Le Théorème de Marguerite
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Le Théorème de Marguerite
Anna Novion (2023)
Pas besoin de comprendre les mathématiques pour apprécier "Le théorème de Marguerite" dont la principale qualité est d'offrir un beau portrait de femme écrit avec une rigueur "mathématique". En effet du début à la fin du film, on s'amuse et on s'étonne du fonctionnement singulier de la jeune femme, brillante étudiante passionnée et obsédée par les mathématiques qui se moque de la bienséance, des codes sociaux, des hiérarchies et des règlements, allant droit au but dans toutes les situations de la vie. On pourrait la croire inadaptée avec ses échecs successifs (démission de l'ENS, exclusion d'une formation à la suite de critiques sur la conception d'un sondage, licenciement d'un boulot alimentaire où elle a jugé une décision illogique, difficultés de communication avec sa colocataire au tempérament opposé au sien et son partenaire de recherches avec lequel elle découvre l'amour), mais avec son tempérament tourné vers la résolution efficace des problèmes, elle parvient à chaque fois à rebondir comme lorsqu'elle a l'idée de payer le loyer de sa colocation dans le quartier chinois de Paris à coups de parties de mah-jong où elle peut appliquer concrètement ses talents de matheuse. On remarque également que si sa franchise et son côté introverti heurte souvent son entourage, il s'agit de quelqu'un d'intègre qui ne supporte pas le comportement ambigu de son directeur de thèse (Jean-Pierre DARROUSSIN) qui semble bien plus se positionner en concurrent manipulateur qu'en soutien protecteur. Bref on aura reconnu nombre de traits HPI (haut potentiel intellectuel) et autistiques chez Marguerite -son obsession pour la résolution de la conjecture de Goldbach par exemple- sans que pour autant cela soit appuyé et sans que cela ne l'empêche de faire son chemin dans la société ce qui correspond aux avancées de la recherche en ce domaine (avec les nuances des troubles du spectre autistiques ou TSA). Les autistes raisonnent souvent en images et la traduction visuelle de sa pensée dans le film est très réussie avec des formules mathématiques qui se déploient dans tout son appartement comme une forêt vierge. Dans le rôle, Ella RUMPF (découverte dans "Grave" (2016) de Julia DUCOURNAU) est excellente.
On regrettera cependant un scénario initiatique balisé qui se déroule comme un programme un peu trop bien huilé. Ce n'est pas parce que le fonctionnement de Marguerite ressemble à celui d'un robot qu'elle en est un et qu'elle peut tout maîtriser ou bien n'avoir jamais de doutes. Par ailleurs ses relations qu'elle ne cesse de malmener effacent l'ardoise avec une facilité trop déconcertante pour être crédibles. C'est particulièrement vrai de sa relation amoureuse. La "success story" que s'avère être finalement le film neutralise en partie ce que le portrait de Marguerite peut avoir d'original.