Le ciel peut-il être bleu?
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Le ciel peut-il être bleu?
Vivre le confinement en appartement, sans terrasse, ni balcon, c’est une expérience en soi. Vous redécouvrez progressivement un espace qui en général servait surtout à dormir, il faut bien l'avouer. Vous définissez des zones, des territoires mouvants dont la fonctionnalité change au gré des heures : votre chambre devient tour à tour un bureau, une salle de sport, un centre de loisir, un cinéma… Vous prenez le temps d’aérer. C’est d’autant plus agréable qu’il n’y a pas de voiture dans la rue, juste le murmure lointain des voisins d’en face qui préparent à manger, des enfants qui chantent et des camions poubelles fidèles au poste.
Bizarrement, on se fait à tout, voire même, on s’en satisfait. La journée finit à 18 heures : et si on faisait un jeu de société ? Je peux faire livrer mes courses : et si je tentais de nouvelles recettes? Tiens, j’avais acheté un tapis de gym : et si je me mettais au yoga? Au bout de trois semaines, je mangeais mieux, je dormais mieux, je découvrais de nouveaux hobby en famille et je parlais davantage avec mes proches qu’en temps normal. Je vivais, presque, ma meilleure vie.
J’avais de la chance, voyez-vous : je suis une enfant d’appartement. J’ai toujours été en appartement : j’ai été élevée en cité, avec des murs fins, des voisins bruyants et une vue sur d’autres barres de la cité. J’ai appris à vivre enfermée. Une série télé, quelques livres et du chocolat suffisaient à me contenter. J’avais peu l’occasion d’être dehors, et encore moins seule. Parfois, j’allais au parc : zone arborée qui n’avait de naturel que ce qui avait poussé une fois l’aménagement urbain terminé. Être cloitrée entre quatre murs, je maîtrisais!
Une chose m’était par contre totalement insupportable : ne pas voir le ciel. Et manque de chance, seule une fenêtre de mon appartement donnait sur un bout de ciel, coincé entre deux immeubles. J’ai beau être dans un joli petit centre ville maintenant, ça reste la région parisienne. Alors au bout de quelques semaines, j’ai craqué. J’avais été sage, j’étais restée à l’isolement total : pour ne pas mettre mes parents en danger, pour préserver la santé de ma famille, et un peu par facilité aussi. Mais j’avais besoin de voir le ciel. Alors je suis sortie. J’ai marché jusqu’à une passerelle près de chez moi. Et là, j’ai vu. Le ciel… Il était bleu! Mais pas juste bleu : vraiment bleu! L’air était différent aussi, quelque chose avait changé. Cette couleur, je ne l’avais vue qu’en vacances ou en déplacement. Ailleurs donc, mais pas chez moi.
Je suis rentrée et j’ai raconté à mon mari que le ciel était bleu : il a ri, évidemment. Mais un déclic a eu lieu dans ma petite tête d’enfant d’appartement : le ciel pouvait être bleu, même à Paris. Il a suffi que le monde s’arrête. S’arrête de rouler, de produire, de consommer. Que nous nous arrêtions tous de courir ou de traverser le monde comme des somnambules. Que je m’arrête, pour une fois, et que je regarde. La vie, l’air, le climat… tout était affecté par nous, humains, collectivement. Et ensemble, nous pouvions vivre autrement. Mieux.
La fin du confinement a été moins facile : quelques funérailles, quelques pertes, quelques douleurs. Pourtant, je peux vous dire que depuis ce déclic, tout a changé pour moi : mon job, mes luttes, mes engagements, mes passions, ma relation au Vivant. Quand la nature vous montre votre place dans ce monde, que ce soit au travers d’une pandémie ou d'un bout de ciel bleu, ne détournez surtout pas le regard : vous risqueriez de manquer votre (notre) meilleure vie.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier 2 anni fa
Un fort beau texte ! Cela fait longtemps que je cause autour du sujet et du silence d'ici ou d'ailleurs. Je suis heureux de lire ici votre prose, elle raisonne fort bien avec l'esprit et les valeurs de notre odyssée. Votre humble serviteur, capitaine en apprentissage de Panodyssey ! ;-)
Christelle Lebreton-Coulon 2 anni fa
Merci mon capitaine pour ce tout premier message sur ma toute première publication !
Je crois au pouvoir transformationnel des récits, le fait qu'un voyage dans son propre imaginaire puisse changer non seulement sa réalité mais puisse embarquer tout un collectif vers une destination inconnue jusqu'alors, une aventure humaine, une odyssée donc :-) ...