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Eddy Marmaille

Eddy Marmaille

Pubblicato 12 ago 2024 Aggiornato 12 ago 2024 Theater
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Eddy Marmaille

Eddy Marmaille marche vite le long du boulevard Voltaire.

C'est comme ça que l'histoire commence.

 

Disons qu'il fait jour et gris.

Contre plongée.

Mouvement d'une longue veste noire soulevée par le vent.

Le plan dure une seconde.

Cheveux courts, barbe courte, yeux bleus, air préoccupé.

 

Eddy Marmaille marche vite le long du boulevard Voltaire au milieu d'imposants bâtiments gris d'après-guerre. Il regarde sa montre. 16h57.

 

Spéculons ensemble sur les raisons qui poussent Eddy Marmaille a se presser.

Peut-être a-t-il un rendez vous ?

Peut être agit-il sous le coup d'une émotion forte, il aurait pu vérifier l'heure sur sa montre pour s'assurer que l'épicerie du coin est ouverte ? Alors il achèterait une grande bouteille de vodka pour noyer sa peine. Il a de la peine et de la colère parce qu'il vit une rupture...

 

Non c'est trop cliché.

 

Eddy Marmaille marche vite le long du boulevard Voltaire au milieu d'imposants bâtiments gris d'après guerre pour attraper le train de 17h.

 

Au cours de sa vie longue de 34 années, soit 1 milliards 72 millions 958 mille secondes, Eddy avait raté 24 trains dont 17 de justesse.

 

Celui-là, il l'aura.

 

Quoi qu'il arrive, a la 1 milliardième 73 millionième 138 millième seconde de sa vie, à 17h, les portes du TGV numéro 8621 se refermeront sur lui. Eddy quittera la voie 9 a destination d'on ne sait où.

Melin.

Melin c'est bien.

 

Durant les 180 secondes qui séparent Eddy du quai, l'homme file entre les passants tel un archange aux ailes brûlées.

Il file a vive allure parmi les errants des rues basses le long du boulevard Voltaire, bousculant l'immobilité des prostituées, héroïnomanes, cocaïnomanes, toxicomanes de toutes espèces, voyant d'un oeil périphérique défiler les façades en ruines du quartier de la gare, les vieux chemins de fer désaffectés, les machines ouvrières laissées ça et là sans raisons apparentes.

Eddy, d'un pas ferme et définitif, malmène un trottoir effrité par le temps sans laisser sa détermination s'éroder.

 

160 secondes.

 

Il coule, inonde les rainures du pavé froid comme un ruisseau vif, se précipite et se déverse, dévale, liquide, en nage.

 

140 secondes.

 

Le coeur d'Eddy s'emballe, tambourine, le rythme est guerrier, violent. Il palpite.

 

130 secondes.

 

La gare est là. Immense et impériale. Qui l'attend d'un air austère au centre d'une place déserte ou presque. Quelques silhouettes immobiles, imperturbables suivent des yeux la progression fulgurante d'Eddy. Le temps d'un battement de cils, d'un souffle de vent dans les platanes, le temps d'éteindre un mégot, le monde se figeait autour de l'étoile filante aux yeux bleus qui venait de traverser le désert, le no man's land que formait la place morne sur laquelle trônait la tour sombre de la gare fatidique. 

 

110 secondes.

 

Eddy Marmaille franchit la porte. Commence alors le grand jeu du voyageur cherchant sa route au milieu d'un dédale de couloirs et d'escaliers mécaniques à l'arrêt, particule électrique plus véloce que jamais au milieu d'une machinerie géante, d'un monstre d'agencement, au milieu de statues humaines en suspens dans une temporalité glacée, perdue entre mouvements et fixité.

 

60 secondes Eddy a peur.

58 secondes Eddy n'a plus peur.

 

Il s'élance enfin le long des quais.

 

Voie 1, voie 2

50 secondes.

 

Voie 3, voie 4

42 secondes.

 

Eddy voit d'un oeil périphérique défiler les quais immobiles. Les statues d'hommes à chapeaux, les étreintes amoureuses, les larmes cristallisées des au revoir douloureux, les chefs de bord, la fumée suspendue des dernières cigarettes avant la longue route, les distributeurs hors service.

 

Voie 5, voie 6

34 secondes.

Eddy n'est plus qu'un coeur battant, qu'une eau vive, qu'un courant électrique. Un courant.

 

Voie 7, voie 8 

26 secondes.

 

Au loin dans un rayon de soleil apparaît le géant de fer.

Le train numéro 8621 comme un arche de Noë, superbe, magnifique. Seul objet mouvant dans ce monde immobile, crachant vapeur, criant fracas, métal hurlant comme pour appeler Eddy. C'est une supplique, l'agonie d'une absence, l'insupportable incomplétude d'un train sans son courant.

 

Voie 9

18 secondes.

Le salut est au loin.

 

Eddy Marmaille en cet instant ne sait plus penser, douter, il court à la vitesse de la lumière laissant derrière lui une traînée de flammes.

 

12 secondes.

Le train siffle.

Eddy brûle.

 

8 secondes.

7.

6.

5.

4.

3.

2.

1...

 

Eddy Marmaille marche vite le long du boulevard Voltaire au milieu d'imposants bâtiments gris d'après-guerre pour attraper le train de 17h.

Ce jour-là, à 16h59 et 59 secondes, c'est a dire a la 1 milliardième 73 millionième 137 millième seconde de sa vie, Eddy s'est désintégré dans l'air comme une comète.

 

 

 

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