

Souvenirs d'une vie vagabonde 1
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Souvenirs d'une vie vagabonde 1
Souvenirs d’une vie Vagabonde
Je m’appelle Nourdine . Mais ici, tout le monde m’appelle André. Parce que petit, on m’appelait Didine. Et dans la cour de récré, Didine est devenu Dédé. Et comme en France, Dédé évoque André… c’est resté
Je ne parle pas ici de ma vie amoureuse. Car ce n’est pas le sujet de ce livre, et ce n’est pas cela que j’ai voulu mettre en avant.
Mais il y a une personne dont je ne peux pas taire le nom. Une présence, un lien, une histoire à part. Vous comprendrez pourquoi plus tard. Elle appartient à ces fils invisibles qui tissent un destin, même quand tout semble être défait
Je suis né en Algérie, à Alger.
Plus précisément à Bouzaréah, un village calme, adossé à la ville, entre collines et mer. C’était le 5 septembre 1956. Le soleil devait déjà danser sur les tuiles, et le vent du matin portait sans doute l’odeur du café et du pain chaud.
J’ai grandi entouré. Frères, sœurs, parents, oncles, tantes, cousins, cousines, grands-parents. Une vraie famille. Bruyante, joyeuse, solidaire. Mon père était chef cuisinier pour l’armée française. Il gagnait bien sa vie. Nous avions une 4 chevaux, rare à l’époque, et même une télévision. On nous enviait un peu. Moi, je trouvais ça normal. On vivait bien.
Je garde un souvenir très vif d’un de mes oncles. Il partait chaque jour à la pêche et ramenait des poissons énormes, comme sortis d’un autre monde. Il était beau, ce tonton. Il avait quelque chose de Clint Eastwood — le regard, le port de tête. Dans la famille, on aimait dire qu’on était tous beaux, et je pense qu’on le croyait sincèrement.
Les dimanches, on allait chez mon grand-père, au bord de la mer. Ma mère préparait un gâteau qu’elle emballait soigneusement. C’était notre signal : ce week-end là, on traverserait la route pour rejoindre la mer. Mon grand-père nous attendait, et sous sa chaise, il cachait un panier plein de bonbons et de chocolats. Mais il ne les donnait qu’à nous, ses petits-enfants favoris. Pourquoi ? Je ne l’ai jamais su. Mais quand on lui sautait dans les bras, il souriait, et les friandises apparaissaient. J’ai peu de souvenirs de lui, mais ceux-là, je les garde précieusement.
Un jour, tout a changé.
C’est ma mère qui l’a décidé. Une de ses sœurs vivait déjà à Paris. À chaque retour, elle semblait transformée : blonde, maquillée, élégante. Ma mère se disait alors : Pourquoi pas nous ? Elle en a parlé à mon père, encore et encore. Et lui, parce qu’il l’aimait, a fini par céder.
Nous avons quitté Alger. Pris le bateau. Traversé la mer. Direction : la métropole.

