Pas de saisons
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Pas de saisons
slam-poème écrit un été indien ...
Depuis plusieurs jours,
les rayons du soleil suspendaient
un linge pur aux couleurs gaies,
entre les branches des arbres arlequins
qui se déshydrataient de paille à rouquins.
L’humanité venait d’emménager en automne,
mais les corps déballaient à tous les coins de rue
les dernières soldes sur les membres court vêtus.
L’humanité venaient d’emménager en automne,
dans une haleine à l’indécence outrancière
pour un début d’oraison.
On venait d’emménager en automne
mais, quoiqu’il fasse trop beau,
l’humanité customisait déjà le ciel
et placardait à son fronton
les rituelles guirlandes de Noël.
Et vraiment, la lumière
tapissant les façades des maisons
d’un abricot californien
on se serait cru sur la côte pacifique,
réduite aux artifices hivernaux
pour venir à bout de l’éphéméride.
Et moi, plus à l’ouest que le temps,
je le passais à l’affut
comme un concierge, à pied ou au volant,
à guetter les allers, comme hier ta venue.
Y avait plus de saison,
mais surtout pas de saison à ton manque.
Alors de tous côtés, je m’attendais
à tomber bouche à nez
sur ton cou tendu
exauçant le voeu
de mes doigts croisés :
celui que toi aussi tu t’évertues
encore un peu
à me chercher.
Est-ce qu’il existait ce côté de la Terre,
où l’on se serait enfin rejoint ?
Où l’on se serait enfin tout dit
avant de se taire
en s’embrassant
dans un même compromis ?
Non, y aurait jamais de saisons à ton manque.
Alors je me moquais bien de la météo.
J’en avais ma claque des nouvelles,
et de toute la clique en pleine défroque
parce que plus détraquée que le temps-même.
Pour moi, y aurait jamais de planque
aux souvenirs, aux regrets : aucun répit.
L’été se prolongerait indien
jusqu’à ce que le dérèglement climatique
règle leur sort à des cons générés humains.
Et qu’il advienne ce qu’il pourrait !
Certainement rien de bien,
vu qu’on avait tout fait pour péricliter
dans cette débâcle, à la fois victimes et assassins.
A dire vrai,
je n’éprouvais aucune crainte.
Une fin du monde me condamnerait
au contraire à l’amnistie !
Qu’elle nous renvoie donc tous d’où l’on venait !
Qu’est ce que j’en avais à faire ?
Dès lors que mon âme en sursis
purgeait déjà une peine à perpétuité
au bagne de mes 4 saisons en Enfer.