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Les geisha, icônes du Japon traditionnel

Les geisha, icônes du Japon traditionnel

Veröffentlicht am 23, Aug., 2020 Aktualisiert am 26, Aug., 2020 Kultur
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Les geisha, icônes du Japon traditionnel

Figures japonaises incontournables, les geisha (appelées geiko à Kyoto) sont connues pour leur beauté. Parfois confondues à tort avec des femmes de plaisir, les geisha ont une longue histoire et un mode de vie aujourd'hui encore très codifié.

L'histoire de la profession

Dans les années 1600 à l'époque d'Edo, la réglementation de la prostitution se fait plus stricte et des quartiers de plaisir sont créés. Certaines prostituées étaient particulièrement luxueuses et convoitées, on les appelait oiran. Leurs clients étaient donc principalement des hommes riches et pour les faire patienter, des artistes jouaient dans les "salles d'attente". C'est là l'origine du métier de geisha, qui était à la base un métier... masculin ! Petit à petit, des femmes se sont aussi produites et leur côté raffiné plaisait beaucoup aux clients.

Les deux professions, oiran et geisha participent souvent ensemble à des banquets, mais les rôles étaient très strictement répartis. Les premières étaient maîtresses dans l'art de la séduction alors que les secondes étaient des artistes. La séparation se fait encore plus nettement à la fin des années 1700 quand le métier de geisha est officiellement reconnu. Leurs vêtements doivent respecter certaines normes, notamment porter le nœud de la ceinture à l'arrière du kimono et non à l'avant comme les oiran sur l'image ci-contre.

En parallèle des quartiers de plaisir se créent des hanamachi, des quartiers raffinés et réservés aux geisha. Leur apparence soignée et élégante plaît beaucoup aux hommes qui les jugent moins vulgaires qu'une prostituée et leur rendent plus volontiers visite. En effet, ces femmes sont formées pour être d'agréable compagnie : elles sont souriantes, ont le sens de la conversation et maîtrisent bon nombre d'arts traditionnels.

Avec la Seconde Guerre mondiale, le milieu va connaitre une crise : se payer une soirée avec une geisha coûte cher et l'économie du pays va mal. Dans les zones occupées par les Américains, de nombreuses prostituées se font appeler "geisha girl" pour attirer les soldats.

Les geisha ont donc très souvent été liées au milieu de la prostitution, mais elles n'ont jamais vendu leur corps, c'est leur art qui les rendait populaires.

 

Devenir une geisha

À l'époque, les parents pauvres vendaient souvent leurs filles à une okiya, une maison de geisha. C'était l'assurance pour eux que leurs enfants seraient nourries et logées... et un moyen de gagner un peu d'argent. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui fait que les chaussures des apprenties geisha sont particulièrement hautes : étant très jeunes et donc petites, les hommes devaient pouvoir leur tenir la main sans être incommodés par la différence de taille.

Lorsque l'école est devenue obligatoire jusqu'à 15 ans, les conditions de recrutement ont changé. Aujourd'hui, les jeunes filles désirant devenir geisha doivent envoyer un dossier de candidature dans un okiya et passer des entretiens. La directrice, appelée okaasan s'assure que la jeune fille n'a pas de maladie chronique, qu'elle n'est pas trop grande et de nature docile. Le parcours pour devenir une vraie geisha est long et exigeant et de moins en moins de jeunes filles sont prêtes à s'y consacrer totalement.

Une fois acceptée par l'okaasan, l'apprentie geisha commence par être une shikomi. Pendant environ une année, elle va vivre à l'okiya, aider à la vie quotidienne et apprendre à connaître les autres femmes de la maison.

Si tout se passe bien, elle deviendra ensuite une minarai. Elle commencera à accompagner ses aînées dans les banquets et les soirées pour apprendre sur le terrain en observant. Elle devra notamment s'adapter au rythme de vie intense d'une geisha.

