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Chapitre III : "Le Mystère de l'Île des Noyés"

Chapitre III : "Le Mystère de l'Île des Noyés"

Pubblicato 25 lug 2022 Aggiornato 25 lug 2022 Curiosità
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Chapitre III : "Le Mystère de l'Île des Noyés"

Alors que je suis sur le chemin du retour pour rejoindre Noémie et Théodore, j'observe la végétation. Je la trouvais déjà remarquable, mais il faut avouer que même pour une île, c'est exceptionnel. Soudain, un sentiment m'envahit. C'est une étrange sensation. Un étrange silence. Il me paraissait naturel jusque là, mais soudain, il est dérangeant. Quelque chose ne va pas, je suis certain d'être observé. J'entend une branche se casser. Je me retourne aussitôt en direction du bruit, afin de voir ce qu'il se passe, mais rien. Rien, pas même une bête sauvage. Peut-être était-ce un oiseau ? Je m'approche pour vérifier. 

- Qui va là ? demandais-je, au bénéfice du doute. 

Aucune réponse... En poursuivant mon investigation, je remarque une branche sur le sol. Elle n'est pas énorme, mais elle me parait tout de même trop grosse pour qu'un oiseau ait pu la casser. C'est étrange. L'usure ? Non, quelqu'un était là, c'est obligé. J'aperçois néanmoins d'étranges traces sur le sol, quelque chose semble s'être frotté dessus. Probable que cela soit un effacement de traces. Quelqu'un est forcément passé par ici, ce n'est pas un hasard. Je jette un dernier coup d'œil aux alentours, mais je ne vois personne. Je préfère retourner voir mes compagnons au plus vite, reprenant mon chemin en forçant le pas. Je repars sans me rendre compte un seul instant... Qu'une silhouette armée d'un poignard... Se cachait derrière un arbre. 

Après avoir rejoins mes camarades, je leur explique ce qu'il m'est arrivé. Ils pensent que c'est dû au stress, et je suis plutôt de leur avis. Être coincé sur cette île, même momentanément, ne me rassure pas. Je les informe d'ailleurs qu'un Navire pourrait nous aider à quitter cette île, et il faudra que je fasse de même avec les autres survivants. Je leur fait ensuite part de mes suspicions envers le médecin du village, il a évité le plus possible mes questions. 

- Tu penses qu'il serait de mèche ? demande Noémie. 

- Non, répondais-je, impossible. Il n'aurait pas pu planifier quoi que ce soit, il n'était pas dans le bateau. 

- Peut-être qu'il a demandé à quelqu'un de le faire avant, lance Théodore. 

- En tout cas, continuais-je, il sait quelque chose, ou bien il soupçonne un détail qui a son importance. 

- Quel intérêt aurait-il à tuer des gens, de toute façon ? se demande Noémie. 

Notre réunion fut coupée par une discussion dont le ton semblait monter. Nous allons voir de quoi il retourne au village, et sans surprise, j'aperçois Marcus et Herman. Ils sont aux prises avec un vieillard. Je me dépêche d'aller les arrêter avant qu'il n'y ait un drame. 

- Marcus ! appelais-je, en haussant le ton. 

- Que me veux tu, toi ? Demande-t-il. 

- Que se passe-t-il, enfin ? Laissez donc cet homme tranquille ! 

- Ce vieillard était sur mon chemin. Si cela te pose un problème... 

En apercevant Théodore serrer le poing, Marcus préfère ne pas finir sa phrase. 

- Vous êtes un grossier personnage, insulte le vieillard. 

- La prochaine fois, évitez de rester en travers de notre chemin, réplique Herman. 

- Sinon quoi, gamin ? rétorque le vieillard. Des jeunes comme toi, je pouvais en mater des centaines, dans ma jeunesse ! 

- Ah oui ? Mate donc ça, lance Marcus tout en se préparant à lui asséner un coup de poing. 

A la surprise de tout le monde, ce n'est pas le vieillard qui se prend le coup, mais Marcus. Je lui ai placé un crochet du droit qui le fait reculer. 

- Imbécile ! lançais-je. Nous sommes coincés dans un village qui n'a jamais demandé à nous avoir, ne leur donne pas une raison de nous en chasser !

- Tu veux te battre ? répond Marcus, assisté par son ami. 

- Je vous le déconseille, réplique Noémie. 

