Sa blessure le faisait manifestement souffrir. Malheureusement ils n’avaient déjà que trop tardé à trouver ce lieu et n’avaient plus le loisir de se reposer : sans la dague de cristal, le sorcier Man’Kan’Po ne pourrait pas réaliser le cérémoniel susceptible d’enrayer la destruction de la cité par la comète en approche. Cora aurait bien laissé Goro l’attendre, mais elle ignorait si elle aurait besoin de lui et craignait que les inquiétantes formes mouvantes sous les ondulations ignées des torches ne cachent de réels dangers. Aussi, le cœur lourd, le pressa-t-elle de continuer.
Ils débarquèrent enfin dans le cœur de la ziggourat où se dressait un autel d’obsidienne, en forme de cadavres de dragons entassés. Dessus se tenait une balance si grande que plusieurs hommes auraient pu dormir dans ses plateaux. Sur l’un de ceci brillait la dague de cristal, étrangement en équilibre avec l’autre plateau, vide. Au pied de la balance, une inscription était gravée dans la pierre : "Pour l’équilibre, une vie en échange du pouvoir." Cora grimaça. Cela s’annonçait mal. Pourquoi la magie nécessitait-elle tant de sang ?
Alors que les deux derniers rescapés de l’expédition s’approchaient de l’autel, une forme se matérialisa devant eux. Les yeux brillants, l’aspect vaguement humanoïde, elle était constituée de fumée tourbillonnante.
— Vous qui désirez emprunter la dague, êtes-vous prêts au sacrifice ?
— Que se passerait-il, si on s’y refusait ?
— La dague perdrait tout pouvoir en quittant le plateau.
— Damnation ! rugit Cora.
— Laisse ! Je vais le faire ! intervint Goro.
— Tu n’y songes pas ? Il n’en est pas question !
— Tu déraisonnes, Cora. Si nous échouons, tous nos compagnons seront morts pour rien et la cité sera détruite.
— Je peux tout aussi bien me sacrifier que toi !
— Ce serait stupide ! Ma blessure m’entraîne déjà vers le royaume des ombres. Je n’aurai pas la force de rentrer à la cité. Tu es la seule à pouvoir le faire. Seule, tu pourras utiliser la danse du serpent ailé.
Les mots de Goro percutèrent Cora de plein fouet. Elle savait qu’il avait raison, mais c’était inacceptable. Elle avait tout partagé avec cet homme : des aventures trépidantes aux étreintes torrides en passant par leurs peurs et leurs secrets les plus intimes. S’il mourait, quel sens aurait encore sa vie ?
— Hâtez-vous, humains, ou vous ne repartirez pas vivants d’ici.
La voix sépulcrale du spectre de la balance fut suivie de hurlements sauvages provenant de l’extérieur de la salle. Cora jura de colère ! Elle n’avait même pas le temps de réfléchir.
— N’y a-t-il rien qu’on puisse sacrifier à la place ? demanda-t-elle à l’entité.
— Seule la vie humaine délivre le pouvoir. Et la victime doit être consciente, ajouta le spectre implacable.
— J’y suis résolu, répondit Goro.
— Non, s’opposa Cora au bord des larmes.
— Sois courageuse, à l’image de la femme que j’ai connue et aimée. Nous n’avons pas d’autre choix.
Sans plus attendre, Goro monta sur le plateau. C’est alors que son sac, ses vêtements et ses armes furent projetés au-delà de l’autel.
— Tue-le, ordonna l’entité, en donnant un arc et une flèche d’obsidienne à Cora.
— Ne puis-je m’ôter la vie ? protesta Goro.
— Tue-le avant qu’il ne soit trop tard, répéta le spectre.
Cora le regarda, totalement écroulée, incapable de réagir. Non seulement, elle devait accepter son sacrifice, mais en plus il lui fallait le tuer ? Une sombre créature distordue passa la porte. Les hérésies servaient le dieu cruel de la destruction. Elles étaient responsables de la blessure de Goro. Et bientôt de la mort de Cora.
— Tire ! ordonna Goro.
— Merci de nous avoir menés au temple, ricana l’hérésie. Et de nous fournir deux victimes sacrificielles. Je n’en demandais pas tant…
Soudain Cora saisit l’arc, le banda et dirigea la flèche vers l’hérésie qui s’avançait en savourant sa victoire. La créature décharnée et tordue s’arrêta, consciente des forces sacrées qui se dissimulaient dans le projectile. Bien que non réellement vivante, elle ne tenait pas à disparaître.
— Ce serait inutile, indiqua le spectre. Seul le sacrifice d’un humain sera accepté.
— Je vous hais, lança Cora.
— Cela n’a aucune espèce d’importance.
— Cora ! hurla Goro.
Cora ferma ses yeux embués de larmes, mit la corde en tension, se retourna vers son compagnon et libéra le projectile, qui frappa le sacrifié. L’explosion fut éblouissante.
Enveloppée de lumière, Cora flottait face à la dague. Elle saisit le manche et sentit soudain la présence de Goro qui l’encourageait. Son cœur brisé, elle était emplie d’une rage terrible et avant même que l’hérésie n’ait pu bouger, elle lui transperça le cœur, l’effaçant de la réalité.
— Me frapper ne servirait à rien, indiqua le spectre sans la moindre peur. Lorsque vous aurez fini avec la dague, tu viendras me la rapporter.
— Mais Goro sera toujours mort.
— Je vivrai toujours dans ton cœur, prononça la voix de Goro dans sa tête, et dans nos légendes.
— Je t’aimerai toujours.
— Tu dois y aller.
Cora acquiesça et invoqua la danse du serpent ailé, une magie étrange et ancienne qui lui permettrait de gagner la cité en quelques heures. Le cœur brisé, elle s’envola pour accomplir son devoir, mais cette fois-ci, le prix était trop lourd.

