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Je suis marxiste, mais je vis au XXIᵉ siècle
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Je suis marxiste, mais je vis au XXIᵉ siècle
Réflexions personnelles sur la mutation des rapports de production, la pluralisation des classes et l’espoir d’un monde réinventé
Je me présente ici en toute sincérité, non pas comme un prophète d’une révolution imminente, mais comme un combattant de l’utopie, un rêveur lucide qui, en s’inspirant des écrits de Karl Marx, tente de décrypter les mutations contemporaines de notre société. Je suis marxiste de tout cœur, et pourtant, mon quotidien se confronte à la complexité d’un monde en perpétuelle transformation, où l’exploitation se délocalise, les classes se fragmentent et l’État se fait moquer dans son incapacité à contenir les paradoxes du capitalisme globalisé. Dans cet article, j’expose mes réflexions, articulées autour de sept idées forces que je réinterprète à la lumière du XXIᵉ siècle, en m’appuyant sur des auteurs et des analyses contemporaines pour justifier mes propos.
I. Des moyens de production en mutation : le triomphe du tertiaire et la guerre des ressources
Au XIXᵉ siècle, Marx définissait les moyens de production principalement en termes de forces productives matérielles – usines, machines, infrastructures industrielles –, piliers d’une économie fondée sur l’exploitation directe du travail. Aujourd’hui, force est de constater que la nature même de ces moyens a changé. Les technologies de l’information, les réseaux numériques, les données massives et l’intelligence artificielle constituent désormais le cœur du pouvoir productif. Comme le souligne Shoshana Zuboff dans The Age of Surveillance Capitalism (2019), le capitalisme contemporain s’appuie sur une extraction quasi invisible des données et de l’attention, transformant ainsi l’économie tertiaire en véritable machine d’exploitation.
Par ailleurs, la guerre moderne n’est plus seulement une lutte pour les territoires ou les matières premières traditionnelles : elle s’inscrit dans une compétition géopolitique visant à s’approprier ces nouveaux moyens de production. Des conflits récents, que ce soit pour le contrôle des réseaux 5G ou pour l’accès aux technologies de surveillance, illustrent cette tendance. Dans un monde où les démocraties se parent de façades populistes et fallacieuses, l’idéologie est manipulée pour étouffer toute forme de communautarisme véritable. Les conflits d’intérêts s’exacerbent, rappelant que, comme le disait Antonio Gramsci, la guerre de position se déroule désormais sur les champs de bataille de l’information et de l’opinion.
II. La lutte des classes en fragmentation : une pluralité de protagonistes
Si Marx affirmait que « l’histoire de toute société jusqu’à présent n’a été que l’histoire des luttes de classes » (Marx et Engels, Manifeste du Parti Communiste, 1848), force est de constater qu’au XXIᵉ siècle cette lutte se complexifie en une myriade de franges sociales. Le prolétariat, jadis identifié comme une entité homogène, se décline aujourd’hui en une pluralité de classes aux réalités hétérogènes. Ainsi, le téléconseiller – ce téléprospecteur qui, enfermé dans son poste, se voit réduit à un rouage d’un système implacable – incarne une forme moderne de prolétariat. Le « petit patron sympa », jadis détenteur d’un modeste pouvoir économique, se débat désormais dans un environnement où la concurrence mondialisée le condamne à la survie précaire.
Les régimes se voulant pseudo communistes ou dictatoriaux, à l’instar de la Chine contemporaine, recourent à des technologies de contrôle avancées pour neutraliser toute résistance. Comme le démontre Zygmunt Bauman dans Liquid Modernity (2000), la fluidité des rapports sociaux et le contrôle technologique rendent toute lutte collective extrêmement complexe, voire impuissante. En démocratie, le populisme exacerbe cette tendance en flattant les instincts les plus bas de la masse, transformant même les travailleurs les plus exploités en électeurs séduits par des promesses mensongères. Paradoxalement, la classe émergente des immigrés illégaux se trouve à la fois exploitable à l’extrême et stigmatisée, servant de boucs émissaires dans un système qui se nourrit de ses propres fractures.
