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Le paradoxe Denton Welch

Le paradoxe Denton Welch

Veröffentlicht am 7, Apr., 2022 Aktualisiert am 7, Apr., 2022 Kultur
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Le paradoxe Denton Welch

 Ce titre est celui du mémoire, en version un peu corrigé du 31/08/2018, qui m'a valu une grosse partie de mon diplôme de Master 2 de recherches en littérature anglaise, mais écrit en français...ah les Zétudes...à l'université de Tours. Je n'ai jamais rien écrit d'aussi conséquent ni avant, ni après. Et je sais qu'il y a de quoi "parfaire" encore dans le dedans. Donc voilà l'idée: je vais le reprendre ici, morceaux par morceaux, je ne sais pas si j'arriverai au bout, mai autant s'y mettre quand même...Voici l'introduction, enfin sa quinzième ou vingt et unième version, selon le point de vue...

 

Ma zhao pao, wu zhao tiao

 

Une des plus célèbres chanteuses de l’époque <1920/1950> est Yao Li qui chante “Rose, Rose, I Love You” à l’Hôtel Yantse, près du Champ de Courses. Egalement Zhou Xuan, qui interprète le fameux “Ye Shanghai”, hymne à la nuit Shanghaienne qui sera repris de maintes fois par la suite. Ces textes qui traitent d’insouciance et de légèreté sont irrémédiablement liés au patrimoine musical de Shanghai. Ce style superficiel est pleinement assumé par les Shanghaiens dans une Chine en perpétuelle guerre et peut se résumer dans le dicton shanghaien “Ma zhao pao, wu zhao tiao” (les chevaux courent toujours et on continue de danser), affichant le peu d’intérêt pour le monde extérieur tant que l’on peut encore s’amuser ![1]

 

Remarques préliminaires :

Par mesure de clarté dans ce mémoire, j’utiliserai les abréviations ci-après lorsque je citerai l’un des trois romans de Denton WELCH : AVTAC pour Denton Welch, A Voice Through A Cloud 1950 (Cambridge, MA : Exact Change, 1996) ; IYIP pour Denton WELCH, In Youth Is Pleasure 1945 (Cambridge, MA : Exact Change, 1994) ; MV pour Denton WELCH Maiden Voyage 1943 (Cambridge, MA : Exact Change, 1994). Et également lorsque je citerai le Journal de Denton Welch : JODW pour Michael DE-LA-NOY, The Journals of Denton Welch (New York : E.P. Dutton, 1984). Cet ordre de présentation est l’ordre de ma découverte de l’écriture de Denton Welch.

 

 

 

 

Introduction

L’entre-deux-guerres européen est une période qui combine les extrêmes, qu’ils soient politiques, scientifiques ou artistiques. Une période de tous les possibles que la fin de la première guerre mondiale allait permettre d’explorer, chacun essayant de tirer les enseignements collectifs du dix-neuvième siècle révolutionnaire et d’un début de vingtième siècle désastreux sur le plan humain. Jamais les espoirs n’avaient-ils atteint ni une expansion géographique et numérique si importante, ni une désillusion si grande en un laps de temps si court. Berlin, en particulier, devenait la ville de tous les possibles. La révolution russe portait haut la matérialité des idées marxistes du siècle précédent. Les Etats-Unis avaient parcouru et couvert la totalité de leur territoire. L’homme semblait en passe de maitriser la planète, la nature, voire la vie. Et cependant, quelques territoires dans le monde résistaient à cette expansion formidable tout en en profitant. Ainsi Shangaï était-elle devenue un des refuges pour tous ceux que ces vagues de liberté démocratique repoussaient d’une frontière à l’autre, et devenait-elle l’un des laboratoires d’expérimentations du cosmopolitisme, tout en scénarisant les luttes de réappropriations territoriales[2] qui seront appelées plus tard « les processus de décolonisation ». La fin de la première guerre mondiale faisait porter en Europe les stigmates d’une révolution dans l’art de la guerre, à savoir son industrialisation.  « La Der des Ders », comme ses acteurs survivants la fantasmait, permit d’ouvrir les portes des possibles, comme si l’homme avait connu l’Enfer et en était revenu vainqueur, perdant, ou les deux, mais en était revenu. Le néant n’était pas encore atteint, quelques atrocités destructrices qu’aient pu à la fois connaître et perpétrer à la fois chaque individu, dans son intimité la plus immédiate, et chaque collectif, dans ce que la notion permet de distance avec l’horreur, notamment nationaux.  Albert Einstein révolutionnait les concepts d’espace et de temps en les fusionnant dans l’élaboration de la Théorie de la Relativité présentée comme telle pour la première fois en 1915 à l’Académie Royale des Sciences de Prusse[3]. Sigmund Freud nommait la libido[4] et les pulsions. Grâce à cette nouvelle boîte à outil psychanalytique, il allait pouvoir soigner des individus malades psychiquement qui étaient diagnostiqués correctement et faire ainsi aboutir l’idéal scientifique du dix-neuvième siècle quant à la catégorisation des pathologies mentales. Paris attirait à elle nombre d’artistes. Leurs travaux collaboratifs produiront des laboratoires conceptuels reconnus en histoire de l’art avec des courants tels le Futurisme, le Dadaïsme, ou le Surréalisme, poussant ce que le dix-neuvième siècle avait révélé des possibilités de l’art à travers le postimpressionnisme et le symbolisme pictural. Tout prenait sa place à la sortie du chaos, chaque domaine (artistique, scientifique et psychanalytique) profitant de cet élan pour évoluer. Comme si la violence atteinte au cours de la première guerre mondiale avait été, à un niveau ou à un autre, à l’origine de cet élan.

