Chapitre 22 - Destinée
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Chapitre 22 - Destinée
Dans la danse capricieuse des feuilles, Moana plonge son regard, cherchant à décrypter les intentions de son ennemi.
Au même instant où une feuille frôle le sol, la momie se dissipe du champ de vision de cette dernière.
Très réactive, elle couvre son périmètre d’un balayage de mains avec un écran de fumée.
L’espace d’un simple battement de cœur, un souffle froid lui glace la nuque, et là, dans l'obscurité, se tient la créature bandagée. Attentive, elle se tourne, suivant du regard minutieusement dans la vitesse de son mouvement de tête. Puis, esquive de justesse la main tranchante de la momie.
D’un bond en arrière, elle pénètre son propre écran de fumée et enflamme ces particules faisant barrage à la momie.
Les particules de feu ne parviennent pas à entraver la progression de la momie. D'un mouvement fluide, l’adversaire exhibe une membrane vibratile directement de la paume de sa main, qui, en se déployant, libère un grondement profond et lourd.
Un genou à terre, elle tente vainement d'étouffer le vacarme qui la submerge. Ses mains, pressées contre ses oreilles, ne parviennent pas à endiguer la marée sonore qui la déferle, laissant échapper un mince filet de sang de ses tympans.
Après avoir infligé de lourds dégâts auditifs à la jeune femme, la vapeur, chaude et humide, se fraye un chemin à travers les tissus, dégageant une odeur âcre et poussiéreuse. Les bandelettes au niveau du bras, menton et du nez, craquelées et fragiles, cèdent sous la pression.
_ Moana : “ Au vu de ses aptitudes au combat, il est probablement un Inclassable. “
Elle se redresse, l'équilibre retrouvé. Ses yeux violets clairs se posent sur son adversaire, observant, le regard vide et sans émotion, les dégâts reçus sur son bras.
_ Moana : “ Sa Source doit être le Décibel. Je dois être plus vigilante dorénavant. “
Le regard de nouveau focaliser sûr la jeune femme, la momie fonce de front, laissant tomber son bob partiellement brulée
Anticipant l’action, Moana dégaine ses deux stylets d’un geste éclair. Déjà abaissée, elle esquive l’assaut avant de planter l'une de ses dagues dans les côtes sternales de son adversaire.
Imperturbable, la momie déploie de nouveau sa membrane vibratile, l’activant à plus faible débit, et ainsi , atteignant à bout portant la jeune femme.
La cheffe déboussolée, il profite avec sa jambe de placer un violent coup de pied fouetté en direction du visage. Instinctivement, Moana lâche l’autre stylet de sa main et déploie une quantité folle de phosphore en direction du coup, générant un souffle explosif, suffisant pour atténuer l’impact.
Valsée à plusieurs mètres, elle se relève rapidement. L’adrénaline masque la douleur de ses oreilles meurtries, gardant toujours une soif de combat intacte.
_ Moana : “ Quelle force… Sans ma Source, il m’aurait cassé le bras. “
La momie fléchit ses jambes, prête à s’élancer.
_ Moana : “ Je deviens sourde et en manque d’énergie. Je dois en finir maintenant. “
Sous le voile argenté de la pleine lune, la momie se mue en ombre furtive, glissant entre les troncs noueux comme une panthère. Ses mouvements, d'ordinaire directs, se teintent cette nuit d'une subtile malice. Il exploite les ombres de la forêt pour déjouer la vigilance de Moana, la laissant désorientée.
Ses yeux peinent à capter le ballet des ombres. L’ouïe inapte, elle se voit surprise transpercée soudainement. Rivant ses pupilles vers le bas, elle constate sa poitrine perforée de la main tranchante de l’assaillant, qui touche également le cœur.
La momie, relâchant alors la prise, laisse Moana reculer à petit pas, la douleur insoutenable.
Mais d’une fraction de seconde, la momie au bob s'embrase de la tête au pied.
Dos collé à l'écorce rugueuse, la combattante entend les hurlements gutturaux de son adversaire agoniser.
Malgré la poitrine trouée, la bouche et les oreilles en sang, un sourire se dessine.
