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Les deux masques : hommage à tous les Docteur(e)s Rieux.

Les deux masques : hommage à tous les Docteur(e)s Rieux.

Pubblicato 24 mar 2020 Aggiornato 30 set 2020 Salute
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Les deux masques : hommage à tous les Docteur(e)s Rieux.

« Dans cette situation, l’essentiel était de bien faire son métier ».

Cette phrase est tirée du roman la Peste et rend hommage à tous ces soignants qui sont en première ligne et qui méritent les applaudissements, y compris ceux de Camus.

Dans ce livre terrible qui analyse les ravages de la maladie, le héros, le docteur Rieux, fait partie de celles et ceux qui font le choix de résister et de se retrousser les manches en dépit du danger de la contamination. La peste frappe la ville d’Oran aussitôt mise en quarantaine. Elle est, au début du roman, innommable et la seule mention de son nom donne des frissons à ceux qui n’osent pas encore l’identifier.

Qu’on relise le début de l’histoire d’Oedipe ou la fable de La Fontaine, « les Animaux malades de la Peste » : la peste est « un mal qui répand la terreur… ». On l’avait oubliée et elle ressurgit comme un monstre dont le nom même renvoie à des spectres abominables.

À la différence de la peste, le coronavirus n’a pas encore de définition. C’est un monstre étrange qui est en train de se faire une réputation et de se dessiner, sous le masque, une figure hideuse.

Le courage de ceux qui l’affrontent est d’autant plus remarquable qu’ils se battent contre un monstre sans contours. En 1947, Camus écrivait une œuvre à la fois cruelle et réaliste : la chronique d’une catastrophe annoncée, mais aussi un apologue sur la sombre période du nazisme. Dans ce contexte épouvantable, la ténacité et la résistance du docteur Rieux et de ses partenaires contrastent avec la lâcheté, la légèreté et la mesquinerie des autres.

La fin de la bataille raconte la victoire contre l’Ennemi informe et imprévisible mais elle ressemble aussi à la Libération de Paris. En cela, elle ouvre sur un message d’espoir et sur une pluie d’applaudissements.  « La bête immonde » (quelle que soit la forme qu’elle prenne) est toujours vaincue. Mais jusqu’à quand ? Le dernier paragraphe est ambigu et invite à une méfiance sans cesse renouvelée.

« Écoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. »

Hommage aux soignants.

Sous le masque, ils incarnent l’humanité dans ce qu’elle a de meilleur.     

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