C’est également le temps des premières transversalités communicables en temps et en heure à une audience mondiale, comme par exemple la collaboration de Carl Gustav Jung et de Wolfgang Pauli qui tentèrent d’allier approche psychanalytique naissante et sciences physiques en pleine révolution afin de définir le concept de synchronicité[5]. Malheureusement pour Jung, les bases scientifiques qu’il utilisait alors s’avèreront faussées. Et ce concept tombera dans l’oubli, du moins dans son acception jungienne. La caution scientifique représentée par le prix Nobel de physique et le détenteur de la Médaille Franklin qu’est Wolfgang Pauli permettront tout de même au concept de revenir plus tard sur la scène scientifique[6]. Ces développements transversaux sont intéressants dans le cadre de cette étude dans la mesure où ils sont contemporains de l’auteur du Journal. Le concept de synchronicité a été à maintes reprises évoqué par Jung entre 1925 et 1958[7], date à laquelle il consent à tenter de le démontrer scientifiquement. Dans ces conditions naître à Shangaï en 1915 et mourir dans le Kent en 1948 donne à la vie de Denton Welch, au minimum, une valeur de témoignage d’une période complexe à appréhender dans la totalité de ses transformations. Les traces fictionnelles et non-fictionnelles qu’il nous a laissées pourraient donner un éclairage sensible et une autre perspective, plus tout à fait moderniste, au sens littéraire du terme, peut-être, sur cette période.

 

Denton Welch est donc né le 29 mars 1915 à Shangaï dans une famille britannique, du côté de son père, installée dans cette ville depuis plusieurs générations après avoir fait fortune dans le commerce du caoutchouc et du thé[8] à travers les territoires colonisés européens en Asie. Denton a des racines américaines du côté de sa mère. L’influence de celle-ci sur son fils sera d’autant plus grande qu’il passera les dix premières années de sa vie avec elle dans un perpétuel voyage entre la Chine, le Canada et l’Angleterre. Ces déplacements donnent au jeune Denton une perception tout-à-fait singulière de deux zones de conflits auxquelles il est attaché par le mouvement et la naissance, faisant « la navette entre la Chine et l’Angleterre [9]». Cette image de navette empruntée à Robert Phillips permet de mieux appréhender l’une des critiques les plus tenaces sur l’écriture de Denton Welch : sa désinvolture apparente quant aux faits de guerre qui ont bercés la vie de cet individu. Ce mouvement, dans lequel la perception de l’auteur se forme, lui donne une perspective singulière sur les résonnances géopolitiques de tel ou tel conflit. Rappelons qu’en 1911 la révolution chinoise avait destitué une dynastie réputée vieille de plusieurs siècles, derniers représentants d’un empire plurimillénaire, et que ce territoire était le théâtre d’une lutte sans fin entre empires coloniaux européens, asiatiques et la population indigène. C’est d’ailleurs à Shangaï qu’éclate l’insurrection militaire le 3 novembre 1911 avec la participation d’un certain Tchang Kaï-chek[10], insurrection qui débouche le premier janvier 1912 sur l’instauration de la première République chinoise par Sun Zhongshan. Celle-ci perdure jusqu’en 1949, date de l’arrivée de Mao Zedong au pouvoir et l’établissement de la République populaire de Chine. De fait, de conflit en conflit, Denton Welch en est témoin à distance, mais témoin tout de même. Et cette distance lui permet même de développer un regard particulier sur ces questions géopolitiques. Témoin de la vie, de la mort et de tout ce qui se passe entre les deux, il n'a de cesse d'exprimer cette perception qu'il sent particulière dans le cadre apparemment un peu strict de la littérature européenne, cadre qui est, en apparence, toujours pour lui un second choix par nécessité puisqu'il se retrouve après son accident aux portes même de ce dont il était jusque-là uniquement le témoin privilégié : la mort et la souffrance physique.

Toutes ces influences ont une incidence sur son écriture. Notamment le fait que sa mère était pratiquante de l’Eglise de Mary Baker Eddy, plus connue sous le nom d’Eglise du Christ Scientiste[11].  Ce qui laisse par conséquent peu de place au développement d'une relation paternelle. Il est le quatrième et dernier garçon de la famille, il développe d'ailleurs différentes relations avec William et Paul, ses deux frères ainés. Denton n’a apparemment aucun souvenir de Tommy, frère mort en bas âge[12]. Il n’en laisse en tout cas pas une seule trace ni dans sa correspondance, ni dans son Journal, ni dans son œuvre de fiction. Sa mère meurt de longue maladie en 1926 et Denton est alors envoyé en pension à St Michael's dans le Sussex. On trouve, à travers plusieurs de ses écrits, des réminiscences de cette mort annoncée. Voilà ce que l'auteur dit de ces années, dans une lettre adressée à Basil Janzen le 06 juin 1943 :

 

There is a dramatic quality about my memories of it. It is the religious foundation, of course, and the complete (in my case) ignorance of all sex matters. This all mixes up with the death of my mother.

