Larmes et nuit
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Larmes et nuit
Je m’abreuve à l’eau apaisée par où l’espoir racontait mes chimères. Les paradis insulaires, qu’à l’aube levée je prenais pour danses tribales, s’écrasent au rivage des syrtes comme des mers de souffrance. J’entends les fontaines et les larmes montagneuses et fraîches –et je goûte, salé, le sanglot de mon œil bleu et vermeil, qui se noie, comme une cocarde française à la cornée du monde.
Sur les prés qui gémissent une brume d’automne perce un brin de rosée – la première douleur au réveil. Ouverte comme un bras, elle encercle le soleil froidement aviné, et la brise vagabonde une chanson froide. L’arche est brûlante et sévit de pluie les fantômes de la rue qui passent en trébuchant.
Cette enfance en moi abandonnée, cette goutte et la justice lointaine, sont inondées par le vent, les années et la douleur de l’heure qui meurt à chaque rivière. La mort me chante un air de vie, une prière angoissante, un air de persuasion.
Mon cœur dérive sur des pirogues pointues, traversé d’une lame sans morfil, comme une douleur d’eau, fraîche et claire comme la lune. La mort chante dans la nuit.
Seul le froid de l’acier perdure, ascétique. Je me couche sur l’eau et vois le serpent d’azur. Je n’ai plus qu’une vie en moi, me dit-elle. Je l’embrassai soudain comme la prunelle de l’œil qui perçoit.
La nuit, je reste en moi. J’ai froid comme une douleur dans la peau ; ma douleur est d’hiver et d’acier, et j’aime me souvenir d’autres douleurs, comme des lambeaux de guerre noyés, loin de moi, qui s’enfuient vers d’autres mers.