Petite réflexion personnelle
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Petite réflexion personnelle
18 juin 2022
Je voudrais revenir sur cette notion de polarité masculine/feminine qu'Erich Fromm developpe dans la partie parents/enfants. Il décrit comme un besoin profond de l'Homme que ce besoin de réunion entre les deux pôles, que l'on retrouve entre deux individus mais aussi à l'intérieur de chacun.
J'aime beaucoup cette réflexion qui m'a toujours beaucoup travaillé dans mon propre sentiment d'incomplétude. Ne serait ce que dans mon prénom composé, mais aussi de part mon histoire et mon ressenti personnel.
Je la rapproche de suite à la théorie du Yin et du Yang, qui part de l'idée que dans le Yin il y a toujours une part de Yang, et inversement. L'equilibre de l'existence se trouve alors dans cette dualité qui n'en est pas une, dans cette complémentarité qui se nourrit mutuellement autant qu'elle s'oppose. Du Yin émerge le Yang, le Yang se transforme en Yin, on entre alors pleinement dans cette logique paradoxale qu'il décrit dans la partie sur l'Amour de Dieu, où ce qui est n'est pas à la fois, où les contraires s'associent et se transcendent, par l'expérience de vie, et insaississable par la pensée rationnelle.
En d'autres termes, on n'est pas que Yin ou Yang, pas que masculin ou féminin, il y a certes des traits ou des qualités prépondérantes à la nature féminine ou masculine (Ciel/Terre, Soleil/Lune, Mouvement/Ancrage, Raison/Intuition, Pensée/Sensation, Action/Etre, Penetration/Reception...), mais il est erroné et caricatural d'attribuer à un homme des qualités uniquement masculines et à une femme des qualités purement féminines.
On en vient alors à l'imposition des genres dans notre société, où cette caricature prend la forme d'une norme et d'un dogme : le petit garçon joue au cow-boy et la petite fille à la barbie ; les garçons ne doivent pas se laisser dominer par leurs émotions et pleurer, au contraire ils doivent apprendre à les maitriser par l'usage de la raison ; quand les filles sont acceptées pour exprimer leur sensibilité émotionnelle mais en contre partie ramenées à une position de vulnérabilité et de faiblesse, bref d'infériorité. L' homme relèverait de l'esprit de compétition quand la femme relèverait de l'esprit de coopération. Le règne de la pensée et de l'action appartiendrait aux hommes quand celui de l'amour et du prendre soin de serait une activité réservée aux femmes...
Bref. Il ne faut pas méconnaitre le poids conscient et inconscient que fait peser sur chacun de nous ces stéréotypes de genre dans notre rapport au monde et en société, entravant par là notre propre développement et connaissance de nous même. De là, il faut une force de courage, d'affirmation de soi et d'indépendance d'esprit pour s'écarter de ces injonctions sociétales, et aller explorer l'autre dimension de notre personne, qui est également une partie de nous même.
C'est probablement dans la rencontre avec une personne du sexe opposé qu'il nous est donné la plus grande chance d'explorer cette autre dimension que nous ne connaissons pas ou si peu. Mais si nous ne voyons en l'autre qu'un moyen de compléter ou suppléer ce que nous ne possédons pas, alors nous passons à côté de cette rencontre véritable, et cela ne nous permet pas d'accéder et de reconnaître la valeur de cet autre pôle au fond de soi. L'autre peut servir de guide, basé sur une relation de confiance, mais il s'agit avant tout d'une démarche et d'un travail personnel que seul nous pouvons mener. La véritable rencontre se fait dans cette démarche mutuelle et réciproque, d'aller vers les qualités de l'autre pour les faire siennes et se rejoindre dans cette découverte.
Dans cette démarche exploratoire, on se confronte à nos propres peurs : la peur de l'inconnu, la peur de se perdre et de perdre notre identité, la peur de perdre la maitrise ou le contrôle, la peur du débutant, la peur du tiraillement entre des aspirations parfois opposées ou contradictoires, la peur de la confusion vers laquelle la réunion des contraires peut mener.. Bref, tout ce qui peut nous donner l'impression d'aller ailleurs qu'en nous-même.
Il faut alors une extrême douceur, une grande tendresse, beaucoup d'humilité, une profonde bienveillance et une grande compréhension de ce qui peut se jouer de paradoxal et déroutant en nous, pour pouvoir accompagner cette démarche d'exploration d'une autre facette de nous ; ceci vis à vis de nous même, comme vis à vis de l'autre. Ceci repose avant tout sur une relation de respect et de confiance personnelle et mutuelle.
Et c'est probablement là que dans la profondeur de cette rencontre nous pouvons parvenir à nous comprendre et à faire de nos différences une force créatrice ; ou alors nous ne parvenons pas à nous rejoindre et à nous comprendre, et nous nous opposons, chacun étant renvoyé à lui-même, souvent sous une forme caricaturale, chacun campant sur ses positions bien établies.
Je dirais pour conclure qu'il me semble essentiel d'aller explorer cette autre polarité de nous même à partir de ce que nous sommes, en restant ancré et assuré dans notre polarité dominante, tout en reconnaissant l'intérêt et la pleine validité de l'autre polarité également, et reconnaître qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre les deux, mais au contraire une complétude enrichissante et une force créatrice nouvelle à y trouver, par la rencontre et l'union.
Amour érotique et Amour de soi sont indissociables, de même pour la confiance en l'autre et la confiance en soi, ils sont tout autant nécessaires et ne sont que les deux faces d'une même médaille, une quête de la réunion de ces deux pôles qui nous anime intérieurement.