 

I am always pressing back remembering these things and pondering on them. They seem to be only just round the corner still.[13]

 

Puis c'est à Repton, en Angleterre, qu'il est envoyé afin de parfaire son éducation, école dont il s'enfuit. Contre toute attente, son père lui propose de revenir auprès de lui à Shangaï. Cette fugue et ce retour à Shangaï sont exploités dans son deuxième roman In Youth Is Pleasure[14]. De retour en Angleterre à l’âge de dix-huit ans en 1933, il choisit de se présenter à la Goldsmith School of Arts afin d'y recevoir une formation d'artiste-peintre. Effectivement , depuis son enfance, Denton manifestait quelques talents précoces en la matière. Mais il était très tôt assez critique envers ses propres productions, sentant qu'il ne parvenait pas à traduire picturalement de manière assez précise ce qu'il voulait transmettre :« Welch, however, perceived at an early age the limitations of his achievements in the graphic arts. »[15]

Le 7 juin 1935, il quitte l'école pour se rendre chez sa tante et son oncle, à vélo. Sur la route, il est percuté par l'arrière par une femme au volant de sa voiture. S'ensuivent treize années de douleurs et de traitements qui aboutissent à sa mort le 30 décembre 1948 dans les bras d'Eric Oliver, dernier témoin de la vie de Denton Welch et légataire testamentaire. En effet, il développe le Mal de Pott ou tuberculose osseuse. Cette maladie touche principalement la colonne vertébrale. Celle-ci est l'autoroute du corps en ce qui concerne le rapport entre perception de l'environnement d'un individu et sa traduction au niveau du cerveau[16]. Cet aspect sera à exploiter dans une étude plus poussée afin de démontrer si oui ou non l'écriture de Denton Welch peut se démontrer effective dans un sens particulier, scientifiquement à la lumière des dernières recherches dans le domaine des neurosciences.

 En 1938, il rencontre Walter Sickert par l’entremise du Docteur Easton. Cette rencontre sera déterminante car elle donne lieu, quatre ans plus tard, à la première publication de Denton Welch dans Horizon[17]. Ce magazine littéraire qui compte, dans la liste de ses collaborateurs, des auteurs tel que Edith Sitwell, Osbert Sitwell, W.H. Auden, T.S. Eliot, André Gide, Virginia Woolf, etc. liste de contributeurs qui peut également être mise au crédit de la liste des lecteurs de Denton Welch, comme le prouve la correspondance que Denton Welch entretenait avec Edith Sitwell, et dont des traces sont lisibles dans son Journal :

 

 

 

17 September

 

Yesterday was the day of miracles. I had four letters.

One was to say that C.E.M.A. Wanted to hire a picture for five pounds a year to send round the countryside in a travelling exhibition. One was to say that Mr J. Middleton Murry wanted to publish poems in the Adelphi. One was to ask me to correct my proof of a poem which Mr W. J. Turner had chosen for the Spectator.

And last plum, jewel, diadem and knock-out was a four-page letter from Edith Sitwell, telling me how much she and her brother Osbert enjoyed my Sickert article. How they « laughed till they cried ! » [18]

 

C'est en 1942 que cet article paraît, date à laquelle Denton commence son Journal et que son premier roman, Maiden Voyage, est accepté pour publication par Herbert Read. Ce roman sera publié l’année suivante, en 1943.

 

Denton Welch est l'auteur de trois romans considérés comme des autobiographies par certains, recatégorisés pour ma part dans une première étude comme faisant preuve d’un « processus d'individuation »[19] tant pour l'auteur que pour le lecteur. Ce processus d'individuation est à comprendre dans son acception jungienne. A savoir, une quête du Soi comme entité unifiée après la rencontre des archétypes de sa persona, de son ombre et de son anima/animus. Cette quête chez Jung se fait dans le rêve, c'est-à-dire dans un état de conscience modifié, ni conscient, ni inconscient.  Le passage : « The words came out of my mouth. Some of them were slightly incorrect, others a little fantastic. »[20]  m'avait permis de faire le lien alors entre ce processus et les romans de Denton Welch. Ces phrases décrivent l'état mental de l’auteur/narrateur juste après son accident, à savoir qu'il était parfaitement conscient de parler, mais était incapable de contrôler ce qu’il produisait. Il n'était ni totalement conscient, ni totalement inconscient, donc bel et bien dans un état modifié de conscience que l'on peut rapprocher du rêve, de la transe, ou d’un état hallucinogène. Welch restera marqué par cette expérience et la prolongera grâce aux séquelles des soins et aux traitements. Son rapport à la réalité et à la vérité s’en trouve par conséquent modifié.