_ Moana : “ C’était pas malin de ta part de traverser mon écran de fumée… Tu as respiré des particules… De plus… en me transperçant… tu détiens sûr ton membre… tout mon phosphore. “
Les hurlements de la momie provoquent une panique effroyable parmi les créatures des bois. Oiseaux et écureuils, saisis d'une terreur soudaine, s'échappent de leurs nids, troublant la quiétude de la forêt.
_ Moana : “ Le stylet que je viens de te planter… était également parsemé de phosphore… Autrement dit… tu étais déjà condamné. “
La momie, corps desséché aux prises avec un feu dévorant, s'agite convulsivement sur le sol, suppliant le néant d'un soulagement qui ne viendra pas.
Successivement, la jeune femme se laisse glisser de l’écorce, perdant peu à peu connaissance.
_ Moana : “ J’espère que les enfants vont s’en sortir sans moi. “
Puis, lève les yeux au ciel.
_ Moana : “ Ceci dit, je n’ai aucun regret. Ah… Quoi que si… J’aurais dû manger ma tarte au fruit que j’avais gardé au village.”
Ses pupilles se referment progressivement.
_ Moana : “ Je laisse les petits et les villageois sans défense. Mais je suis sûr que Gwen sera une bonne cheffe. J’aurais aimé davantage la connaître. Qui sait, on aurait pu être copine. En attendant, je vais rejoindre papa. “
Le sourire figé sur les lèvres, la jeune femme rend son dernier souffle, transformant le champ de bataille en un macabre tableau où deux corps inanimés reposent, vainqueurs et vaincus unis dans la mort.
Plusieurs kilomètres de ce combat sanglant, les orphelins continuent leur périple.
_ Son : “ Ça fait une quinzaine de minutes que tu la portes. Laisse-moi te remplacer.
_ Maïko : “ Dis pas n’importe quoi. T’es blessé et je vais bien. “
_ Son : “ Hein ? Mais Maïko… “
_ Maïko : “ Je te dis que je vais bien ! “
Le silence s’installe quelques secondes. Puis, je pose ma main sur l’épaule de Son, lui faisant signe de ne pas insister.
_ Maïko : “ T’inquiète pas Shailly, je te promets de te sauver ! “
_ Ayden : “ Elle est hyper anxieuse. Il faut absolument arriver au village et en vitesse. “
_ Son : “ D’après le parchemin, on n’est plus très loin. “
Cinq minutes s'écoulent. On atteint enfin l’entrée du village. Ses murailles de brique, épaisses et imposantes, se dressent, surmontées d'un pont-levis d'une hauteur vertigineuse, près de trois mètres.
_ Garde 1 : “ Pfff il est 03h20 du mat, c’est quand que l’autre relève arrive bon sang ? “
Collé à l’entrée, deux gardes, revêtus de leur armures hérissés de fer et de piques et dotés chacun d’une lance, se dressent devant nous, visiblement surpris de notre apparition nocturne.
_ Garde 1 : “Des gamins ici ? “
_ Kona : “ Je vous en supplie, notre amie est inconsciente et blessée. Sauvez-la ! “
Les deux gardes échangent un regard dubitatif.
_ Garde 2 : “ Désolé, hormis nos villageois, personne n’est autorisé à rentrer. “
_ Ayden : “ S’il vous plaît ! Elle a perdu beaucoup de sang, il faut absolument intervenir ! “
_ Garde 1 : “ Malheureusement pour vous, nous ne pouvons rien y faire. “
_ Garde 2 : “ Les ordres sont les ordres. “
_ Son : “ Mais…”
_ Maïko : “ OUVREZ CETTE PUTAIN DE PORTE ! “ dit-elle en colère, les larmes aux yeux
Tous surpris, y compris les gardes, leurs expressions changent et brandissent leur lance.
_ Garde 1 : “ Insolente, tu crois parler à qui comme ça ?? “
_ Individu : “ Quel est donc ce vacarme ? “
Une voix venant directement du village vient d’émettre.
Dans le même instant, le pont-levis s'abaisse avec lenteur, laissant apparaître une garde d'honneur composée de quatre soldats, suivie d'une figure royale, dont la tête est ornée d'une couronne.
_ Empereur : “ J’ai entendu ce qui se passe. Laissez-les rentrer. “
_ Garde 1 : “ Mais enfin Sir ? “
_ Empereur : “ Pas d'inquiétude. Les autres, réveiller vite les médecins pour s’occuper d’eux. “
_ Tous les gardes : “ A vos ordres ! “