Ensuite, l'apprentie deviendra officiellement une maiko. À ce stade, elle porte les vêtements traditionnels légèrement différents de ceux d'une geisha, mais déjà très imposants et codifiés. Elle commencera à se produire dans des soirées tout en continuant à se former. La maiko devra notamment apprendre à se maquiller, se vêtir (des habilleurs profesionnels passent dans les okiya pour aider les filles à ajuster leur kimono et noueur leur ceinture) et surtout à pratiquer les arts traditionnels. Les jeunes filles sont notamment formées au shamisen, à l'ikebana, la calligraphie, la danse, la cérémonie du thé et l'art de l'hospitalité.

Leur coiffure étant réalisée avec leurs vrais cheveux, elles doivent dormir sur des oreillers rehaussés pour ne pas l’abîmer : elles ne peuvent aller chez le coiffeur qu'une fois par semaine ! Pendant cette période, les maiko ne reçoivent pas encore de salaire, mais tout est pris en charge par l'okiya : vêtement, nourriture, loyer, etc.

Quand l'okaasan juge que l'apprentie est devenue assez experte, elle lui permet de devenir geisha.

La vie quotidienne des geisha

Une fois officiellement geisha, plusieurs choses changent. La tenue se modifie avec un point tout de même important : elle a le droit de porter une perruque et doit moins se soucier de garder sa coiffure intacte. Comme c'est l'okiya qui a tout payé durant ses années de formation, la geisha doit rembourser les coûts. Dans le temps, certains hommes, appelés danna, finançaient et entretenaient une geisha. C'était un très bon moyen de prouver son aisance financière et de briller en société. Aujourd'hui encore, pour pouvoir participer à une soirée avec des geisha, il faut normalement être présenté par un habitué, il ne suffit par de débarquer à l'improviste.

Lorsqu'une geisha a remboursé les frais engagés par sa patronne, elle peut faire le choix de devenir indépendante. Elle doit alors assumer ses frais par elle-même, mais l'okiya ne prend qu'un petit pourcentage des contrats qu'elle fournit. La jeune femme peut aussi faire le choix de rester affiliée à sa maison et dans ce cas, l'okiya paie les frais mais prend un plus gros pourcentage. En restant, la geisha peut avoir la possibilité de prendre la succession lorsque la directrice se retire.

La journée d'une geisha est centrée autour des arts et de la recherche de la perfection. Quelle que soit la situation, elles doivent toujours paraître élégantes et raffinées. Lorsqu'elles sont en habits de travail, elles ne peuvent par exemple pas prendre le bus ou aller faire leurs courses. Leur temps est principalement réparti entre les cours et les répétitions artistiques, le temps de préparation (maquillage, coiffure, habillage) et les banquets le soir qui peuvent durer jusqu'à tard dans la nuit. Pendant la journée, elles vont parfois rendre visite aux restaurants du quartier pour se rappeler au bon souvenir des gérants et gagner en popularité. Si vous êtes un touriste et que vous apercevez une geisha, gardez en tête qu'elle est en train de travailler (sinon, elle serait en tenue civile) et évitez de la déranger.

Même si elles sont relativement peu nombreuses, le milieu reste compétitif. Plus une geisha est populaire, plus elle sera payée cher. Ainsi, même si les filles d'une même okiya sont un peu comme les membres d'une famille, la jalousie existe.

Cette vocation est celle d'une vie. Les filles qui s'y engagent savent qu'elles devront renoncer à une vie "normale" et accepter de se consacrer à l'art et la recherche de la perfection. Il n'y a pas d'âge pour prendre sa retraite, certaines geisha sont âgées et continuent de se produire. Avec la modernisation, le métier a tout de même pris un tournant plus "connecté". Certaines geisha ont des blogs ou des comptes Instagram pour gagner en popularité et avec la pandémie de covid-19, des soirées en visioconférence ont été mises en place.

 

La profession est réellement fascinante et malgré les conditions parfois rudes, il existe encore près de 200 geisha à Kyoto. Elles dégagent un charme spécial lorsqu'elles arpentent les rues de l'ancienne capitale et ce n'est qu'un aperçu de leurs talents. En étant formées à de nombreux arts traditionnels japonais, elles sont en quelque sorte les gardiennes du passé dans un Japon qui ne cesse de se moderniser.

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