 Et c'est peut-être dans la réunion de deux anciennes définitions philosophiques de l'alèthéia qu'il serait bon de replacer l'écriture de Denton Welch. C’est un concept qui réunit à la fois la définition de la vérité comme négation de l'oubli—la mémoire de Denton Welch dont il use à travers tous ses travaux pouvant être qualifiée d'eidétique[21]—et la définition de la réalité comme opposée à l'apparence première des choses. C'est-à-dire qu'une réalité se cacherait derrière le voile de la première perception qu'il serait possible d'améliorer afin d'atteindre cet autre degré de réalité. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’intituler ce mémoire « Le Paradoxe[22] Denton Welch ». Car il y a une évidente contradiction entre la réception qu’ont eu jusqu’ici les écrits de Denton Welch et la lecture qui peut en être faite à la lumière d’une ère contemporaine dans laquelle le réseau Internet a pour le moins bousculé les codes de lecture et d’exposition. Que ce soit académiquement avec les travaux de Jean-Louis Chevalier en 1973[23], plus mondainement avec la biographie de James Methuen-Campbell[24],  à cheval entre les deux de la biographie de Michaël De-La-Noy[25], ou même après la première tentative de filtrage jungien avec la biographie de Robert Phillips[26], ces réceptions laissent toutes une impression d’inachevé et ce, malgré leurs qualités intrinsèques.  Ce qu’il y a dans l’œuvre de Denton Welch, d’autant plus présente dans son Journal, c’est une apparente désinvolture quant à ce qui se passe autour de lui. Mais cette désinvolture semble cacher son exact opposé, une perception très précise, très détaillée, de son environnement proche. Ses échanges épistolaires avec Eric Oliver ont fait l’objet d’une publication récente[27], en 2017. C’est dire si cet auteur semble traverser les décennies sans vieillir, creusant peu à peu l’intérêt de ses lecteurs quitte à le catégoriser comme écrivain gay. Ma perception de ses écrits déborde largement le cadre du genre et de la sexualité, mais pourtant ces deux apparents « détails » devront être compris à l’intérieur d’un mouvement plus large. C’est ce que j’essayerai de démontrer dans ce mémoire à travers notamment l’étude du livre-objet en lui-même, l’étude de l’anatomie de l’objet puis de sa composition, et enfin dans l’écriture de Denton Welch. J’y vois un intérêt scientifique de redéfinition de la portée du champ littéraire. Cette étude se rapprochera donc plus de l’article de Didier Girard intitulé « L’hypnérotomachie à l’œuvre chez Denton Welch »[28] .

 

 

Parmi toutes les traces écrites de Denton Welch qui nous sont parvenues, il en est une qui peut plus particulièrement lever le voile sur l’existence de certains phénomènes particuliers, si ce n'est les mettre en évidence : son Journal. D'une part cet exercice en lui-même est singulier et Denton Welch le dit lui-même :

 

In Gide's Journal I have just read again he does not wish to write its pages slowly as he would the pages of a novel. He wants to train himself to rapid writing in it. It is just what I have always felt about this Journal of mine. Don't ponder, don't grope—just plunge something down, and perhaps more clearness and quickness will come with practice.[29]

 

Ce que nous apprennent ces quelques lignes c'est que dans un premier temps Denton a lu le Journal d'André Gide, et puisqu’il le cite, qu’il destinait le sien à la publication. Je me suis interrogée sur l'édition que Denton avait pu avoir lue au moment d'écrire ces lignes, date donnée par l’auteur dans son Journal le 27 février 1948. J'ai donc interrogé la fondation Catherine Gide qui a pour but de favoriser le patrimoine littéraire et culturel d'André Gide. Voici la réponse que j'ai obtenue :

 

Le Journal de Gide a été traduit en anglais assez tôt, par Justin O’Brien, qui correspondait directement avec Gide et était un excellent traducteur.

La première édition date de 1947, chez Secker & Warburg, London. Ensuite ont suivi pas mal d’autres éditions (US, Vintage Books, etc.).[30] 

 

Il a donc pu lire les deux versions, originale et traduite. Il restera à déterminer laquelle a pu avoir le plus d’influence sur l’écriture de celui de Denton Welch. La forme littéraire du journal est une forme à part entière qui sert aux auteurs à construire leur personæ littéraire, ou à faire simplement œuvre de témoignage. Considérée comme plus personnelle, elle est censée permettre (pour certains auteurs) d'approcher une expression totale et sincère du Moi. L’un des plus célèbres diaristes dans le monde anglophone est bien sûr Samuel Pepys[31] (1633-1703). D’ailleurs celui-ci cryptera presque entièrement son Journal. Si ces fonctions dans l'Amirauté anglaise de l'époque peuvent expliquer le besoin de crypter certaines informations sensibles, on peut se demander si ce besoin n'aurait pas nécessité de rédiger à part un journal dédié à ces informations. Or il les mélange à des informations bien moins sensibles, les cryptant elles aussi. En fait cet exercice de cryptographie semble pour le moins dépasser le besoin de cacher des informations sensibles, voire d’exprimer une sensibilité autre à travers une autre écriture. J'essayerai de développer cette idée dans l'étude de l'écriture du Journal de Denton Welch plus loin. D’autant que les suites de son accident et les traitements qu’il subit l’isoleront de facto des cercles artistiques de son temps, y compris littéraires. Ce qui fait de son évolution artistique individuelle un exemple très intéressant à étudier en comparaison des évolutions plus collectives d’autres artistes de son temps, car son écriture en semble à la fois détachée et profondément liée, comme ce passage nous le démontre :