Herman tente de s'en prendre à Noémie, sans savoir qu'elle sait se défendre. Il se retrouve à terre en quelques secondes. Ils partent tout les deux ailleurs, promettant une vengeance. Voilà qui nous mettrait au plus mal, que l'île ne veuille pas de nous. Une chance, ce vieil homme n'a pas été blessé. En revanche, j'ai de plus en plus le sentiment que ces deux là pourraient avoir tué le Capitaine... Mais dans quel but ? Pourquoi prendre un tel risque ? Plutôt que de chercher comment il a été tué, il va nous falloir trouver pourquoi. Je n'ai pas entendu de disputes entre eux, de ce fait on peut exclure une éventuelle rivalité. Et puis, même s'ils ont l'air violents, ils ne tueraient pas juste pour un regard de travers. Tant pis, je laisse mes questions de coté pour aller voir le médecin, accompagné de Théodore. 

- Excusez moi, commençais-je. Nous nous sommes croisés, tout à l'heure. 

- Oui ? rétorque le médecin. Je croise beaucoup de gens, vous savez. 

- Nous aurions quelques questions à vous poser, explique Théodore.

- Quel genre de questions ? 

- Parlez vous souvent aux Capitaines des navires qui accostent sur cette île ? demandais-je.

- Oh, très peu, avoue-t-il. Seulement lorsqu'ils ne se sentaient pas très bien et qu'ils avaient besoin de mon aide. 

- Donc vous n'alliez jamais les voir ? 

- Non, je dois rester à disposition du village en premier lieu. 

Je réfléchis... Impossible qu'il ait pu en vouloir d'une quelconque façon à notre Capitaine, donc. Nos deux suspects auraient donc agis de manière autonome. Il me faut percer un dernier mystère. 

- Et, pour en revenir à ma question de la dernière fois... Des corps dont le cœur a été arraché, cela ne vous dit rien ? demandais-je. 

Il se met à hésiter... 

- Et bien, en fait, commençe-t-il en jetant un discret coup d'œil au cimetière, je. . . 

- Docteur ? appelle un homme qui apparait subitement. Je me sens un peu fiévreux, pourriez vous m'examiner ? 

Le médecin hésite de plus belle, puis se rétracte. 

- Bien sûr, entrez, répond le médecin. Navré, le devoir m'appelle. 

Bon sang. J'ai envie de prendre ce fiévreux et de le jeter au beau milieu de l'océan. Nous étions si près d'avoir un indice ! Il allait nous révéler quelque chose, nom de dieu ! De quoi avancer ne serait-ce que d'un pas dans cette affaire ! Théodore aussi est agacé, mais il a remarqué que le médecin avait jeté un coup d'œil furtif au cimetière. Enfin, on ne peut pas en déduire grand chose puisque l'on parlait d'un mort. Lorsque nous retournons expliquer cela à Noémie, elle aussi est déçue de l'arrivée de cet homme, malgré que tout le monde ait le droit d'aller voir le médecin. Celui-ci a juste choisi le pire moment. Nous nous reposons le reste de la journée, puis dormons une fois la nuit tombée. 

Le lendemain, près de la forêt... 

- Fais moi confiance, ça va marcher, lance Marcus, armé d'un pistolet. 

- Tu es sûr de toi ? demande Herman. 

- Oui. Ce vieillard a vécu trop longtemps, de toute façon. Il nous sera utile avant de crever, au moins. 

- Donc le plan est sûr, d'après toi ? 

- Herman, t'en fais pas. On tire sur le vieux, on enterre l'arme quelque part et on dit que c'est les trois trouble-fêtes. Ils sont louches, si tu veux mon avis, surtout que l'autre, là, Adam, ou je sais plus quoi, c'est le dernier à avoir vu le Capitaine vivant. 

- Mais ils disent que le Capitaine a eu une crise cardiaque ? 

- Ils ? Parce que tu les crois ? Leur coffre est remplis d'armes, réfléchis ! Ils ont éliminé le Capitaine et maintenant ils se font passer pour des héros. On tue le vieillard, on les accuse et ensuite on prend le contrôle de l'île. Cela devrait pas être compliqué, ce sont tous des boiteux. 

- Tout de même, remarque Herman, c'est mal de tuer les vieilles personnes. 

- Ce vieux l'a pas volée. Et crois moi, on lui rend service. La vieillesse, ça rend dingue, là c'est de la compassion, qu'on lui offre. 