III. La valeur travail et la plus-value à l’ère de la délocalisation et de la financiarisation
La théorie de la valeur travail, pierre angulaire de la critique de l’exploitation chez Marx, s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique bien plus pernicieuse. Les puissants détournent et reconfigurent les rapports de production en externalisant massivement la production – délocalisations, licenciements abusifs et externalisation des coûts – au profit d’une bourse qui, elle, détient désormais les rênes du pouvoir économique. Comme l’analyste David Harvey l’explique dans A Brief History of Neoliberalism (2005), le capitalisme moderne ne se contente pas d’extraire de la plus-value à partir du travail, il fait et défait les usines selon une logique spéculative globale, où la contestation ne trouve souvent pour issue qu’un licenciement brutal ou des brimades systématiques.
Dans les régimes totalitaires, ces mécanismes se traduisent par des traitements d’une barbarie inouïe. L’extraction de la plus-value se fait dans un contexte où la contestation n’est pas tolérée, où l’individu est réduit à une marchandise interchangeable, conformément aux sombres prédictions de Louis Althusser dans For Marx (1969). La valeur du travail se dissout dans une économie de l’immédiateté, où le sens même du labeur se perd dans les méandres d’un système financier asphyxiant.
IV. La dialectique contemporaine : quand l’oligarchie technologique écrase l’espoir révolutionnaire
L’une des leçons essentielles de la dialectique marxiste réside dans l’idée que les contradictions internes d’un système annoncent inévitablement sa transformation. Cependant, au XXIᵉ siècle, les travestissements cruels du communisme par certains régimes totalitaires ont conduit à une concentration du pouvoir entre les mains d’oligarques, souvent imprégnés de technologies de contrôle d’une efficacité redoutable. La révolution, dans sa forme classique, semble ainsi vouée à l’échec face à des forces technologiques et financières quasi omnipotentes.
Pourtant, je refuse de céder au fatalisme. Comme l’insiste Alain Badiou dans L’Événement (1988), l’espoir se niche dans la capacité à imaginer et à construire de nouveaux modèles d’organisation sociale, capables de résister aux diktats d’un contrôle barbare et avancé. Je rêve d’un monde où ceux qui vivent du labeur ne soient plus les dîmes d’une élite insatiable, où l’argent et la technologie ne soient pas les seuls instruments de domination. Mon combat est celui de la résistance intellectuelle, de la subversion artistique et de la réinvention des formes de solidarité – un combat qui, bien que difficile, ne doit jamais être abandonné.
V. L’aliénation du travail revisité : du travail alimentaire au télétravail prolétaire
Marx dénonçait déjà l’aliénation du travail, cette déconnexion entre l’homme et le produit de son labeur, dans une économie où le travail n’est qu’un moyen de survie. Aujourd’hui, cette aliénation se revêt des apparats modernes du « travail alimentaire ». Dans des usines de découpe de volaille ou dans des bureaux de téléprospection effrénée, le salarié est réduit à l’exécution d’un script imposé, déconnecté des fruits de son travail. La segmentation des tâches et la pression pour atteindre des résultats immédiats ne font qu’accentuer cette déshumanisation.
Le téléconseiller, enchaînant les appels et les instructions d’un logiciel de management de la performance, incarne cette nouvelle forme de prolétariat tertiaire. Comme le décrirait Guy Standing dans The Precariat: The New Dangerous Class (2011), la précarisation du travail moderne expose l’individu à une exploitation aussi implacable que celle des usines du passé. Je constate chaque jour que la transformation du travail n’a fait que revêtir un autre visage, tout en préservant l’essence de l’exploitation décrite par Marx.
VI. Protestations, désillusions et le combat impossible du prolétariat du XXIᵉ
Les mobilisations populaires récentes – les gilets jaunes en France, la grève des scénaristes aux États-Unis, les luttes des salariés humiliés de grandes entreprises – témoignent de la colère d’un peuple en quête de justice. Toutefois, être marxiste au XXIᵉ siècle, c’est comprendre que le prolétariat, dans ses formes actuelles, se trouve désarmé par un système qui use des instruments de domination électorale et médiatique. Même les travailleurs les plus exploités, séduits par des promesses populistes et souverainistes, semblent se détourner de la lutte véritable pour ne pas affronter la dure réalité.