 

He ended his letter, “If you have time to answer I hope you’ll be able to give me some sort of advice as I know absolutely no other young writers and feel completely cut off and at sea.”[32]

 

Cette citation vient d’une réponse faite à une lettre d’Henry Treece datant du 20 juin 1942, où il était question de sa production poétique. Son Journal commence moins d’un mois après cette réponse. La poésie de Denton Welch ne sera pas considérée comme le meilleur de sa production littéraire, y compris par lui-même :

 

 

I must admit that however much I try, I still find it impossible to formulate it to myself what I am trying to do when I write a poem. I just want to do it. And consequently what comes out of me will probably be rather shapeless, rather sexy and probably rather trite.[33]

 

Cette lettre, toujours destinée à Henry Treece, date quant à elle du 9 juin 1942. Or Welch commencera la rédaction de son Journal le 10 juillet 1942. Il devient alors probable que l’écriture de ce Journal vienne compenser une frustration quant à la qualité de sa production poétique, voire d’un élargissement de la perspective poétique de l’auteur. La frustration serait utilisée par Welch comme un catalyseur lui permettant de proposer une autre perspective sur l’exercice du Journal.

Mes recherches porteront sur les traces dites non-fictionnelles de Denton Welch, à savoir son Journal, afin de déterminer si à travers les différentes réceptions de celui-ci peut être dégagée une approche transversale valide—littéraire, scientifique et psychanalytique—afin d’ouvrir les champs de recherche littéraires à d’autres perspectives. L’idée étant que chaque approche participe de la même intention et que c’est à l’intersection de celles-ci que pourrait se dégager une autre perspective. Donc sans que l’une prenne le pas sur l’autre, mais plutôt en les fusionnant dans un rapport d’équilibre à déterminer. L’axe de mes recherches s’articulera autour du concept de rêve traité par ces trois domaines à l’époque de rédaction du Journal, mais également à travers les évolutions contemporaines de ces domaines autour du concept de rêve. Denton Welch est l’un des auteurs qui nous a laissé le plus de traces exploitables afin de mener ces recherches. Mais cette nouvelle grille de lecture transversale pourrait s’appliquer à de nombreuses sources aujourd’hui catégorisées comme littéraires, scientifiques ou psychanalytique, demain peut-être de nouveau exploitées dans une perspective plus large. Ce mémoire quant à lui se focalisera plus précisément sur l’approche artistique afin d’en dégager des pistes dans l’optique de ces recherches à plus long terme. Et ce qui m'y autorise est justement l'exergue choisie par Michael De-La-Noy de la main de Denton Welch citant André Gide. L'écriture du Journal d'André Gide est reconnue comme étant proche de ce que les surréalistes ont appelés « l'écriture automatique » :

 

 Même s'il ne s'agit que des moments perdus de la journée, le défi est de s'asseoir quelque part, sortir le carnet de sa poche et d'écrire tout de suite. Nous voyons là la signification de la vitesse de l'écriture. Ce n'est qu'ainsi, pour citer justement une phrase de 1905, qu’il peut réussir « cette sorte transposition immédiate et involontaire de la sensation et de l'émotion en paroles. » (...) une écriture qui frôle l'écriture automatique des Surréalistes.[34]

 

C'est un mode d'écriture dans lequel ne sont censés intervenir ni la conscience, ni la volonté. Originellement, André Breton avait imaginé pouvoir dépasser les contraintes morales du discours par cet exercice mais déclarera plus tard que les Surréalistes n'avaient pas abouti dans cet exercice. J'aimerais prouver que ce Journal, s'il n'y parvient pas totalement, apporte en tout cas une pierre de plus à l'édifice de cet exercice. Comme nous l’avons vu plus haut, Denton Welch a connu cet état au moins une fois, lors de son accident, voire l’a prolongé notamment grâce à la médication qu’il a reçue, et au mal particulier dont il souffrait (Mal de Pott). C’est-à-dire qu’il n’était ni conscient, ni inconscient.  L'histoire même des publications du Journal est en soi un objet d'intérêt. Les deux éditions à ma disposition pour mes recherches, si nécessaires qu’elles soient pour l’étude en cours, ne suffiront pas pour la dépasser. L'université d'Austin au Texas concentre un grand nombre de manuscrits de Denton Welch au sein du Harry Ransom Center. Une étude approfondie de ceux-ci semble donc indispensable étant donné les choix éditoriaux qui ont été fait au cours de ces 60 dernières années par des personnes aussi différentes que Jocelyn Brooke ou Michel De-La-Noy, qui ont effectué un travail remarquable mais également pesant sur l'écriture en elle-même de l'auteur. Cette demande est en cours. Effectivement l’auteur n'a pas eu le temps de donner lui-même ses directives quant à la publication du Journal. Or si l'on suit toujours l’exergue de l’édition de De-La-Noy, les choix éditoriaux peuvent peser lourd sur la réception du travail de l'auteur. Il est donc évident que l'étude de ces manuscrits s'inscrit dans une recherche à plus long terme. Cette étude préparant au travail de recherches approfondies ultérieures sera organisée en trois temps. Après m’être attachée à une description purement technique de l’objet en lui-même, anatomie du livre-objet, je m’attèlerai à une dissection de l’objet afin de trouver les pivots ou les clefs d’une éventuelle particularité de l’écriture de Denton Welch dans sa composition. Ceci afin de déterminer si, après filtrage de cet objet, dans la lignée du concept de synchronicité[35] de Carl Gustav Jung, il est possible de définir un concept pouvant s’appliquer à sa lecture et dégager une construction sous-jacente dont Denton Welch aurait eu l’intuition sans avoir peut-être ni le temps ni l’envie de la démontrer formellement, ou de l’exploiter plus avant. Puis dans une troisième partie, j’exposerai les différentes réceptions possibles de cet écrit particulier, et je m’attarderai sur une entrée en particulier afin de déterminer si une stratégie de lecture contemporaine de l’objet peut révéler un éventuel ultra-modernisme de l’écriture de l’auteur. Effectivement, l’écriture de Denton Welch fourmille de détails, sa mémoire est un écran sur lequel se projette une écriture dont le Journal reste une trace intéressante, mais à décrypter comme l’auteur le précise lui-même :

