Direction : Corsica !
Su Panodyssey puoi leggere fino a 30 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 29 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Direction : Corsica !
05 May 2013
A peine tournée la page Congo, voici le nouveau chapitre Corse qui s'ouvre ! Après 6 mois à traiter les patients atteints de VIH à Brazzaville, je viens réaliser mon dernier stage d'internat ici, en Corse.
Finalement, je crois que je vais poursuivre l’aventure narrative du blog, avec peut être moins de textes et plus de photos, on verra bien. Mais il y aura beaucoup à dire sur la Corse, et je continue là aussi une grande aventure interculturelle ! Ce sera au moins le prétexte à vous montrer pleins de beaux endroits, et de vous faire un peu baver devant le climat de l’ile de beauté, et qui sait ? Peut être de quoi vous motiver pour venir me visiter !
Arrivée sur l’île le premier au matin, via le ferry, mer calme, pastis toute la soirée avec mon co-interne Baptiste.
« Terre, terre ! » La baie d’Ajaccio est là devant nous, ça y est, on y est !!! J’ai trouvé une chambre en mode lastminute.com chez l’habitant, une dame d’environ 45-50ans qui vit là avec son mari algérien, très bon accueil, personne très avenante et très bavarde avec qui nous allons faire un vide grenier, avant qu’elle me fasse gentiment un tour du tout Ajaccio pour prendre quelques repères.
Ajaccio au bord de l’eau, Ajaccio dans son golfe avec de multiples plages, Ajaccio et ses palmiers, Ajaccio et son enfant chéri qui fait la fierté de tout le pays, Napoléon. Ajaccio et son patriotisme corse, avec dans toute la ville des affiches politiques de Francois Filloni « Les Corses d’abord » (j’ai cru à une blague au départ, un détournement du nom de notre ancien premier ministre).
Mon stage va se décomposer entre trois cabinets de médecine générale dans lesquels je vais assurer un remplacement en complète autonomie avec une supervision indirecte, plus des consultations dans des cabinets de spécialistes dermatologie et endocrinologie.
Le premier cabinet est à Cozzano, au beau milieu de la Corse, au beau milieu des montagnes, bref, au beau milieu de nulle part. 1h30 d’une route en lacets qui monte aux villages, avec une forêt dense tout autour et une épaisse couche de neige en hiver. On ne peut pas faire plus rural.
Le deuxième se situe à la plaine de Peri, à 20-30 minutes d’Ajaccio, semi-rural ou semi-urbain, c’est comme on veut ; et le troisième dans Ajaccio même, pratique de ville.
Direction donc le premier cabinet en compagnie du Dr Dahan le jeudi, avec visite guidée typiquement corse. « Ici c’est l’endroit où a été abattu le directeur du parc régional la semaine dernière ». « Là le chantier du futur Leroy Merlin, mais il est suspendu pour le moment car ils ont plastiqué les colonnes il y a quelques semaines ». « Tiens, ça c’est la gendarmerie qu’ils avaient attaqué au lance roquettes, mais la roquette n’avait pas explosé, elle s’était encastrée dans le mur, on en voit encore la trace»....
Nous arrivons à Cozzano, et débutons la consultation. Sur les six premiers patients, trois pleurent récemment un membre de leur famille, décédé par arme à feu. Une mamie à propos de son neveu : « Et si c’était un petit voyou, je le pleurerais bien-sûr, mais je dirais : tant pis pour toi ! Mais là, c’était un jeune tout ce qu’il y a de plus sérieux, une femme, un enfant, un boulot sérieux. Il a été abattu, on ne sait pas pourquoi ». Le ton est donné.
Autre grande cause de décès sur l’île, les accidents. Il semblerait que la conduite est pire qu’à Marseille ici. Alors on prend l’habitude d’ériger des stelles sur les bords des routes, au lieu des drames. Mon prat’ continue de me faire « la visite ». Accident de moto il y a quelques jours ici sur la rocade. Accident de voiture il y a quelques mois sur la route. Ma proprio finit de me brosser le tableau. Un jeune avec la voiture de Papa à 220 dans notre rue, qui se serait tamponné 15 bagnoles dans un vol plané avant de s’encastrer. Je lui suspecte une tendance à l'exagération marseillaise, mais bon. Un ami dont elle vient d’apprendre le décès en moto. Et d’autres encore. Ajaccio est un grand village, alors forcément ici tout se sait.
Enfin, à la fin de ma journée de travail de vendredi, je prends le camion direction les îles sanguinaires ; vois une petite route qui sillone dans la montagne qui me plait plus ; j'arrive sur une plage déserte où des collègues en Transporter ont érigé place pour la nuit. On y prend l’apéro, regardons les constellations du mois de mai avant de se coucher avec le bruit des vagues en berceuse.
Bienvenue en Corse.