Une branche craque, non loin d'eux... La panique les gagne. Ils se retournent en cherchant d'où cela peut-il bien venir. 

- Qui va là ?! s'impatiente Marcus.

- Montrez vous ! enchaîne Herman. 

Aucune réponse... Sûrement un oiseau, se disent-ils. Il se met à pleuvoir. Une averse, sans doute. 

- Zut, lance Marcus, cela pourrait couvrir le bruit de tir... Quoique, cela nous laissera le temps d'agir à notre guise. 

Un autre craquement de branche. Plus proche. Herman commence à avoir peur. Marcus, plus confiant, pointe son pistolet en direction du bruit. Une seule balle peut être tirée, il ne veut pas la gâcher. 

- Montrez vous ou bien cela va mal finir ! hurle Marcus, dont la colère augmentait tout autant que la peur, ce qui pourrait diminuer son hésitation à tirer. 

- M... Marcus... ? balbutie Herman, pointant une racine près d'eux qui semblait être écrasée. 

- Que se passe-t-il, ici ? se demande Marcus, cherchant du regard tout être vivant qui pourrait les effrayer à ce point. 

La pluie rafraichit l'air, de la fumée sort de la bouche des deux effrayés. Une troisième fumée apparait au dessus de la racine écrasée. Herman n'arrive pas à produire le moindre son. Seul le tremblement de ses dents avertit Marcus, qui se retourne en découvrant l'origine de sa terreur. La pluie tombe, on peut voir les gouttes rebondir sur la végétation. Mais pas sur celle présente autour de cette racine, écrasée par quelque chose de lourd. Marcus avance timidement le canon de son pistolet vers cette zone. Sa respiration se fait plus paniquée à chaque centimètre. Il tente de se persuader que ce n'est qu'une mauvaise impression, puis... Le canon de son pistolet heurte quelque chose. 

Loin de là, alors que nous étions partiellement réveillés par la pluie, Noémie, Théodore et moi, quelque chose nous oblige à nous lever en sursaut. Un hurlement suivi d'un coup de feu, puis d'un autre hurlement, tout cela complété par des éclairs qui semblaient vouloir déchirer le ciel. Nous n'hésitons pas une seule seconde et fonçons voir de quoi il retourne, tout comme plusieurs personnes. J'ai pris le tromblon et Noémie s'est équipée d'une carabine à verrou. La pluie se calme lorsque nous arrivons sur les lieux des faits. Hélas, il est déjà trop tard. Je reconnais Marcus et Herman, ou plutôt leurs cadavres. Herman semble s'être fait transpercer la poitrine et Marcus, quant à lui, s'est fait ouvrir le ventre. Ses organes internes sont même ressortis. Plusieurs personnes autours semblent choquées, il faut dire que cela n'est pas un spectacle agréable, et cela veut potentiellement dire qu'un danger mortel rôde sur cette île. 

- Je ne pense pas que cela soit une bête sauvage qui ait fait ça, lance Noémie. 

- Pourquoi donc ? demandais-je. 

- Les blessures. Elles sont trop nettes. Son ventre a été coupé, pas déchiré. Et je ne pense pas qu'un animal laisserait passer un tel festin. 

Elle a raison, mais j'espérais qu'elle se trompe. Si ce n'est pas un animal qui a fait ça, c'est forcément quelqu'un. Un autre cri fend l'air : Le vieillard qui s'était brouillé avec eux vient d'arriver. Il est surpris, lui qui était parti se dégourdir les jambes, à son retour on découvre deux cadavres. 

- J'étais sûr que le ciel allait les punir, explique le vieillard, mais je n'espérais pas tant de malheur ! 

- Allons, ne restez donc pas là, ce n'est pas un spectacle pour une personne de votre âge, réplique un homme avant d'aller l'aider à quitter les lieux. 

En cherchant des indices, je remarque l'arme de Marcus. Que faisait-il avec une arme ? Nous sommes près de la forêt, voulaient-ils chasser le gibier ? Pourquoi donc, le cuisinier s'est proposé de nous livrer des plats gratuitement jusqu'à notre départ ? Quoique... Le vieillard était seul et il marchait dans le coin. Leur position peut très bien servir de cachette, auraient-ils tenté de... ? Mais dans ce cas, qui les a empêché d'assassiner le vieillard ? Le meurtrier se trouve peut-être même parmi nous en ce moment, jouant l'innocent. Bon sang, il va falloir se méfier de tout le monde, sur cette île ? Les gens commencent à repartir, afin de nous laisser enquêter. L'enfant qui était monté clandestinement sur le navire est là, lui aussi. Il est assez choqué, mais tient le coup. Je lui demande d'aller chercher le médecin afin qu'il examine les corps. Je vais voir Théodore, qui examinait les environs. 