 

 How I treasure the fact that [Edith Sitwell] think[s] my book moving! I, quite simply, want to cry about my book, but I know that I have not been able to dig deep, deep down and show myself and everyone else as we are, so striving after everything so looking, looking.[36]

 

Le parcours individuel de Denton Welch, et les traces littéraires assez nombreuses qu'il nous en a laissées, est l'objet même d'une recherche qui peut s'avérer des plus passionnantes. Ceci permettra peut-être de prendre le recul nécessaire à l'étude d'une des périodes les plus complexes de l'histoire, l'entre-deux-guerres en territoire européen et ses conséquences au niveau international. Et peut-être que ce recul permis par l'auteur permettra quant à lui de mettre à jour des phénomènes qu'il sera bon d'essayer d'éclaircir par la notion de paradoxe. Avec pour exemple premier la redéfinition possible du terme « cosmopolite » dans le débat philosophique de son apparition chez Diogène jusqu'à son interprétation par Emmanuel Kant dans son ouvrage Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique et son implication contemporaine. L'espace et le temps ont longtemps été considérés comme des concepts déliés. C'est Albert Einstein que l'histoire retiendra comme précurseur d'une réunion de ces deux concepts en un seul dans une perspective scientifique, qui résonnera dans d’autres domaines tel que les arts ou la philosophie. Cette découverte date de l'époque même de l'enfance de Denton Welch. Contemporain de la naissance de la psychanalyse et des premières découvertes en physique qui mèneront aux plus récents développements en physique quantique et dans le domaine de la neuroscience, le Journal de Denton Welch en garde-t-il une trace individuelle qui révèlerait une intuition hors du commun qui ferait de son écriture un legs pour les générations futures, c’est-à-dire les générations actuelles ? Le langage, l’un des outils plaçant l’être humain sur la première marche du podium de l’évolution, ne serait-il finalement qu’un outil tronqué par l’usure ? Y-aurait-il des potentiels oubliés dans cet acte de communication et l’écriture de Denton Welch pourrait-elle, si ce n’est nous servir à établir un code, en tout cas nous permettre d’entrevoir les possibilités de l’évolution de cet outil au-delà de ce que nous connaissons déjà ? Cette étude, le plus humblement possible, tentera de répondre à cette question.

 

 

 

[1]Hong Kong & Shanghai Tours, « Brève histoire de la musique shanghaienne ». Consultation le 17/02/2018 à http://shanghaitours.canalblog.com/archives/2015/05/15/32058574.html .

[2] « La question d'une spécificité de la culture shanghaienne a été posée en particulier par Yeh Wen-Hsin (Berkeley) qui a essayé de saisir, par le biais d'une approche culturelle, un petit peuple urbain (xiao shi-min) qui échappe a toute définition économique et dont le rôle dans la mobilisation révolutionnaire semble avoir été crucial mais jusqu'ici méconnu. Le panorama de l'histoire shanghaienne s'est achevé sur l'évocation des rapports nippons-occidentaux et par l'analyse des rivalités entre les Occidentaux eux-mêmes et de leurs efforts pour maintenir le statu quo et leurs privilèges face au flot montant du nationalisme chinois après 1925 (Nicholas Clifford, Middlesbury College). Marie-Claire BERGERE, « L’Histoire de Shangaï », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, No. 22, numéro spécial: Les générations (Paris : Sciences Po University Press, Avr. -Juin, 1989), 141-143. Consultation le 20/03/2018 à http://www.jstor.org.proxy.scd.univ-tours.fr/stable/pdf/3769269.pdf?refreqid=excelsior:eb2072691bd30d067ffe32e6511dbb0a . https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1989_num_22_1_2139 le 02/03/2022

 

[3]Azar KHALATBARI, « Le 25 novembre 1915, Einstein présentait la théorie de la relativité générale », Sciences et Avenir, mis en ligne le 25/11/2015. Consultation le 07/06/2018 à  https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/25-novembre-1915-la-premiere-presentation-de-la-theorie-de-la-relativite-generale_23198 .

