Vaste programme aurait dit un président !

Schématiquement les surdités de transmission, quelles qu’en soient les causes, sont corrigibles chirurgicalement. C’est le système de transmission qui est défaillant (tympan, osselets).

Les surdités de perception (oreille interne) sont appareillables et non opérables.  

Elles peuvent être acquises ou familiales et présenter toutes les formes d’intensité.

Les surdités profondes qui touchent les très jeunes enfants posent le problème de l’acquisition du langage. Il faut percevoir des sons, des phrases autour de soi pour ébaucher des mots. Cette évidence échappe pourtant parfois au commun des mortels et pour peu que nous nous trouvions en face d’un adulte sourd profond, même appareillé, on est surpris par ses difficultés à articuler, donnant à ses phrases quelque chose d’inachevé… Comment voulez-vous prononcer correctement si vous ne vous entendez pas ou très mal ?

Ce ne serait pas grave en soi si l’on n’avait pas assimilé surdité profonde et individus intellectuellement retardés !

Doit-on rappeler le cas de Beethoven qui écrira, sourd, quantité de sonates, quatuors, concertos pour pianos ?

Thomas Edison, Graham Bell, l’inventeur du téléphone, le peintre Goya et combien d’autres étaient sourds profonds ?

Victor Hugo, notre monument national, écrira à Ferdinand Berthier, sourd-muet et fondateur – entres autres – de la Société des sourds-muets de Paris :

Qu’importe la surdité de l’oreille quand l’esprit entend ? La seule surdité, la vraie surdité, la surdité incurable, c’est celle de l’intelligence…

 Ferdinand Berthier, un siècle après l’abbé de l’Épée, a su faire admettre au plus grand nombre que surdi-mutité n’était pas synonyme de retard mental…

Le Quasimodo d’Hugo, devenu sourd par les cloches de Notre–Dame est un magnifique exemple de bonté, d’altruisme et d’intelligence malgré un handicap physique lourd et une surdité majeure…

L’abbé de l’Épée a fondé la première institution éducative et gratuite pour les sourds et consacré sa fortune à l’enseignement du langage des signes, utilisé de nos jours dans le monde entier et qui a permis de reconnaître les sourds profonds comme des êtres humains à part entière. Il finira pauvre et infirme, mais quelle vie !

Très tôt maintenant, on peut appareiller les sourds profonds par des implants cochléaires qui vont apporter le langage aux enfants déficients auditifs profonds… 

Un peu d’histoire  

 Notre premier Empereur français, notre grand Charlemagne à la barbe fleurie, qui n’était pas plus Français qu’il n’avait de barbe, encore moins fleurie, était-il sourd ? La plus célèbre défaite de « notre » grand Empereur à Roncevaux contre de simples Vascons, ancêtres des Basques est devenue, par les mystères de la littérature et d’une chanson de geste écrite trois siècles plus tard, la plus héroïque bataille du grand homme. Son fidèle Roland, cheminant en arrière-garde, attaqué dans le défilé de Roncevaux par ces Vascons, se défendra jusqu’à la mort avec sa petite armée, et, se voyant mourir, cherchera à fendre sa Durendal après avoir fait sonner de l’Olifant pour faire revenir Charlemagne. Mais son ouïe semblait déficiente ou était-ce le félon Ganelon – puisqu’il fallait un traître – qui l’avait induit en erreur, jaloux de l’affection que Charlemagne portait à Roland, lui assurant que personne ne sonnait de l’olifant.

Nous ne le saurons jamais… mais il est vrai que dans cette geste, tout est chanson.

Un roi de France, Louis IX, canonisé un peu plus de 20 ans après sa mort -Saint-Louis-, ce qui demeure exceptionnel, avait dit-on le pouvoir de guérir les surdités. Le fait qu’il s’appelât Louis ne devait pas être étranger au talent qu’on lui prêtait. L’église distinguant les pouvoirs temporels de ceux spirituels tolérait uniquement que les rois thaumaturges puissent guérir les écrouelles moyennant la formule accompagnatrice … Le roi te touche, Dieu te guérit.

Il semble qu’ici, elle ait fait une exception pour son plus grand zélateur, parti deux fois aux Croisades, mort à Tunis en 1270 et dont l’intolérance religieuse pourrait ressembler de nos jours à de l’intégrisme.