- Tu trouves quelque chose ? demandais-je, désespéré face à ces situations inexplicables qui semblent de plus en plus nombreuses. 

- Oui, affirme-t-il. Regardes. 

Il me montre une balle usée, au sol. 

- Qu'y a-t-il ? demandais-je, curieux. 

- Elle est très près des corps, je trouve. Elle est à peine à un mètre de Marcus, et je doute qu'il ait tiré par terre, sinon elle se serrait enfoncée. 

- Hum, c'est exact. Quelqu'un aurait donc déposé cette balle ici ? Mais qu'a-t-elle donc heurté ? Et puis, surtout, qui irait chercher une balle manquée pour la déposer devant deux cadavres? 

- Bon sang, il faudrait être complètement fou, lâche Noémie. 

J'examine le sol près des corps en me demandant pourquoi la balle n'y est pas enfoncée. Effectivement, si on avait tiré sur ce dernier, la balle aurait bien été obligée d'y rentrer, ou au moins de l'abimer. C'est en cherchant dans ce sens que je me rend compte d'un autre détail. Le sol est moins humide à un endroit qu'ailleurs. C'est infime, mais on dirait presque que seules les gouttes qui perlent des feuillages au dessus de nous ont arrosé le sol près de cette balle. Je remarque aussi, non loin, une racine d'arbre écrasée à un endroit. D'étranges circonstances entourent leur mort. Le médecin arrive en urgence, en nous demandant de reculer. Il semble très surpris, lui non plus ne comprend pas ce qu'il leur est arrivé. Il sait tout autant que nous que ce n'est pas un animal qui leur a fait ça. 

- Docteur, qu'en pensez vous ? demandais-je. 

- Pour l'instant, avoue-t-il, je ne peux rien affirmer de plus à part que ce n'est pas un animal qui a fait cela. C'est l'œuvre de quelque chose semblable à une lame. Dague, épée, hache, je ne saurais vous le dire. Enfin, je doute qu'une hache puisse transpercer le corps de quelqu'un, comme ce Herman, par exemple. 

- Y'a-t-il des personnes au tempérament sanguin, sur cette île ? demande Noémie, tout en jetant un coup d'œil aux boyaux de Marcus. 

- Non, per... Personne, hésite-t-il, avant de détourner le regard. 

Il a hésité. Il soupçonnerait donc quelqu'un ? Il hésite sur beaucoup de choses, pour un médecin. Il est de plus en plus suspect à nous cacher des choses. Il est temps qu'il nous dise la vérité. 

- Docteur, confrontais-je, cessez de nous mentir ! 

- Pardon ? Demande-t-il, en essayant de paraitre innocent. 

- Vous êtes au courant de quelque chose ! Cela fait déjà plusieurs fois que vous évitez nos questions, cela commence à bien faire ! Connaissez vous quelqu'un qui ait pu faire cela ? demandais-je avec insistance. 

- Non, panique-t-il, je ne sais rien ! Je vous le jure ! 

- Nous n'avons que faire de vos promesses, rétorque Noémie, regardez donc ces deux morts et dites nous que vous n'en savez rien ! 

- Ce... Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ! 

Sa réponse nous coupe un instant... Pas à lui ? Cela veut donc dire que d'autres personnes sont au courant du secret qu'il protège ? 

- Continuez, demande Théodore. 

- Non, balbutie le médecin, non, c'est trop pour moi. 

Il se met à regarder en direction du manoir de la famille Esterion. 

- Eux ? demandais-je curieusement. 

- Essayez donc d'obtenir des informations, me rétorque le médecin. Je n'en dirais pas plus, c'est un fardeau bien trop lourd pour moi. 

Sur ces mots, il retourne au village afin de récupérer de quoi examiner les corps de manière plus approfondie. Hélas, alors que Noémie, Théodore et moi étions concentrés sur le mystère naissant... Une silhouette armée d'un poignard se met à suivre le médecin jusqu'au village dans la plus grande discrétion. 

 

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