[4] « Libido est un terme emprunté à la théorie de l'affectivité. Nous désignons ainsi l'énergie (considérée comme une grandeur quantitative, mais non encore mesurable) des tendances se rattachant à ce que nous résumons dans le mot amour. » Sigmund FREUD, Psychologie collective et analyse du Moi. (Paris : Ed. Payot, 1968). Consultation le 20/03/2018 à http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/essais_de_psychanalyse/Essai_2_psy_collective/Freud_Psycho_collective.pdf . La première édition française traduite par Docteur S. Jankélévitch est publiée en 1921.

[5] « Il est sans doute opportun d'attirer l'attention sur un contresens éventuel que le terme de synchronicité pourrait susciter. Je l'ai choisi parce que la simultanéité de deux événements reliés par le sens et non par la causalité m'apparaissait comme un critère essentiel. J'emploie donc le concept général de synchronicité dans le sens particulier de coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal et chargés d'un sens identique ou analogue ; ceci par opposition au « synchronisme », qui ne désigne que la simple simultanéité des événements. », Carl Gustav JUNG, Synchronicité et Paracelsica. (Paris : Ed. Albin Michel, 1988), 43.

[6] Michel CAZENAVE, et al., La Synchronicité, l’âme et la science. (Paris :Ed. Albin Michel ,1991) 1995.

[7] Carl Gustav JUNG, Synchronicité et Paracelsica (Paris: Ed. Albin Michel, 1988), 19-78.

[8] “ Maurice Denton Welch was born on 29 March 1915 in Shangaï, where both his grandfathers had settled to make their fortunes—his maternal grandfather, Thomas Bassett, in shipping, and his paternal grandfather, Joseph Welch as a tea merchant—and where his father, Arthur Joseph Welch, was a partner in a firm of rubber estate managers called Wattie and Co.”, Michael DE-LA-NOY, The Making of a Writer. (Hamondsworth, Middlesex, Angleterre : Ed. Penguin Books Ltd, 1986), 21.

[9] Robert PHILLIPS, Denton Welch. (New York : Ed. Twayne Publishers, Inc., 1974), 18. Consultation le 10/06/2018 à https://archive.org/details/dentonwelch00phil .

[10] « La vie de Tchang Kaï-chek embrasse le XXe siècle chinois. Entre la fondation de la République par Sun Yat-sen en 1911 et la victoire de Mao Zedong en 1949, c'est à Tchang Kaï-chek  (son nom s’écrit aussi Chiang Kaï-Shek ou Jiang Jieshi) que revient la charge de maintenir la cohésion de la Chine, menacée par les « seigneurs de la guerre » et l'envahisseur japonais. Il permet à la Chine de gagner son statut de « Quatrième Grand » et sa place au Conseil de sécurité de l'ONU. Mais il est incapable de combattre la corruption dans son entourage et échoue face à la détermination des rebelles communistes. Il ne peut empêcher leur chef Mao de remporter la mise.(…) Tchang rentre à Shanghai à l’occasion la révolution de 1911, qui voit l’avènement de la République, le retour de Sun des États-Unis, mais surtout l’effondrement de la Chine en une multitude de principautés dirigées par des « seigneurs de la guerre ». Dans ce contexte, au contact des milieux interlopes de Shanghai, il devient l’homme à tout faire de Sun alors que ce dernier prend la tête d’un gouvernement sécessionniste en Chine du Sud. ». herodote.net., « Tchang Kaï-chek (1887 - 1975), Un résistant pétri de doutes. ». Consultation le 19/03/2018 à www.herodote.net/Tchang_Kai_chek_1887_1975_-synthese-2189.php .

[11] “In a passage which illustrates her dependence upon Christian Science, the faith in which Denton himself had been brought up, he describes how one day he had gone in ‘our’ room to find his mother lying on the bed, clearly unwell.” Michael DE-LA-NOY, The Making of a Writer. (Hamondsworth, Middlesex, Angleterre : Ed. Penguin Books Ltd, 1986), 30.

 

[12]“Tommy a beautiful little boy with flaxen hair died in childhood, a family tragedy that Denton seems to have completely erased from his mind.”, Michael DE-LA-NOY, The Making of a Writer. (Hamondsworth, Middlesex, Angleterre : Ed. Penguin Books Ltd, 1986), 23.

[13]Robert PHILLIPS, Denton Welch. (New York : Ed. Twayne Publishers, Inc., 1974), 25.

[14] IYIP.

[15] Robert PHILLIPS, Denton Welch. (New York : Twayne Publishers, Inc., 1974), 28.