La perspective d’une révolution violente – qu’elle soit par le vote ou par l’insurrection – apparaît de plus en plus illusoire. Imaginez, par exemple, une révolte du prolétariat chinois dans un contexte où le contrôle technologique est omniprésent : la violence qui en résulterait serait inouïe, comme le prédisent les études de surveillance d'État contemporaines (cf. Surveillance Capitalism de Zuboff, 2019). Pourtant, je reste convaincu que l’outil de la résistance intellectuelle, amplifié par l’IA et soutenu par une solidarité fondée sur l’amour et la raison, peut rapprocher les communautés. Mon engagement consiste à utiliser la démocratie – non pas comme une fin en soi, mais comme un levier pour contrer les mensonges électoraux et les manipulations politiques, à travers une culture subversive et une véritable résistance de l’esprit.
VII. L’utopie d’un État transformé : entre moqueries et rêve d’émancipation collective
Au XXIᵉ siècle, le discours sur la « fin de l’État » et l’avènement d’un communisme sans classes est souvent relégué au rang des chimères. Les puissants, armés de technologies sophistiquées et d’un contrôle financier sans précédent, se gaussent de ces utopies. Pourtant, c’est précisément dans le rêve – ce rêve de moins de pornographie, de téléréalité et de mensonges électoraux – que réside la force d’un projet politique radical. Comme l’écrivait Castoriadis, « sans rêve, rien n’est possible » (Castoriadis, L’Institution imaginaire de la société, 1975).
Je crois fermement que si nous parvenons à nous unir, à résister aux logiques consuméristes et à bâtir des associations anti gaspillage, anti fake news, et pour la vérité, nous pourrons redonner au peuple le pouvoir de décider de son destin. Je suis marxiste de tout cœur, et même si le rêve semble aujourd’hui inatteignable, il reste l’espoir – et l’espoir, c’est le moteur de tout changement. Rêvons ensemble d’un monde où l’amour et la paix triomphent, où chacun trouve sa place dans une société plus juste, et où, malgré les moqueries de l’époque, l’idéal de Marx continue de nous inspirer.
Conclusion
Je vis au XXIᵉ siècle avec les yeux d’un marxiste passionné, conscient des mutations profondes qui transforment notre monde. Mes réflexions, nourries par les écrits de Marx, Engels, Gramsci, Zuboff, Harvey, Standing et bien d’autres penseurs, ne sont pas une résignation face à l’inéluctabilité du capitalisme globalisé, mais un appel à la vigilance, à la résistance et à l’espérance. Dans un univers où les moyens de production se redéfinissent, où la lutte des classes se multiplie et se fragmente, et où l’État lui-même semble se dissoudre dans une réalité numérique implacable, il reste essentiel de rêver. Car c’est dans le rêve que se forge la possibilité d’un avenir meilleur, d’une émancipation collective qui, même si elle ne se manifeste pas par une révolution sanglante, peut se traduire par une transformation graduelle et profondément humaine de nos sociétés.
Je suis marxiste – c’est mon combat, ma vie, mon engagement quotidien. Et tant que nous oserons rêver d’un monde fondé sur l’amour et la paix, Marx, dans toute la complexité de sa pensée, gagnera toujours.
Sources et lectures complémentaires
- Marx, K. et Engels, F. (1848). Manifeste du Parti Communiste.
- Marx, K. (1867). Le Capital.
- Gramsci, A. (1971). Cahiers de prison.
- Althusser, L. (1969). For Marx.
- Bauman, Z. (2000). Liquid Modernity.
- Harvey, D. (2005). A Brief History of Neoliberalism.
- Standing, G. (2011). The Precariat: The New Dangerous Class.
- Zuboff, S. (2019). The Age of Surveillance Capitalism.
- Castoriadis, C. (1975). L’Institution imaginaire de la société.
Ce faisant, je souhaite inviter chacun à s’interroger, à débattre et surtout à ne jamais cesser de rêver – car c’est dans l’acte de rêver que se crée le possible, malgré l’adversité du présent.
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