[16] « De la périphérie aux centres nerveux supérieurs, le trajet suivi par l'information nociceptive illustre bien les mécanismes physiologiques de la douleur. Le terme nociception découle des observations de Sherrington relatives aux stimulations susceptibles d'affecter l'intégrité de l'organisme (331). Il désigne l'information nerveuse potentiellement douloureuse ou algique avant son arrivée aux centres nerveux supérieurs. Le stimulus nociceptif initial ne constitue pas l'unique facteur contribuant à la douleur ressentie. Entre ces deux événements, se succèdent quatre étapes marquées par une série de réactions chimiques et électriques (100). En premier lieu, la transduction sensorielle correspond à la transformation du stimulus mécanique, thermique ou chimique en énergie chimio-électrique dans les terminaisons nerveuses sensorielles spécialisées. Ensuite, la transmission de l'influx nerveux s'accomplit en trois séquences : de la périphérie à la moelle épinière, de la moelle au tronc cérébral et au thalamus, enfin du thalamus au cortex. La modulation, la troisième étape, fait référence au contrôle inhibiteur exercé sur les neurones responsables de la transmission de la périphérie vers le cortex. À l'étape finale, la perception de la douleur constitue l'aboutissement d'un stimulus nociceptif parcourant l'ensemble du système nerveux. Pour l'interpréter, l'individu se réfère à sa situation émotionnelle et à la sommation de ses expériences passées. » Phénomènes de la douleur, bases neurophysiologiques, consultation le 06/03/2022 à https://uriic.uqat.ca/cours/module2/1.html .

[17] Denton WELCH, « Sickert at St Peter’s », Horizon. August 1942, 91-96. Consultation le 07/04/2022 à    http://www.unz.org/Pub/Horizon-1942aug-00091 .  

[18] JODW, 9.

[19]« J’emploie l’expression d’« individuation » pour désigner le processus par lequel un être devient un in-dividu psychologique, c’est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité. », Carl Gustav JUNG, Ma Vie. (Paris : Ed. Gallimard, 1961) 1973, 457.

[20]AVTAC, 11.

[21] « Or si le bergsonisme ne livre pas une phénoménologie, même pas une logique du temps, il en exposera avec clarté la structure intelligible. Il présente une éidétique du temps, des trois temps, mais qui n’aboutira pas à une véritable analytique. Bergson entend rester fidèle aux thèmes de la conscience commune et dans ses développements sur la structure du temps, il s’attache aux trois temps du passé, du présent et du futur. Cependant – et c’est la nouveauté radicale de cette philosophie – les trois temps ne sont pas entrevus comme des données empiriques, mais sont envisagés selon leur réalité a priori. Les trois temps accusent une distinction essentielle qui ne provient pas de leur place dans une succession empirique, du fait que le passé est avant le présent, et le présent antérieur à l’avenir. Les trois temps ont leur réalité spécifique en eux-mêmes, indépendamment de leur place dans une suite chronologique. » Miklos VETO,  « Le passé selon Bergson »., Archives de Philosophie. (Poitiers : Ed. Centre Sèvres, 2005). Consultation le 20/03/2018 à  https://www-cairn-info.proxy.scd.univ-tours.fr/revue-archives-de-philosophie-2005-1-page-5.htm#no5 .

[22] Étymologie de paradoxe: Παράδοξος, de παρὰ, à côté, et δόξα, opinion. Consultation  le 14/02/2018 à https://www.littre.org/definition/paradoxe .

[23] Jean-Louis CHEVALIER, « L'Univers de Denton Welch » 1975, thèse doctorale, Paris III, supervisée par Raymond Las Vergnas, 1975, 4 Vols.

[24] James METHUEN-CAMPBELL, Denton Welch Writer And Artist. (New York : Ed. Tauris Park Paperbacks, 2004).

[25] MichaelDE-LA-NOY, The Making Of A Writer. (Harmondsworth : Ed. Penguin Books Ltd., 1986).

[26] Voir note 7.

[27] Daniel J. MURTAUGH, The Letters Of Denton Welch. (Madison :  Ed. The University of Wisconsin Press) 2017.

[28] Didier GIRARD, “L’hypnérotomachie à l’œuvre chez Denton Welch”. Publié dans Etudes Britanniques Contemporaines 20 (Juin 2001), 19-34.  

[29]JODW, xiii et 353.

[30]Ambre FUENTES. “ Re : Journal d’André Gide” Reçu par Alexia Monrouzeau, le 27/01/2018.

[31]Phil GYFORD, The Diary of Samuel Pepys. Consultation : 17/02/2018 à https://www.pepysdiary.com .

[32] Michael DE-LA-NOY, The Making of a Writer. (Hammondsworth: Ed. Penguin Books, 1984), 157.

[33] Idem.

[34]Pierre MASSON, André Gide et l'écriture de soi. (Lyon : Ed. Presse Universitaire de Lyon, 2002) 158. Consultation le 20/03/2018 à  https://books.google.fr/books?id=59zFzyXT7PcC&pg=PA158&lpg=PA158&dq=andr%C3%A9+gide+et+l%27%C3%A9criture+automatique&source=bl&ots=itI7KR1mfl&sig=XK4NzFzqrO7RsAypXpn8w9wi6uQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi_4fOs96TZAhWKNxQKHaVjAgIQ6AEILjAB#v=onepage&q=andr%C3%A9%20gide%20et%20l'%C3%A9criture%20automatique&f=false .

[35] Voir note 5 et 7.

[36] JODW, 18.

 

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